Garder la flamme sans s'enflammer: l'équipe de France, soulagée par sa démonstration jeudi face aux Pays-Bas (4-0) qui l'a approchée du Mondial-2018, doit désormais se remobiliser face au modeste Luxembourg et entretenir son élan offensif, dimanche à Toulouse (20h45).
Les Bleus ont repris leur fauteuil de leader du groupe A et leur destin en mains, avec désormais trois points d'avance sur la Suède, qui les a favorisés en perdant en Bulgarie (3-2) et qui jouera dimanche au Belarus. Bref, un bond au classement et du baume au coeur.
Jeudi, c'était tout bénéfice, mais de l'humilité ne serait pas du luxe: il ne s'agit pas d'écraser les Oranje, finalement moins forts qu'annoncé, pour ensuite caler face aux "Roud Léiwen" (Lions rouges) parce qu'ils seraient plus mordants que prévu.
"Bravo à tous, à ceux qui sont rentrés aussi. Mais on en a un (match) dans trois jours, hein! Je sais, je suis là pour vous alerter et il vaudra aussi cher. Pensez-y!", a ainsi dit Didier Deschamps à ses joueurs dans le vestiaire du Stade de France à l'issue du carton sur les Néerlandais.
Mbappé et Lemar ensemble ?
"Il y a trois points qui se présentent à nous, qui seront aussi importants. Ce n'est que le Luxembourg, mais ça n'avait pas été simple là-bas et il a battu ce (jeudi) soir le Belarus" (1-0), avait enchaîné le sélectionneur face à la presse.
Car le 25 mars dans le Grand-Duché, il y avait match nul 1-1 à la mi-temps, avant que les Bleus ne s'imposent finalement 3-1, avec un doublé d'Olivier Giroud et un penalty d'Antoine Griezmann.
C'est là-bas que Kylian Mbappé avait étrenné sa première sélection. Le prodige de 18 ans, qui vient de marquer son premier but en équipe nationale pour sa cinquième cape, sera-t-il titularisé, avant sa présentation officielle par le PSG mardi prochain? Et éventuellement associé au subtil Thomas Lemar, héros du 31 août avec son doublé et dont la nouvelle dimension menace sérieusement le statut de l'absent Dimitri Payet sur le côté gauche ?
Le néo-Parisien et le toujours Monégasque, aux automatismes nés de leur saison 2016-2017 commune à Monaco, pourraient avoir dans la Ville rose une belle occasion de gonfler leurs statistiques et ainsi approfondir leur entrisme dans le onze.
Dans l'équilibre entre expérience et fraîcheur, Deschamps a longtemps privilégié la première qualité, si bien qu'au sein du petit monde des Bleus, la confirmation provient de la régularité. Mais le sélectionneur, en grand pragmatique, semble faire bouger le curseur pour laisser la jeunesse haut de gamme s'épanouir en Bleu, en lui donnant du temps de jeu - sans pour autant leur lancer des fleurs.
Rotation: quelle ampleur ?
Dans diverses proportions, il fait traditionnellement tourner son équipe d'un match à l'autre quand ils sont aussi rapprochés, a fortiori quand le standing adverse baisse d'un ou plusieurs crans, tout en conservant une ossature. Son dilemme sera d'injecter du sang frais sans pour autant enrayer la dynamique née ce jeudi, et qui avait été amorcée face à l'Angleterre en match amical à la mi-juin (3-2) quelques jours après le coup de froid suédois (revers 2-1). Un subtil dosage en perspective. Il peut puiser parmi les joueurs entrés jeudi en fin de match (les attaquants Lacazette, Fekir et donc Mbappé) ou qui ne sont pas apparus (les gardiens Mandanda et Areola, les latéraux Jallet et Digne, les défenseurs centraux Kimpembe et Zouma, les milieux Matuidi, Rabiot et Tolisso, et l'ailier Thauvin).
L'enjeu sera de faire preuve d'efficacité sans attendre un carton rouge chez l'adversaire pour que ça se décante. C'est parfois le péché mignon des Bleus: une nette domination qui n'accouche d'aucun but. Et cela peut d'autant plus se produire face à une nation peu huppée comme le Luxembourg, prototype de l'équipe prompte à s'arc-bouter sur ses bases et défendre en mode forteresse.