Métro à Toulouse : les travaux de la ligne C ont commencé, l'opposition demande des comptes

Ce jeudi 15 décembre, les premiers tours de foreuse ont été donnés dans le quartier des 7 Deniers à Toulouse, non loin du Stade Toulousain. Une manière symbolique de lancer les travaux de la ligne C alors que la polémique enfle sur le coût des travaux et sur le retard pris par la 3e ligne toulousaine.

Un coût qui est estimé pour l'instant à 3,4 milliards, une mise en service peut-être retardée (2030?), la ligne C du métro toulousain fait face à des difficultés. Le conseil syndical de Tisséo réunit le 14 décembre a donc fait part des nouvelles données sur ce dossier alors que l'opposition et le conseil départemental demandent des comptes. C'est le deuxième plus gros chantier en France après celui du "Paris Express", le projet de transformation du réseau de transport francilien

Les travaux ont commencé le 15 décembre 2022

Après 2 ans de travaux préparatoires, le chantier pharaonique de la 3e ligne de métro à Toulouse a donc débuté ce jeudi matin. "On démarre en 2013 avec une idée lancée par Jean-Luc Moudenc. Il y a eu tout ce chemin juridique qui nous amène aujourd'hui avec le calendrier que nous avions fixé : début des travaux en décembre 2022." Jean-Michel Lattes, le président de Tisséo se veut rassurant. Celle ligne C reliera le Nord-Ouest et le Sud-Est de la ville. C'est donc proche de l'échangeur des Minimes, juste à côté des infrastructures du Stade Toulousain, que les premiers bruits de foreuse ont retenti. Non loin de la passerelle chère aux supporters rouge et noir, la foreuse va creuser dans un premier temps l'un des puis d'aération qui permettent d'évacuer l'air du tunnel entre 2 stations.

Les travaux devraient durer au moins 6 ans pour une livraison prévue fin 2028, voire même plus loin. Selon le premier adjoint Jean-Michel Lattes, il y aura 6 mois de marche à blanc pour tester le dispositif.

En tout, une quarantaine de gros chantiers vont se succéder pour réaliser tous les travaux de la ligne C qui s'étend sur 27km et pour la connecter aux autres réseaux de transport. 

Le chantier a été divisé en 5, avec l'intervention de 5 tunneliers qui devraient rentrer en action en 2023, au moment où tout va s'accélérer. Ce sont les tunneliers du chantier N°1 (le Paris Express) qui viendront de Paris pour effectuer les travaux.

Il y aura 21 stations sur ce tracé effectué sur des profondeurs allant de 20 à 35 mètres. La ligne C passera sous les lignes A et B existantes. À noter que le diamètre du tunnel sera plus large que les précédents (10 mètres contre 7,5m).

L'opposition demande des comptes

Alors qu'un premier recours d'associations de protection de la nature et des animaux comme "Les Amis de la Terre" a été rejeté il y a quelques jours, les opposants politiques donnent aussi de la voix. 

Le groupe d’opposition Alternative Métropolitaine Citoyenne (AMC) demande des comptes. Dans une note adressée aux médias et aux citoyens, les opposants doutent d'une mise en service fin 2028. Selon eux, la ligne C ne sera pas ouverte avant 2030.

À la pointe de la contestation de gauche, le maire de L’Union Marc Péré. Chiffres à l'appui tirés de la quatrième étude de soutenabilité budgétaire, lui et le groupe d'opposition pointent une dérive financière prévisible. À l'instar du Téléo dont le surcoût a été de 18%, les travaux largement plus conséquents de la ligne C connaîtraient une flambée, en raison notamment du surcoût des matières premières.  

Le projet annoncé en 2017 faisait état de 2,7 milliards d'euros. Nous serions désormais plus proches des 3,4 milliards. Chez Tisséo, Sacha Briand (membre du comité syndical et vice-président de la Métropole aux Finances) parle d'un surcoût qui pourrait atteindre les 20 m€ par an. "Hier mercredi, se tenait le conseil syndical avec des élus de tous bords, déclare Jean-Michel Lattes. Ils ont dit qu'ils avaient 20% d'augmentation sur leurs collèges, leurs lycées, les routes... C'est le même ratio pour nous avec +20%. C'est un chantier hors normes, financé sur 50 ans. Le conseil a voté à l'unanimité. Il n'y a pas eu de voix dissonantes sur l'engagement de ce chantier."

En janvier Sacha Briand présentera la 5e version de ce dispositif. 

La ligne C va t-elle plomber les autres réseaux de transport ?

Autre polémique lancée par l'opposition de gauche, ce chantier colossal plomberait le financement et le développement des autres modes de transport en commun : bus, tram...

La note transmise par l'AMC parle de "la fin des investissements sur les bus et les tramways, dont le budget passe de 200 M€ à 28M€". Et de pointer également des économies de maintenance sur ces réseaux pour faire face au financement très lourd de la ligne C. Selon le communiqué, "la soutenabilité même du projet est en jeu. Nous ne voulons pas faire face aux mêmes difficultés que celles que connaît l’Ile de France avec ses transports. Nous alertons donc Tisséo et Toulouse Métropole sur plusieurs points, avant qu’il ne soit trop tard."

Selon les élus de gauche, une enveloppe de 70 M€ a été supprimée pour la maintenance. Tisséo prévoit d'emprunter d'ici 2028 3 milliards d'euros pour financer la 3e ligne. La dette de la régie de transport serait de 3,6 milliards en 2028, l'équivalent de 5,3 années de recettes prévues en 2028. 

Marc Péré et d'autres élus relèvent aussi des erreurs dans les comptes. Dans le nouveau document de synthèse de Tisséo, plusieurs lignes budgétaires auraient disparu par rapport au précédent, pour une somme globale de 377 M€. Un argument balayé par Tisséo qui reproche aux opposants de faire de la polémique pour la polémique. 

Pour y voir plus clair, l'opposition de gauche demande un audit indépendant sur cette étude de soutenabilité budgétaire. Selon eux, ce "financement représente un risque financier pour les générations à venir."

Le chantier ne fait donc que commencer. Il devrait occuper pendant de longs mois l'actualité toulousaine. 

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