Des prévisions météo affinées au kilomètre près, actualisées heure par heure, valable pour quatre jours au lieu de trois : c'est l'objectif à cinq ans de Météo-France grâce au nouveau supercalculateur que l'établissement public vient de mettre en service à Toulouse.
Avec une puissance douze fois supérieure au système actuel, le nouveau supercalculateur, présenté mardi par Météo-France, permet de prévoir le temps aussi bien à quatre jours d'échéance qu'à trois jours aujourd'hui. Avec une meilleure prévision des phénomènes dangereux, en particulier de petite échelle, comme les orages ou les inondations soudaines.
"Nous gagnons un jour de prévision tous les dix ans", explique le directeur de la prévision, Jean-Marie Carrière. Actuellement, les calculs de prévisions sont effectués quatre fois par jour. "Grâce à cette machine, on est en train de passer à huit fois par jour et on espère avant 2016 être capables de recalculer les prévisions toutes les heures", précise-t-il. "Sur des phénomènes évoluant très rapidement, passant de 50 litres d'eau à 200 litres d'eau au mètre carré par exemple, c'est très important de pouvoir ajuster et donner les informations précises aux pouvoirs public qui doivent gérer des secours", développe Jean-Marie Carrière.
Le nouveau système va permettre en outre un "maillage beaucoup plus fin". Il donnera en 2016 un point de calcul tous les 1,3 km, contre 2,5 actuellement, à l'échelle de la France, indique le directeur de la prévision. Météo-France expérimente en outre déjà des "zooms de prévision" à 500 mètres près sur l'agglomération parisienne, ou sur l'aéroport Charles de Gaulle par exemple. Le calculateur permettrait même de prévoir l'emplacement des nappes de brouillard sur telle ou telle piste de l'aéroport, selon Jean-Marie Carrière.
La prévision à l'heure près de mini-tornades qui ravagent parfois un village sur quelques centaines de mètres restera cependant "hors de portée", mais on sera capable "de prévoir un risque de phénomène de ce type à l'intérieur d'un département", a ajouté le responsable des 600 prévisionnistes répartis dans toute la France, dont 90 à Toulouse.
Météo-France compte sur la capacité de ces machines pour pouvoir aussi enrichir son travail sur le changement climatique. "Nous sommes un des rares établissements à développer un modèle complet à l'échelle de la Terre, intégrant l'évolution des masses glaciaires, les changements atmosphériques, la dynamique des grands fleuves. C'est l'un des meilleurs du globe", assure Philippe Bourjeault, directeur de la recherche de Météo-France, à la tête de 300 ingénieurs. Le nouveau système comprend en fait deux ordinateurs français Bull représentant une puissance de calcul multipliée par 12 par rapport aux ordinateurs japonais NEC utilisés jusqu'ici, a précisé Alain Beuraud, chef du projet calcul de Météo-France.