Voilà plusieurs semaines que les orages frappent le sud de la France, et plus particulièrement l'Occitanie. Ces épisodes pluvieux sont une conséquence directe du changement climatique. On vous explique pourquoi.
Depuis plusieurs semaines, les orages s’abattent sur l’Occitanie, entraînant des inondations et de nombreux dégâts. Une situation qui profite aux climatosceptiques, qui prennent un malin plaisir à faire des commentaires sur le réchauffement climatique. Comme en atteste ce tweet : "Les alarmistes sur le réchauffement climatique attendent la fin des orages".
"C’est toujours pareil quand il y a des phénomènes comme celui-ci", rétorque Pascal Boureau, ancien prévisionniste. "Le réchauffement climatique, ce n’est pas que la chaleur et la sécheresse. Il se constate par des observations et analyses scientifiques", explique-t-il, avant de continuer dans sa logique. "C’est comme ceux à qui l’on dit que la terre n’est pas plate. Ils ont tendance à dire qu’eux, ils la voient plate, donc elle est plate".
Orages et températures en hausse
En revanche, comme Pascal Boureau l’explique, le réchauffement climatique et la hausse des températures entraînent des orages. "Plus la chaleur du sol est élevée, plus se dégage d’énergie , et plus il y a des manifestations violentes comme des vents violents, des orages fréquents et des pluies diluviennes." Si les orages ne sont pas des phénomènes exceptionnels durant le mois de juin, leur fréquence et leur intensité, eux, le sont et marquent le changement climatique. En effet, l’air chaud contient plus de vapeur d'eau. Ce surplus d’eau aboutira logiquement à des pluies orageuses intenses.
Pour Pierre Cadiou, météorologue à Météo-France, "cette série est exceptionnelle" avec "trois semaines consécutives pendant lesquelles les orages s'enchaînent". Le spécialiste avoue "ne pas avoir l’habitude" d'un tel épisode et "trouve même cela curieux". Il justifie cette période par un blocage. "L'anticyclone arrive de l'Angleterre avec énormément d'air chaud dans les basses couches. Le risque d'orage est donc plus important, même si on arrive à la fin de cette période de blocage."
+2.2 degrés pour la température normale à Toulouse
L’ancien prévisionniste revient sur des chiffres qui témoignent de la hausse des températures :
- Dans les années 60, la température normale à Toulouse était de 12.6°C,
- Ces 30 dernières années, la température normale était de 14.2°C,
- Sur la dernière décennie, entre 2010 et 2020, elle était de 14.8°C.
Soit au total une hausse de 2.2 degrés de la température normale à Toulouse. Pascal Bourau alerte sur nos comportements et compare la Terre à sa jumelle Vénus. "Venus, qui a une atmosphère composée majoritairement de CO₂, a une température de surface de 400 degrés. Ce qui montre le lien entre la quantité de gaz carbonique et la hausse de la température. Ce n'est pas le cas chez nous, mais il va falloir se calmer sur les gaz à effet de serre."
Les orages ne remplissent pas les nappes phréatiques
Ces orages ont cependant un point positif. "Il n’y a plus de sécheresse des sols. Ces précipitations intenses ont fait remonter les réserves d’eau dans les lacs, ce qui prédit une situation moins difficile pour cet été, même s’il est très chaud", déclare Pascal Boureau. En revanche, pour les nappes phréatiques, la situation ne s’arrange pas. "Les pluies sont si fortes que cela entraine des ruissellements et il n’y a donc que très peu d’infiltration dans les nappes phréatiques. Il n’y a qu’une très légère augmentation du niveau des nappes", confirme-t-il.
En conclusion, si les orages ont toujours existé à cette période, leur fréquence et leur intensité sont nouvelles et témoignent du changement climatique. Une partie du département est encore en vigilance jaune orages, pour cette soirée du 14 juin 2023.