Mort d'un joggeur tué par un ours en Italie : le débat relancé dans les Pyrénées

L'Italie envisage de déplacer un grand nombre d'ours de la région du Trentin (nord) vers d'autres régions après la mort la semaine dernière d'un joggeur tué par un plantigrade. Dans les Pyrénées, les anti-ours redoutent eux-aussi un accident.

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L'Italie envisage de déplacer un grand nombre d'ours de la région du Trentin (nord) vers d'autres régions après la mort la semaine dernière d'un joggeur tué par un plantigrade, a annoncé mardi le ministre de l'Environnement.

Selon les autorités locales, une centaine d'ours bruns peuplent aujourd'hui les zones montagneuses et boisées de la province autonome du Trentin alors que le plan de réintroduction lancé à la fin des années 1990 n'en prévoyait que la moitié environ.

Des abattages d'ours à l'étude en Italie

Si de rares rencontres entre l'homme et l'animal sans conséquences graves se sont produites depuis lors, la mort le 5 avril d'un joggeur de 26 ans tué par un mâle a provoqué la colère des habitants et des édiles locaux.

L'ours responsable de la mort d'Andrea Papi a été identifié grâce aux prélèvements génétiques effectués sur le corps de la victime et va être abattu. Les services de gestion de la faune étudient également l'abattage d'autres individus susceptibles de représenter un danger immédiat pour les populations.

Une trentaine d'ours slovènes en Ariège

Le drame ravive le débat sur la présence de l'ours, notamment en Ariège où une trentaine d'ours slovènes (comme en Italie) ont été réintroduits dans les années 90. Le maire d'Ustou (Ariège) est inquiet.

Dans le Couserans où il y a une forte concentration d'ours, on dit que ça va arriver aussi. On a eu des alertes, un chasseur, un randonneur et un berger qui ont été coursés.

Alain Servat - maire (PS) d'Ustou (Ariège)

Les anti-ours estiment que l'émotion est légitime, mais ils préfèrent attendre les résultats de l'enquête en cours en Italie. C'est le cas par exemple du FIEP groupe ours Pyrénées, une association de protection de la nature : "L'enquête encore en cours, impliquant de nombreux spécialistes, dont biologiste et éthologue, permettra peut-être de démêler les circonstances de cette attaque. Il est en effet important de pouvoir déterminer dans la mesure du possible les raisons du comportement de l'ours impliqué, afin d'améliorer les mesures de prévention."

Des randonneurs rencontrés dans les Pyrénées dans le secteur d'Ustou sont plutôt fatalistes mais pas forcément inquiets. "Je sais que l'ours est présent mais je n'y pense pas".

Côté italien, le ministre de l'Environnement, Gilberto Puichetto, et le président de la province, Maurizio Fugatti, sont convenus mardi lors d'une réunion à Rome d'étudier "un plan de déplacement de masse  des ours du Trentin vers d'autres régions] avec le maintien dans la province du Trentin d'un nombre d'individus acceptable".

Ils considèrent que la population d'ours sur ce territoire est trop dense et fait peser un risque croissant sur la population, mais ils n'ont pas précisé combien d'ours pourraient être déplacés ni dans quelles régions de l'Italie ils seraient répartis.

Premier drame en Italie depuis 150 ans


D'ici là, les forces de l'ordre locales pourraient être dotées de "répulsif anti-ours", ont-ils souligné dans un communiqué. Le ministre de l'Environnement s'est engagé à en discuter avec son collègue de l'Intérieur. Il y a entre 120 et 200 ours en Italie, essentiellement dans le Trentin et les Abruzzes (centre). La mort d'Andrea Papi, 26 ans, est la première tragédie de cette nature recensée depuis au moins 150 ans.

La confédération agricole Coldiretti a appelé mardi à l'adoption d'un "plan national de gestion de l'ours, du loup et du sanglier". "Le risque est la disparition de l'homme dans les montagnes et les régions intérieures du fait de l'abandon de milliers de familles et de tant de jeunes qui sont revenus à la terre pour restaurer la biodiversité par la relance de races historiques de vaches, de chèvres et de moutons", a-t-elle indiqué dans un communiqué.

"Déplacer les ours, où ?"

L'ONG environnementale Legambiente dénonce au contraire "une gestion par la peur" des difficultés de cohabitation entre l'homme et les espèces sauvages, et des "hypothèses farfelues" pour les résoudre. "Déplacer les ours? Où? On ne peut pas déplacer comme ça un animal sauvage né sur un territoire donné", a réagi Antonio Nicoletti, responsable des aires protégées et de la biodiversité de l'association, interrogé par l'AFP.

N. Albrand avec AFP

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