L'une des quelques 4000 oeuvres de l'artiste Invader qui décorent 79 villes dans le monde a mystérieusement disparu d'une façade du centre ville de Toulouse. Ces mosaïques, qui peuvent se revendre cher, sont parfois arrachées par des receleurs d'oeuvres d'art.
Elle a été arrachée du premier étage d'une façade jouxtant les terrasses des cafés et restaurants de la place de la Daurade à Toulouse.
Un poulpe en mosaïque qui faisait tellement partie du décor qu'on passait sans le voir
Mais personne ne se souvient précisément de la date de la disparition de ce poulpe en mosaïque, qui faisait tellement partie du décor depuis sa discrète installation en 2016 par le street artiste mondialement connu Invader, qu'on passait sans le voir."Pour voir la mosaïque, il fallait lever la tête, et on ne s'est pas rendu compte tout de suite qu'elle avait disparu", témoigne le serveur de l'un des établissements. Comme ses collègues, il situe cette disparition "durant l'été, au mois de juin". Une telle oeuvre d'art, solidement collée au mur à 3 mètres de hauteur, ne peut pourtant pas s'envoler. Mais personne n'a rien vu, rien entendu.
Aucune plainte n'a été déposée. Selon le voisinage, le propriétaire de la façade n'a pas non plus fait procéder à l'enlèvement de la mosaïque. Pas plus que la Ville de Toulouse qui, contactée par France 3 Occitanie, assure que "la municipalité n'intervient pas sur les murs de bâtiments privés".
Une oeuvre grand format d'Invader peut atteindre 500.000 euros aux enchères
Excepté un éventuel vandalisme, reste alors l'hypothèse du vol par un amateur, ou un revendeur pour le marché noir, dont la cote de l'artiste atteint ces dernières années une moyenne située entre 10 000 et 65 000 € pour ses mosaïques originales, et parfois beaucoup plus pour des œuvres de grand format comme celle vendue en 2015 aux enchères par Sotheby's à Hong Kong pour 220.000 euros (sans parler de La Joconde en Rubik's Cubes emportée 480.000 euros aux enchères chez Artcurial au mois de février 2020).A Toulouse, c'est la deuxième oeuvre du street artist arrachée
Environ 3800 oeuvres de l'artiste français, inspirées du célèbre jeu vidéo Space Invaders de 1978, s'affichent non seulement à Paris, New York, Bangkok, mais dans 79 villes du monde entier, dont Toulouse, où Invader s’approprie les rues en y déposant ses mosaïques.Mais une centaine de ces Invaders seraient chaque année dégradés ou volés dans le monde pour alimenter un marché parallèle sur lequel les petits personnages vaudraient leur pesant de pixels. A Toulouse, où l'on recensait 10 mosaïques de l'artiste depuis 2016, l'une d'entre elles avait déjà été arrachée en 2018 rue des Filatiers. L'année précédente, deux voleurs d'une dizaine de mosaïques d'Invader, déguisés en agents de la Ville de Paris, avaient été interpellés dans la capitale.
Malgré ces pertes et profits, depuis plus de 20 ans, Invader investit ainsi l’espace public avec ses mosaïques. Il a aussi créé un jeu de piste géant sous forme d’application (Flashinvaders). Quelques 100.000 fans du street artist se baladent dans le monde entier en quête de ses oeuvres pour les prendre en photo.
A Toulouse, sur les bords de la Garonne, les serveurs en voient encore parfois passer, dépités, lorsqu'ils lèvent les yeux vers les traces encore visibles de la mosaïque arrachée du poulpe de la Daurade.