Nouvelle découverte d'un chef d'oeuvre de la peinture dans une famille de Toulouse

Après celui du Caravage, un nouveau chef d'oeuvre de l'histoire de l'art a été découvert dans une famille de Toulouse (Haute-Garonne) en juillet 2021. "L’Ange thuriféraire vêtu d’une tunique jaune" de Bernhard Strigel peint en 1520 sera prochainement vendu aux enchères.

Depuis la fin du XIXe, il était l’ange qui protégeait cette famille toulousaine de génération en génération. Son actuel propriétaire l’avait hérité de ses parents qui l’avaient eux-mêmes obtenus des leurs. En juillet 2021, lors d’un inventaire pour assurance, ce client demande à Pauline Maringe de "jeter un œil" à un ensemble de tableaux acquis lors d’un héritage. Et plus particulièrement, à cette peinture d’un ange agenouillé, vêtu d’une tunique jaune, tenant entre ses mains un encensoir. 

Sur le moment, la commissaire-priseur d'Artpaugée ne cache pas sa surprise : « Il était tellement en bon état que lorsque je l’ai vu la première fois, j’ai eu un doute sur l’authenticité de l’œuvre. » Un doute levé une fois la peinture retournée et les panneaux de bois, qui la composent, étudiés.

Un chef-d'oeuvre de la Renaissance allemande

De par sa qualité, le rendu du drapé de la tunique et celui des ailes, l’éclat de ses couleurs, sa composition, ce tableau est un chef d’œuvre appartenant à une période située entre le Gothique tardif et la Renaissance allemande. Mais qui en est l’auteur ? Il y a trente ans, ses propriétaires ont effectué des démarches auprès des salons des antiquaires pour le faire expertiser. Sans succès. Cette fois-ci, il est confié au cabinet d’experts Turquin pour son authentification et son attribution.

Après des recherches, le sujet, les dimensions (48,7 x 61 cm), l’essence, l’échelle de la figure correspondent à une autre peinture, acquise par le Louvre Abu Dhabi en 2009, "L’Ange thuriféraire", ci-dessous.

Une partie du retable de Notre-Dame de Memmingen

Le tableau de Toulouse est son pendant, prenant place au sein d’un même retable, ces parties peintes et sculptées situées à l’arrière des autels. L’ensemble fut peint par Bernhard Strigel en 1520 pour l’église Notre-Dame de Memmingen.

Une véritable émotion pour Pauline Maringe : "c’est la première fois que je découvre une telle œuvre. C’est excitant pour l’histoire de l’art et c’est émouvant. Bernhard Strigel n’est pas un artiste très connu du grand public, mais pouvoir compléter un peu sa biographie, lui raccrocher des œuvres qui étaient jusque-là inconnues sur le marché de l’art, nous donne l’impression de participer à quelque chose d’important. C’est assez chouette. C’est pour cela que l’on fait ce métier."

Au fil du temps, cet "ange à la tunique jaune" apparaissait et disparaissait. Morcelé au moment de la Réforme, il arrive en France au début du XIXe siècle, après "un possible passage par la Toscane", avant de s’évanouir mystérieusement et de ressurgir dans cette famille toulousaine.

« L’Ange thuriféraire vêtu d’une tunique jaune » de Bernhard Strigel (1520). ©PVSE

Estimé entre 600.000 et 800.000 euros

Une nouvelle découverte extraordinaire dans la ville rose, plus de 7 ans après celle de "Judith décapitant Holopherne" du Caravage. La commissaire-priseur en est persuadée. D’autres peintures, d’autres sculptures attendent d’être révélées : "il y a un vrai patrimoine à Toulouse. Il y a encore de vieilles familles avec des œuvres qui ne sont jamais sorties et restées cachées depuis plus de 100 ans. La ville, riche, est un croisement de commerces, proche de l’Espagne, de l’Italie. Les œuvres circulaient. Il y a encore de belles choses à découvrir."

Estimé entre 600 000 et 800 000 euros - bien loin des 110 millions d’euros du Caravage - « L’Ange thuriféraire vêtu d’une tunique jaune » de Bernhard Strigel sera mis en vente le 4 février 2022 à la Chapelle des Carmélites de Toulouse. "Mon client a un pincement au cœur, assure Pauline Maringe. Il est attaché à ce tableau et s’avère partagé entre la nostalgie de le voir quitter la famille et la joie de le savoir accueilli dans un musée". Avec l’espoir que le Louvre Abu Dhabi s’en porte acquéreur et réunisse les deux panneaux du retable de Memmingen, séparés depuis près de cinq siècles maintenant. 

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