Certains mois dans l'année permettent de favoriser le dépistage des cancers. La France serait en retard, avec seulement 30% de dépistage par an. Ces mois seraient donc primordiaux afin d'inverser la tendance.
Moins connu que la campagne Octobre Rose, Mars Bleu est le mois dédié au dépistage du cancer colorectal. Pourtant, il est le 2e cancer le plus meurtrier en France.
À Toulouse (Haute-Garonne), l'Institut Universitaire du Cancer de Toulouse (IUCT) regroupe trois centres de recherche contre le Cancer dont l'Oncopole, un site reconnu à l'international.
Quel bilan les professionnels tirent-ils de ces mois de prévention ? On fait le point avec trois questions au Docteur Nadim Farès, gastro-entérologue et cancérologue digestif.
France 3 Occitanie : Pourquoi ces mois sont-ils importants dans le processus de dépistage ?
C'est un enjeu de vulgarisation, ça permet de délivrer les messages clefs. L'objectif c'est de focaliser sur un mois ces questions de dépistage, ce n'est pas forcément d'en faire plus sur ce laps de temps. On est vraiment dans de la pédagogie pure. Ça fait partie d'autres outils pour prendre en charge rapidement les patients.
A Toulouse, plusieurs spécialistes travaillent sur un projet qui pourrait permettre de toucher les populations à risque, qui n'ont pas pour habitude de se faire dépister. Il permettrait de faire un véritable maillage territorial, avec l'aide des médecins généralistes via des questionnaires remplis par les patients. Ce dispositif permettrait de toucher ceux qui sont plus à risque que la moyenne mais qui ne le savent pas. Par exemple, les patients avec des antécédents familiaux ou qui ont eu tel ou tel type de maladie, l'objectif c'est d'aller chercher les gens chez eux. Il permettra sur le long terme de dépister d'autres cancers.
France 3 Occitanie : Pourquoi ces deux cancers (du sein et du côlon) sont-ils particulièrement ciblés ?
Ce sont deux des cancers les plus fréquents en France. Le cancer du sein est le premier chez la femme, celui du côlon est le troisième chez l'homme (derrière le poumon et la prostate.) Nous avons aussi des techniques très élaborées pour les dépister rapidement. On connaît bien l'histoire de la maladie. Tous les cancers ne se détectent pas aussi facilement et ça ne sert pas à grand chose de parler d'une tumeur très rare qui touche peu de personnes. Avec chaque mois son cancer, ça peut être contre productif voire même créer un climat anxiogène.
France 3 Occitanie : La France est-elle en retard sur ses campagnes de dépistage ?
On est plus en retard que tous les pays du nord de l'Europe. Je pense qu'il y a quelque chose de culturel. Le dépistage du cancer du côlon par exemple, demande des analyses des selles, il y a comme une sorte de gêne sociale lorsque l'on parle de ces choses là. Autre élément aussi, aux Etats-Unis, il faut être à jour de ses dépistages pour avoir des mutuelles moins chères, alors qu'en France on a la sécurité sociale quoiqu'il arrive. Seulement 30 % des cancers sont dépistés à temps dans notre pays. Chaque année, on découvre 40 000 cas de cancer du côlon.