"Même en France, avorter ce n'est pas si simple" : avoir recours à l'IVG en Occitanie, c'est parfois un parcours du combattant

Les députés examinent ce mercredi 24 janvier 2024 le texte de loi pour faire entrer l'Interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution. À l'hôpital Paule-de-Viguier de Toulouse, où l'on pratique environ 700 IVG par an, on constate que l'accès à l'avortement est encore difficile en France, et en Occitanie pour de nombreuses femmes.

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L'Assemblée nationale examine, mercredi 24 janvier, l'inscription dans la Constitution de la liberté pour une femme d'avoir recours à l'interruption volontaire de grossesse (IVG).  En France, près de 200 000 avortements sont pratiqués chaque année, environ 21.000 en Occitanie. Un chiffre à son plus haut niveau depuis 1990. Pourtant, dans la région l'acte reste difficile d'accès pour de nombreuses femmes.

"C'est très hétérogène, assure Nathalie Laurenceau, sage-femme et coordinatrice en maïeutique au CHU de Toulouse. En fonction du terme, du lieu de résidence... L'accès varie énormément."

Un délai rallongé, mais pas partout

Depuis mars 2022, le délai pour avoir recours à l'avortement est passé de 12 à 14 semaines de grossesse (soit 16 semaines après le premier jour des dernières règles). Mais tous les centres médicaux ne le proposent pas. Le service de Nathalie Laurenceau, à l'hôpital Paule-de-Viguier de Toulouse, est le seul site de la ville à proposer des interventions jusqu'à ce terme.

Résultat, "on reçoit énormément de demandes qui ne viennent pas du tout de notre secteur. Si une femme habite Auch, et qu'elle veut avorter à 15 semaines de grossesse, on nous l'envoie. Même en France, avorter ce n'est pas si simple." Le service de la maternité réalise entre 600 et 700 IVG par an. "Une année une femme est venue de Nice pour avorter chez nous, parce qu'elle ne trouvait pas de rendez-vous chez elle."

Les sages-femmes au rendez-vous

"À Toulouse, on a la chance de ne pas être en difficulté pour accueillir les patientes, sauf peut-être aux vacances d'été et de Noël, ou l'organisation est plus difficile", souligne la sage-femme. Sa profession peut d'ailleurs, depuis le mois de décembre 2023, réaliser l'interruption volontaire de grossesse instrumentale en établissement de santé sans intervention d'un médecin.

Une avancée qui est loin d'être parfaite : "On nous soumet des conditions bien plus contraignantes qu'à des médecins généralistes, alors qu'on est mieux formées dans ce domaine en particulier", regrette la coordinatrice. 

D'autant que parmi les médecins, ils sont de moins en moins nombreux à réaliser l'acte. "Si nous, sages-femmes, on ne s'y met pas, ce sera de plus en plus difficile. Beaucoup de jeunes médecins ne veulent pas faire d'IVG, car c'est un acte qui est mal rémunéré. La question "morale" revient aussi chez certains ou certaines, qui préfèrent exercer leur droit de retrait."

Sans anesthésie générale, mais avec discrétion

À Toulouse, une méthode en particulier se démocratise. Les femmes ont le choix entre un IVG médicamenteux, ou par intervention chirurgicale (sous anesthésie générale ou locale). "On a deux médecins qui sont arrivés récemment et qui pratiquent l'IVG par anesthésie locale. C'est une méthode que choisissent de plus en plus de femmes, constate Nathalie Laurenceau. Certaines parce qu'elles y voient un moyen d'assumer leur choix, d'autres parce qu'une heure après elles peuvent repartir, c'est plus facile pour le cacher à leur famille."

Dans certains pays conservateurs on retire ce droit aux femmes, c'est horrible.

Nathalie Laurenceau, sage-femme, coordinatrice en maïeutique

Quant à l'évolution du statut l'IVG, la professionnelle de santé avoue ressentir "une crainte" : "Quand on voit dans certains pays très conservateurs que l'on peut retirer ce droit aux femmes, c'est horrible. Ça m'étonnerait que ça arrive en France, mais en tant que femme on a toujours peur de ça. Est-ce que l'inscription dans la Constitution changerait quoi que ce soit ? Je ne sais pas."

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