La rupture de canalisation dans le quartier Saint-Michel à Toulouse ayant provoqué samedi d'importants dégâts serait "accidentelle" selon Veolia, qui pointe du doigt les travaux effectués par les autres opérateurs intervenant en sous-sol.
Mais pourquoi les canalisations d'eau éclatent-elles donc aussi fréquemment à Toulouse, provoquant à l'occasion des torrents d’eau qui envahissent une station de Métro ainsi que les rues avoisinantes ?
A chaque rupture, le groupe Veolia, qui gère la distribution de l'eau dans l'agglomération toulousaine, propose une explication.
Au mois de janvier 2017, lorsque la rupture d'une canalisation avait paralysé le quartier Saint-Agne, Veolia avait mis en avant les changements de température et le froid.
Sans parler des deux ruptures successives en moins de 24 heures dans le quartier des Arènes au mois d'octobre dernier, cette fois-ci, la rupture survenue vers 6h00 samedi matin avenue des Récollets, ayant engendré d'importants dégâts dans le quartier Saint-Michel (commerces inondés, véhicules endommagés, chaussée détruite, station de métro Saint-Michel-Marcel Langer sous les flots et fermeture tout le week-end de la ligne B du métro) serait, selon Veolia, accidentelle. Mais le distributeur ne précise pas plus pour l'heure l'origine de cet accident.
"Il faut attendre le résultat des enquêtes en cours, mais on s'intéresse à ce qui se passe dans les sous-sols aux alentours", se contente d'indiquer le gestionnaire de la distribution d'eau. "Il y a d'autres opérateurs que nous qui interviennent dans les sous-sols. Ils y effectuent des travaux qui pourraient être à l'origine de cette rupture", ajoute-t-il. "Cette rupture s'est par ailleurs produite à un carrefour extrêmement passant qui supporte des charges très lourdes (...) Or, nous sommes sur une canalisation de 30 cm de diamètre qui supporte une pression très importante de 8,5 bars", précise encore Veolia.
Pour le distributeur en tous cas, Toulouse serait plutôt moins concernée par les pertes d'eau que les autres grandes villes françaises. "En 2017, affirme-t-il, sur Toulouse nous sommes à 91,7% de rendement de réseau, devant Paris (91,4%), Bordeaux (84,1%) (...) ou encore le Grand Lyon (77,6%)".
Ces premiers éléments d'explication et cette satisfaction affichée en terme de rendement de réseau vont-ils convaincre l'Observatoire Régional de la Qualité de Service des Infrastructures, qui se réunit mardi pour examiner cette nouvelle affaire de rupture de canalisation à Toulouse ? En janvier 2017, réfutant l'argument du froid, son président Jean-Louis Chauzy avait estimé que la rupture de canalisation dans le quartier Saint-Agne provenait d'un défaut d'entretien et de vigilance.
Veolia affirme pour sa part que les canalisations sont surveillées 24h sur 24h grâce à un réseau de capteurs installés dans le centre-ville, sans oublier les équipes mobiles qui sillonneraient la ville tout au long de l'année. le distributeur explique également que 6 km de canalisations, qui auraient en moyenne 33 ans, seraient changées chaque année.
Ce n'est pas l'avis du Collectif Ô Toulouse qui cite le dernier «Rapport sur le Prix et la Qualité des Services publics de l’eau potable et de l’assainissement de Toulouse-métropole» pour l’année 2016. Ce rapport, explique-t-il, indique que, sur les cinq dernières années, « le taux moyen de renouvellement du réseau sur l’ensemble du territoire est de 0,42% en 2016 », et qu’avec un tel taux, le renouvellement complet du réseau demandera 238 ans, alors que la durée moyenne des canalisations est très inférieure à 100 ans". "Ces chiffres indiquent sans contestation possible que le réseau de canalisations d’eau potable se dégrade, et il en est de même pour le réseau de collecte des eaux usées", avance Ô Toulouse.
"Espérons que ces incidents qui ont perturbé le quotidien de nombreux toulousaines et toulousains, contraignent enfin la métropole et son délégataire Veolia pour la Ville de Toulouse, à faire dès à présent les travaux de renouvellement nécessaires", conclut le collectif.
En attendant, dans le quartier Saint Michel, huissiers, experts et assureurs se croisent. Pour constater, estimer le montant des dégâts ou trouver une explication à cette nouvelle rupture de canalisation.