Moustique. "4 ans que je n'ai pas mangé dehors." Marc de café dans le jardin, raquettes électriques au cimetière, le calvaire des habitants de Toulouse :

Encore très nombreux, les moustiques tigres polluent le quotidien des Toulousains comme autour du plus grand cimetière de la Ville, Terre-Cabade. Municipalité et Métropole envisagent d'étendre leurs dispositifs de lutte.

Elisabeth n'en peut plus. Cette habitante de Lardenne, quartier de l'ouest de Toulouse en Haute-Garonne ne sort plus l'été. Et pas davantage en ce début du mois d'octobre. Plus de déjeuner ni de dîner sur sa terrasse. 

Des chaleurs favorables à la prolifération des moustiques

"Cela fait 4 ans que je n'ai pas mangé dehors. On se fait piquer sans arrêt ...Sauf quand il y a un peu de vent, là, on peut sortir". Un comble pour cette retraitée qui adore jardiner. Elle guette le moindre point d'eau pouvant faire office de gîte larvaire. 

La retraitée de 77 ans essaie de nouvelles astuces. "J'achète un café à bas coût, et je le fais brûler dehors. La forte odeur qui s'en dégage ne plaît pas aux moustiques. Ça sert de répulsif, mais au bout d'un quart d'heure, ils reviennent. Sinon, j'ai posé des moustiquaires quasiment partout. Et j'utilise, la raquette électrique." Un brin découragée, Elisabeth commence à donner ses plantes. Les chaleurs exceptionnelles qui se prolongent en ce début d'automne sont favorables à la prolifération des moustiques, en particulier tigre, vecteur potentiel de maladie comme la Dengue, le Zika, ou le Chikungunya. 

A 10 km de là, plus à l'est, en plein coeur de la Ville rose, Reine-Marie Saury, vient avec son ami entretenir les quatre tombes de sa famille au cimetière Terre Cabade. 

En gilet, pantalon et baskets, "et même avec du répulsif sur le visage", lance cette habitante de Castelnau d'Estrétefonds qui vient dès qu'elle peut. Coup de balai, arrachage de mauvaises herbes. En l'espace de 5 minutes, une nuée d'une vingtaine de moustiques se met à rôder autour de nous, pendant que nous discutons. Que des tigres. Ils tentent de nous piquer à travers le pantalon ou encore sur le visage.

Du sable mis à disposition dans les cimetières

"Il n'y en avait pas autant avant, témoigne-t-elle. Je ne mets que des fleurs artificielles, car on ne vient pas souvent et cela évite de mettre de l'eau." Peu de fleurs fraîches habillent les caveaux et les soucoupes. Depuis quelques années, la mairie met à disposition du sable et les particuliers en garnissent leur coupelle avant d'y mettre de l'eau. Mais cela reste insuffisant, surtout en cas de pluie.

Même les professionnels qui travaillent au sein de cet immense site de 33 hectares le constatent. Cela est devenu intenable. C'est aussi de ce secteur de la Ville que les plaintes de riverains sont les plus nombreuses selon la municipalité. Pour protéger ses agents, la collectivité leur fournit des répulsifs. Et certains ne sortent pas assister à une cérémonie sans leur raquette électrique personnelle. "On sait que les nids sont au cimetière, confirme Anne-Sophie Dos Santos, salariée de la marbrerie Lavos, située à côté de l'entrée du cimetière. Cette entreprise familiale est spécialisée dans la pose et dans l'entretien des tombes. 

Eviter le moindre réceptacle pouvant servir de gîte larvaire

"J'y suis allée la semaine dernière pour une plantation sur une tombe. Et j'en suis ressortie rouge de piqûres. Ils sont vraiment voraces." Pour la jeune femme, comme pour les riverains du quartier, les moustiques sont plus nombreux depuis quelques années", souligne Anne-Sophie. À l'approche de la Toussaint, elle s'attend à devoir planter des Chrysanthèmes. "Certains de nos clients respectent encore cette tradition", confie la professionnelle consciente qu'il faut éviter tout réceptacle pouvant servir de gîte larvaire. 

Croisée dans le quartier avec son chien, Christel, 55 ans, qui habite là depuis 12 ans, a constaté cette dégradation. "Cela fait 5-6 ans que l'on est envahi, soupire-t-elle. C'est rageant de s'enfermer avec la clim, et ce n'est pas très écolo. Pour couper les haies, mon mari s'habille intégralement. On a mis des appareils électriques qui absorbent les moustiques, mais cela doit être aussi collectif et c'est un investissement.

Pour améliorer la lutte anti-moustique, municipalité et Métropole veulent multiplier les dispositifs. Pièges pondoirs, bornes dotées de capteurs de CO2. Ces dispositifs sont en place près de certaines écoles maternelles et de crèches. 14 autres bornes devraient prochainement être posées aux abords du cimetière. "On a pris un peu de retard, mais on doit déterminer les emplacements de leurs implantations la semaine prochaine, car ils seront alimentés au solaire", confirme Ghislaine Delmond, élue à la mairie en charge des 11 cimetières toulousains.

80% des moustiques concernent le domaine privé 

Conciente du problème à Terre Cabade, elle assure que le cimetière, ancien, aux tombes parfois peu espacées, est bien entretenu. "Nous faisons appel à une société privée qui effectue 4 à 5 passages par an pour couper l'herbe entre avril et novembre. La collectivité a en charge l'entretien du cimetières des allées et inter tombes. Mais nous ne pouvons pas intervenir sur les tombes, sauf quand, par exemple, il y a du lierre qui s'est trop répandu." 

 "C’est à chacun de vérifier qu’il n’y ait pas de coupelles d’eau dans sa jardinière, de lutter contre la moindre petite poche d'eau où la femelle pourrait pondre ses œufs. "

Françoise Ampoulange, élue en charge de la lutte anti-moustique

La lutte contre les moustiques prend son envolée dès le printemps. "Nous avons 80 gîtes larvaires (bassins d'orage, petites retenues d'eau) à Toulouse sous surveillance que nous traitons dès le printemps avec des produits biocides qui n'ont pas d'impact sur l'environnement, mais efficaces contre les larves", assure Françoise Ampoulage. 

Pour l'élue en charge de la lutte anti-moustiques, il faut accentuer la communication et la pédagogie auprès des citoyens. "80 % de la population de moustiques concernent le domaine privé. C’est à chacun de vérifier qu’il n’y ait pas de coupelles d’eau dans sa jardinière, de lutter contre la moindre petite poche d'eau où la femelle pourrait pondre ses œufs. " Un discours auquel les Toulousains, qui se calfeutrent de plus en plus aux beaux jours, ont encore parfois du mal à être réceptifs.

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