Le moustique-tigre est en train de proliférer à travers l'Hexagone et avec lui les maladies qu'il transmet : la Dengue, le Zika et le Chikungunya. En Haute-Garonne, 13 cas de ces cas d'arbovirose ont été recensés depuis mai 2023. Le réchauffement climatique va favoriser l’expansion de ces pathologies qui pourraient "devenir des problèmes de santé publique en métropole".
Les opérations de démoustication se multiplient depuis plusieurs jours dans l'agglomération de Toulouse (Haute-Garonne). Dans le courant de la semaine, pas moins de neuf actions de pulvérisation d'insecticides ont été réalisées sur la Métropole. Elles sont à chaque fois, le signe qu'une personne a contracté la Dengue, le Chikungunya ou le Zika. D'autres démoustications sont déjà programmées dans les prochains jours.
Un risque qui ne peut être que "diminué" ou "retardé"
Ces maladies, appelées arboviroses, transmises par le moustique tigre, sont appelées à se multiplier ces prochaines années dans l'Hexagone. L'Aedes albopictus est bien installé sur les deux tiers sud du territoire et ne cesse de proliférer. "C’est un risque que l’on ne peut que diminuer ou retarder mais auquel on sera confronté", soulignait Brigitte Autran, présidente du Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars) en avril dernier.
La majorité des cas sont "importés" (des personnes infectées au cours d'un voyage) mais comme beaucoup d'entre-elles sont asymptomatiques, leur est sûrement beaucoup plus important.
L'apparition de cas "autochtones" et le réchauffement climatique vont favoriser l’expansion de ces pathologies et les risques d'épidémie au cours des prochaines années. Au point où ces maladies pourraient "devenir des problèmes de santé publique en métropole".
Les premiers cas autochtones étaient des cas de chikungunya, et les premiers cas autochtones de dengue ont été observés à Nice en 2010. Depuis, la France rapporte des cas ou foyers autochtones de dengue récurrents. Il y a également eu 3 cas de Zika en 2019. En 2022, si le nombre de cas importés d’arboviroses est resté faible, on observe une explosion de transmissions autochtones par rapport aux années passées : 65 cas autochtones de dengue ont ainsi été recensés en 2022 (PACA, Occitanie et Corse) et 272 cas importés. Cette évolution pourrait être facilitée dans les années à venir par l’expansion territoriale du vecteur Ae. albopictus.
Comité de Veille et d’Anticipation des Risques Sanitaires (COVARS)Rapport du 3 avril 2023 sur les risques sanitaires de la dengue et autres arboviroses en lien avec le changement climatique
La Dengue, le Chik, le Zika : des arboviroses
Dengue : La dengue est une maladie avec différents symptômes selon l'âge et le nombre de fois où on l'a eu. Lors d'une première infection, les enfants peuvent ne présenter aucun symptôme, mais donner des signes légers chez les adolescents et les adultes. En cas de deuxième contamination, les effets de la maladie peuvent s'avérer plus graves. La dengue se manifeste brutalement après 2 à 7 jours d’incubation par l’apparition d’une forte fièvre souvent accompagnée de maux de tête, de nausées, de vomissements, de douleurs articulaires et musculaires et d’une éruption cutanée ressemblant à celle de la rougeole. Au bout de 3 à 4 jours, une brève rémission est observée, puis les symptômes s’intensifient - des hémorragies conjonctivales, des saignements de nez ou des ecchymoses pouvant survenir - avant de régresser rapidement au bout d’une semaine. La guérison s’accompagne d’une convalescence d’une quinzaine de jours.
Infection à virus Zika : La plupart des personnes infectées par le virus Zika ne présentent pas de symptômes. Lorsqu’ils se manifestent, de 3 à 14 jours après l’infection, les symptômes sont généralement bénins, pouvant inclure une éruption cutanée, un accès de fièvre, une conjonctivite, des douleurs musculaires et articulaires, un état de malaise et des céphalées, et durant de 2 à 7 jours. Ces symptômes sont communs à d’autres maladies, provoquées ou non par des arboviroses. Pour cette raison, le diagnostic de l’infection à virus Zika nécessite la confirmation d’un laboratoire. Chez certains adultes, la maladie peut prendre une forme sévère appelée syndrome de Guillain-Barré. Chez une femme enceinte, le Zika peut apparaître des complications chez le bébé, surtout si l'infection arrive tôt lors de la grossesse.
Chikungunya : Comme le souligne l'Institut Pasteur, en langue Makondée, chikungunya signifie "qui marche courbé en avant", et évoque la posture adoptée par les malades en raison d'intenses douleurs articulaires. Ces dernières, souvent très invalidantes, apparaissent après un délai d'incubation de 2 à 10 jours, au niveau des poignets, des doigts, des chevilles et des pieds mais aussi les genoux. À la maladie sont associés également des maux de tête, de la fièvre, des douleurs musculaires importantes, une éruption cutanée au niveau du tronc et des membres, une inflammation d’un ou plusieurs ganglions lymphatiques cervicaux ou encore une conjonctivite.
Les formes sévères de la maladie peuvent connaître des effets neurologiques graves. Les symptômes du chikungunya peuvent durer longtemps, même plusieurs mois, et environ la moitié des personnes qui l'ont eu ont des problèmes qui restent longtemps.
Les moustiques-tigres femelles principales vecteurs de ces maladies
Ces trois virus ont émergé à partir de singes des forêts tropicales, dans le cadre d'interactions entre singes et moustiques sauvages. L'installation permanente des hommes et l'urbanisation croissante ont favorisé l'émergence de nouveaux cycles de transmission aux humains via les moustiques.
Les moustiques-tigres femelles sont les vecteurs de ces maladies. Elles "préfèrent se nourrir de sang humain tous les deux ou trois jours, essentiellement le matin et en fin d’après-midi, pour pondre des œufs au même rythme. Les repas sont souvent multiples, sur la même personne ou sur 2 ou 3 personnes en quelques minutes. Les œufs, pondus en bordure d’eau, restent vivants même à
sec plusieurs mois, ce qui permet à ces Aedes de survivre à la saison froide (en Europe) ou sèche (sous les tropiques). Entre deux repas/pontes, les femelles adultes restent au repos soit dans la végétation, soit à l’intérieur des maisons. Leur espérance de vie est de 3 à 4 semaines en moyenne. Ces moustiques se dispersent peu (distances de vol de quelques centaines de mètres au maximum) mais peuvent être déplacés passivement par divers moyens de transport" explique le Covars.