Cinq ans après le lancement du programme mixité sociale dans les collèges de Haute-Garonne, la fondation Jean Jaurès dresse un premier bilan positif. Les élèves autrefois scolarisés dans des établissements en zone prioritaire sont 20% de plus à avoir obtenu leur brevet.
En décembre 2016, le plan pour la mixité sociale dans les collèges était lancé par la ministre de l'époque Najat Vallaud-Belkacem. Depuis, 17 départements ont initié des politiques publiques locales pour lutter contre les inégalités et la ségrégation sociale dans les collèges. Cinq ans après, l’expérience menée en Haute-Garonne semble réussir.
Adhésion des familles
Selon la Fondation Jean Jaurès, les premiers résultats sont réellement encourageants, aussi bien en termes scolaires qu’en termes sociaux. Marine Calazel, conseillère du président du département de Haute-Garonne, explique que "cet encouragement se mesure d’abord à l’adhésion des familles. En effet, depuis le lancement du programme, les familles concernées ont très majoritairement respecté leur nouveau secteur d’affectation. À la dernière rentrée scolaire, les taux de respect de la nouvelle carte scolaire ont atteint 75% (secteur Raymond Badiou) et 78% (secteur Bellefontaine), contre un taux moyen global de respect de 60% à Toulouse".
De meilleurs résultats
Concernant les résultats scolaires, deux cohortes d’élèves à avoir bénéficié de ce dispositif ont passé le diplôme national du brevet (DNB) en juin 2021 et en juin 2022, soit après quatre et cinq ans de mise en œuvre.
Leurs résultats sont nettement supérieurs à ceux de leurs aînés, autrefois scolarisés au collège Badiou dans le quartier du Mirail : 63% des élèves en 2021 et 70,6% en 2022 ont obtenu leur brevet là où la proportion n’était que de 50% de réussite pour les élèves scolarisés au collège Badiou (+ 13 points).
Plus d'orientation en filière générale
Quatre élèves sur cinq ont choisi d’entrer au lycée du secteur rattaché au collège d’accueil. Plus de la moitié ont choisi une orientation en filière générale :
– 54,1% sont entrés en seconde générale et technique (contre 52,4% en 2021) ;
– 33,8% sont entrés en seconde professionnelle (contre 35% en 2021) ;
– 3,8% sont entrés en CAP (contre 7% en 2021) ;
– 3,8% ont redoublé (3% en 2021).
Au delà de la réussite scolaire
Isabelle Bertolino, doctorante en sciences de l’éducation, étudie les enjeux de socialisation des élèves. Un travail de recherche, auquel 60 personnes (élèves, parents, enseignants, associations de quartier) participent depuis le début du projet.
Son rapport définitif d’évaluation sera rendu au printemps 2023. Toutefois, des tendances se dégagent :
– le sentiment d’appartenance des élèves à leur établissement d’accueil
– le recours aux réseaux d’entraide entre élèves
– l’autonomie des élèves dans les moyens de déplacement
– l’ouverture culturelle
Le réel effet positif d’ores et déjà visible est donc l’autonomie acquise par les élèves du Mirail qui ont appris la mobilité ; cette mobilité qui donne la liberté de choisir et de se sentir libre d’aller partout et d’envisager pour l’avenir de vivre ou travailler en dehors de son quartier.
Isabelle Bertolino, doctorante en sciences de l'éducation
Cinq ans après le lancement du programme en Haute-Garonne, le nombre de collèges classés réseau d’éducation prioritaire renforcé a baissé, passant de 5 à 3.