La présidente de l'association "Syrien ne bouge, agissons" lance ce lundi sur France 3 un appel aux familles d'Occitanie dont les enfants se sont perdus dans le djihadisme et ont franchi le pas du départ en Syrie.
Combien sont-ils en Occitanie ? Combien de familles ont-elles vu un fils, une fille, disparaître du jour au lendemain puis ne plus donner signe de vie pendant des mois avant de comprendre que cet enfant est parti un jour en Syrie pour combattre aux côtés de Daesh ?
Combien de familles emmurées dans la peine et le silence, condamnées à souffrir sans savoir que d'autres pourraient leur tendre la main ?
C'est parce qu'elle a vécu cette situation que Dominique Bons est légitime pour lancer un appel à ces familles. En 2013, son fils Nicolas et son beau-fils Jean-Daniel, convertis à l'islam radical, sont partis de Toulouse vers la Syrie. Ils y sont morts tous les deux. Présidente de l'association qu'elle a créé ensuite "Syrien ne bouge, agissons", Dominique Bons lance ce lundi 12 novembre, sur France 3, un appel aux familles de la région Occitanie :
Je lance un appel aux familles d'Occitanie touchées par l'enrôlement de leurs proches dans une mouvance djihadiste à nous rejoindre. Le but de ma démarche étant de nous unir, nous réunir, parler. Nous sommes les dommages collatéraux d'une situation qui nous dépasse et ne voulons plus être stigmatisées, délaissées. Nous méritons mieux par rapport à la souffrance que nous endurons ainsi que les conséquences désastreuses liées à cet état de fait. Ensemble, nous serons plus forts, ensemble nous pourrons agir. Je compte sur vous tous. N'hésitez pas à me contacter par le biais de mon association. (Dominique Bons)
Depuis qu'elle a lancé son association, après l'annonce de la mort de son fils début 2014, Dominique Bons a regroupé 150 familles confrontées au départ et/ou à la mort d'un fils ou d'une fille. Très peu, une poignée seulement, dans sa région.
Cette maman se bat tous les jours pour la prévention mais regrette que les services de l'Etat en région, et particulièrement à Toulouse, montrent une certaine frilosité vis-à-vis des familles.
Bien-sûr, il y a le numéro vert créé par le gouvernement (0 800 005 696) et la plateforme de signalement de la radicalisation mais selon Dominique Bons, c'est insuffisant pour les familles : "Il s'agit de plateformes de signalement ; il n'y a aucun soutien, même psychologique pour les familles. Or c'est un gros choc. Quand ça vous arrive, quand ça vous tombe dessus sans prévenir, vous tombez de haut !".
Et puis il y a aussi les critiques, insidieuses, adressées aux familles : vous n'avez rien vu, vous êtes en partie responsables... Des critiques qui conduisent souvent les familles à l'isolement.
Du fait des défaites militaires sur le terrain, Daesh est affaibli et les départs en Syrie sont aujourd'hui plus rares et plus difficiles. Mais certaines familles ont encore leurs enfants sur place. Voire des petits enfants, nés en Syrie, qu'elles ne connaissent pas encore. Le retour en France sera compliqué.J'ai l'espoir de dire que si on est unis on arrivera à un meilleur résultat. Il faut impliquer les familles dans la prévention, les réunir pour les sortir de la détresse, échanger des contacts pour aider et vaincre l'isolement. Redonner de l'espoir. Même si je sais qu'on ne fera pas de miracle (Dominique Bons)
Les autres ont su, comme Dominique Bons un jour de janvier 2014, par un simple SMS, que leur fils était mort dans une opération kamikaze. Leur souffrance est elle toujours d'actualité. "Je souffre, mais je bats", conclut Dominique Bons.