"Nous n'avons pas assez d'enseignants titulaires". La ministre de l'éducation nationale Nicole Belloubet promet une nouvelle formation pour recruter plus de professeurs

À l'occasion de sa visite dans deux établissements de Haute-Garonne, lundi 29 avril, la ministre de l'éducation nationale Nicole Belloubet a fait le point sur l'utilisation des tablettes tactiles à l'école, sur la fermeture de plusieurs classes dans le département et sur la question de la violence en milieu scolaire.

Nicole Belloubet, ministre de l'Éducation Nationale, est en Haute-Garonne ce lundi 29 avril 2024. Au programme : visite d'une école à Lanta et du lycée Gallieni à Toulouse, pour discuter des dispositifs ULIS et d'un internat d'excellence.

Accompagnée de Dominique Faure, Ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité, elle visite les classes utilisant notamment des tablettes tactiles à Lanta à l'initiative du CNR (Conseil National de la Refondation) . "Une école extraordinairement dynamique, selon la ministre de l'Éducation Nationale, qui porte des projets à la fois pour améliorer les résultats scolaires des élèves, pour le bien-être des élèves et des équipes d'enseignants."

Journaliste : Le recours aux tablettes tactiles est-il appelé à se généraliser ?

Nicole Belloubet, ministre de l'Éducation Nationale : Ces projets CNR (Conseil National de la Refondation) se développent. Nous travaillons sur l'initiative des professeurs et sur l'autonomie des écoles. Ce sont leurs projets qui bénéficient d'un financement de la part de l'État et du soutien des collectivités territoriales.

Journaliste : L'utilisation des tablettes ne contredit-elle pas la volonté du Premier Ministre de limiter leur usage chez les jeunes ?

Nicole Belloubet :  Il faut faire une distinction entre l'utilisation désordonnée des écrans et des réseaux sociaux, qui a des effets dramatiques et que nous souhaitons réguler, et l'utilisation accompagnée du numérique. Car l'école, c'est aussi préparer nos élèves au monde de demain. Cette école du futur passe par une utilisation raisonnée et accompagnée du numérique. Des enfants peuvent, dans certaines séquences pédagogiques, utiliser des tablettes en étant accompagnés par leurs professeurs. C'est un outil très précieux pour la formation de nos élèves.

Journaliste : les pays de l'Est après avoir lancé ce type de programmes ont décidé d'arrêter. Est-ce que la France n'est pas en retard ?

Nicole Belloubet : Nous ne sommes en retard, au contraire. Je ne parle pas d'une utilisation majoritaire des outils numériques, mais d'une utilisation accompagnée par les enseignants. Toutes les autres méthodes pédagogiques, qu'il s'agisse des dictées, de la verbalisation, du calcul, existent aussi sans les tablettes et sans les outils numériques.

Journaliste : Parallèlement, des parents dans le département se mobilisent pour éviter la fermeture de la classe de leurs enfants. Que pouvez-vous leur répondre ?

Nicole Belloubet : Le directeur académique et les inspecteurs de l'éducation nationale travaillent sur ce que l'on appelle la carte scolaire. Je souhaite que soit installée une vision pluriannuelle de cette carte scolaire, qu'un dialogue s'engage avec les élus, et que nous puissions ainsi, dans le cadre d'une politique cohérente, conduite par l'État, dans un dialogue avec les élus, faire des projections sur ce que doit être la carte scolaire.

La Haute-Garonne  a perdu 300 élèves. Le solde des ouvertures et des fermetures de classes sera de zéro. Il y a évidemment des évolutions qui tiennent compte du solde démographique et des situations singulières de certains territoires. Mais, comme vous le savez, la décision définitive ne sera prise qu'au mois de juin. Nous sommes dans une phase de dialogue avec les collectivités, les élus et les parents d'élèves.

Journaliste : Les zones rurales sont-elles défavorisées ?

Nicole Belloubet : Non, je crois qu'il faut tenir compte de la situation particulière de chaque école. Évidemment, la ruralité et l'éloignement sont des éléments qui doivent être considérés. Mais dans les zones urbaines, l'éducation prioritaire est aussi un élément qui doit être considéré. C'est donc l'ensemble de ces paramètres qui permet aux inspecteurs de l'éducation nationale de faire le bilan d'ouverture et de fermeture des classes.

Journaliste : Au Collège Bellevue, un élève a récemment agressé son professeur. Avez-vous échangé avec ce dernier ?

Nicole Belloubet : Je vais le faire dans la journée (lundi 29 avril 2024). Quand l'un des nôtres est agressé, c'est la famille entière de l'éducation nationale qui est blessée. Je me sens blessée et offensée, à titre personnel. Nous avons mis en place toute une série de mesures juridiques, de soutien psychologique et de protection des établissements qui doivent nous permettre d'éviter ce type d'incident, totalement inacceptable. L'agresseur est présenté à un juge des enfants et fera l'objet d'un conseil de discipline dans son collège.

Journaliste : Concernant le non-remplacement des enseignants, y a-t-il assez de professeurs aujourd'hui pour l'académie de Toulouse ?

Nicole Belloubet : Nous n'avons pas assez d'enseignants titulaires Nous recrutons des enseignants contractuels pour faire face à nos besoins. Pour la prochaine rentrée scolaire, les enseignants contractuels seront recrutés en étant auditionnés par un collège d'inspecteurs. Ils seront par la suite formés et seront présents au 1er septembre devant les élèves. Pour autant, la vraie solution est le recrutement massif d'enseignants titulaires. Cela se fera par une nouvelle formation initiale de nos enseignants, avec un recrutement qui sera désormais à Bac plus 3, l'année prochaine. Nous espérons ainsi, en dessinant un parcours d'excellence, attirer plus de jeunes sur nos concours.

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