Les établissements accueillant des personnes âgées voient se profiler un été de tous les dangers. Avec la période des congés, le manque de personnel se fait de plus en plus sentir. Exemple, dans un Ehpad de Haute-Garonne.
Le manque de personnel soignant dans les Ehpad n'est pas nouveau. Le problème est chronique depuis des années. La dernière enquête du Synerpa Occitanie (syndicat national des établissements, résidences et services d'aide à domicile privés pour personnes âgées) a montré qu'en 2020, sur les 805 Ehpad de la région, il manquerait 700 infirmiers, 2680 aides-soignants et 515 agents de service hôtelier.
Cet été, la situation devient de plus en plus critique. Tous les établissements manquent de personnel et ils peinent à trouver de la main d'œuvre qualifiée. La crise sanitaire du Covid a aggravé les choses et à l'approche des mois d'été, certains directeurs ne cachent pas leur inquiétude.
Aucun CV reçu
C'est le cas de Véronique Gémar, directrice de la résidence Maison Neuve à Villefranche-de-Lauragais et déléguée du syndicat Synerpa en Haute-Garonne. Son Ehpad compte 96 résidents, dont 28 en zones d'accueil "Alzheimer". Elle emploie 36 aides-soignants et cinq infirmiers. Mais sur ces derniers postes, elle n'a que deux titulaires. Les trois autres postes sont assurés par des CDD et des intérimaires. Véronique Gémar ne trouve pas de candidats. Les postes sont à pourvoir mais la directrice n'a reçu aucun CV.
La situation est compliquée. On fait tout pour assurer le bon accueil et la prise en charge de nos résidents. Mais on n'a pas de marge de sécurité au quotidien. Quand une intérimaire ne vient pas le matin, on n'a personne pour la remplacer.
Véronique Gémar, directrice de la résidence "Maison neuve" à Villefranche-de-Lauragais
Des week-ends entiers sans infirmier en juillet, août
La directrice se dit préoccupée à l'approche des vacances d'été. Elle n'a pas refusé de congés à ses salariés mais le planning des prochaines semaines est un vrai casse-tête. Véronique Gémar reconnaît que son équipe est très engagée et toujours volontaire pour aider au mieux, mais elle avoue qu'elle n'a pas trouvé de solutions pour certains week-ends.
On a des week-ends entiers où on n'a (pour l'instant) pas d'infirmier sur juillet et août. On est inquiet.
Véronique Gémar, directrice résidence "Maison neuve" de Villefranche-de-Lauragais
Et les jours de canicule n'arrangent pas les conditions de travail. Même si les Ehpad ont "appris" de l'été 2003 et savent gérer les épisodes de fortes chaleurs, "il faut surveiller les signes de déshydratation et donner régulièrement de l'eau à chaque résident, ça rajoute de la charge de travail sur des journées en tension" constate Véronique Gémar. Certaines préfectures, comme celle du Tarn ont d'ores et déjà déclenché le plan bleu dans tous les Ehpad. Une mesure qui permet notamment la mise en œuvre rapide et cohérente de moyens matériels et humains pour faire face efficacement à une situation exceptionnelle comme l'épidémie de coronavirus ou la canicule.
Une expérience menée en Occitanie
Selon la directrice de cet Ehpad, la formation de personnel soignant est insuffisante. Ce qui n'aide pas un secteur peu attractif, boudé par les demandeurs d'emploi.
Depuis 2020, le Synerpa, Pôle emploi Occitanie et l'Agence Régionale de Santé proposent une formation inédite d'accompagnant en gérontologie aux demandeurs d'emploi qui souhaitent travailler avec les personnes âgées.
A l'issue de trois mois de théorie et de stages pratiques, 85% des volontaires ont signé un CDI. L’expérimentation sur deux ans a démontré toute l’efficacité du dispositif : un taux de retour à l’emploi au-delà des dispositifs habituels de Pôle Emploi avec 88% en 2020.
"Développée de façon massive, cette formation représenterait une réponse rapide à la crise de pénurie de personnel soignant qui prend, tous les jours, de plus en plus d'ampleur et met en péril la sécurité des personnes âgées dépendantes, la qualité de leur accompagnement et la qualité de vie au travail des soignants en poste" explique Véronique Gémar.
