Logement indigne : à 68 ans, il vit dans un appartement de moins de 9 m2, son propriétaire ne pensait pas être hors-la-loi

"Un local impropre à l'habitation" de moins de 9m², c'est ce dans quoi vit Madhi B. depuis 12 ans. Mal isolé et manquant d'équipements, ce logement lui avait été proposé par une association qui œuvre dans le social.

Cette année en Occitanie, la Fondation Abbé Pierre constate une augmentation de 13% des logements indignes. Dans son 28ème rapport sur le mal-logement à l'échelle régionale, la fondation pointe du doigt la multiplication des habitats indignes et ce, malgré le souhait des collectivités de lutter contre l'insalubrité.

Au plein cœur du quartier chic de Montpellier, au premier étage d'un petit immeuble, on ne soupçonne pas ce qui se passe.

9 ou 15 m² ?

À l'intérieur, Madhi B., âgé de 68 ans vit dans un logement d'une surface de 15m², selon son bail. Pourtant, selon les services d'hygiène qui sont venus vérifier son lieu de vie, celui-ci mesure 8,6 m² soit moins de 9 m². Or, en France, un logement loué doit obligatoirement avoir une surface habitable de 9 m². Le lieu de vie de Madhi a donc été requalifié de "local impropre à l'habitation de moins de 9 m²".

Cet écart de surface constaté entre le logement et le bail est une erreur reconnue par le propriétaire lui-même : il explique ne pas avoir été au courant de la différence entre "volume habitable" et "surface habitable", ne pensant pas être hors-la-loi lorsqu'il a établi ce bail. 

À l'époque, c'était une association œuvrant dans le social qui avait placé là Mahdi, avec l'accord du propriétaire. 

Vie étriquée

Cette situation mine le moral du locataire. Arrivé en France en 1975, Madhi, originaire du Maroc, est venu étudier la physique-chimie à Montpellier. Après dix ans d'études, il est titulaire d'une maîtrise de physique-chimie. "Je ne suis pas habitué à ça, avant j'habitais la cité universitaire et là je me suis fait avoir", confie-t-il.

Aujourd'hui, à la retraite, il se sent de plus en plus diminué. "Je commence à ne plus réussir à faire de calculs", explique-t-il. Alors pour passer le temps, le sexagénaire répare les téléviseurs qu'on lui confie.

Mal-logement

"L'été il fait trop chaud, l'hiver il fait trop froid, il y a un courant d'air qui rentre tout le temps par la porte d'entrée", montre-t-il a l'équipe de France 3 qui s'est rendue sur place.

Pas de bureau, à la place une petite table de restaurant qu'on lui a donné pour "faire office de". Un volet roulant qui reste à demi-fermé et lui empêche l'accès à son balcon. 

Pour se nourrir, il n'a que deux petites plaques électriques alors il prend ses repas dans Montpellier.

Et pour le ménage, "je n'arrive même pas à le faire", s'exclame Mahdi en mimant le fait de balayer, coincé entre son évier et son lit.

Soutien de la fondation Abbé Pierre

Dans l'attente d'un arrêté de la Préfecture pour "insalubrité", les membres de la plateforme ADLH soutiennent Mahdi afin de l’aider à trouver un logement digne.

Pour le moment, celui-ci ne peut pas quitter son logement actuel, car les prix du marché sont trop élevés.

La fondation Abbé Pierre projette de réhabiliter ces habitations afin que tout le monde puisse avoir un toit décent sur la tête.

Écrit avec Karine Zabulon.

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