Octobre rose : ces tatoueurs azuréens qui aident à la reconstruction après un cancer du sein

La difficile reconstruction physique et mentale des femmes atteintes par un cancer du sein passe aussi par un confort esthétique retrouvé. Les tatoueurs azuréens redessinent les aréoles mammaires pour faire oublier aux femmes ce calvaire.

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La réparation post-clinique des aréoles mammaires est une étape incontournable après une ablation ou une intervention chirurgicale consécutive à un cancer du sein.

Dans les Alpes-Maritimes et le Var, une pratique résonne tout particulièrement en ce mois d'Octobre Rose, celle de la reconstruction aréolaire. Elle permet, grâce au tatouage, de recréer une aréole altérée, barrée d'une cicatrise et même amputée.

Avec de l'encre, le tout est redessiné et permet même d'obtenir du relief grâce à un effet trompe-l'œil.

"Pas par plaisir"

À Fréjus (Var), One a commencé à tatouer ces femmes il y a une dizaine d'années, et s'en souvient comme si c'était hier. "Je tatouais une cliente de façon récurrente et, un jour, elle est rentrée dans le salon, je ne l’ai pas reconnue. Elle n’avait plus de cheveux, plus de sourcils."

Ce premier tatouage aréolaire l'a amené ensuite à accueillir davantage de femmes atteintes du cancer du sein, désireuses de tourner la page de la maladie.

"Ce ne sont pas des gens qui sont dans la culture tatouage, elles ne viennent pas me demander la petite encre sur la cheville, le petit papillon dans le dos, ou le petit cœur sur l’épaule. Il y a une démarche complètement différente avec ce type de personnes."

Ce type de clientes ne vient pas par plaisir. C’est ce que l’on affronte souvent, ils les laissent sortir dans la nature, c’est barbare, totalement.

One, tatoueur à Fréjus

Se regarder à nouveau dans la glace

Une fois le tatouage effectué, toujours la même réaction, ou presque : "en général, elles pleurent".

"La dernière en date que j’ai fait m’a marqué. C’était un cas particulier, c’était vraiment très abimé. La balafre partait d’une aisselle à l’autre, c’était terrible. J’ai pu réparer, trouver un équilibre visuel. Elle m’a remercié et m’a dit, 'je vais enfin pouvoir remettre des miroirs à la maison'."

"Bien souvent, on ne s’en rend pas compte, c’est un détail, mais cela peut apporter énormément à la personne", explique One.

Au moins 6 à 8 mois après l'intervention

Léa Bertrand exerce ses talents dans le cabinet voisin de son mari, à Nice (Alpes-Maritimes), rue Pertinax. Esthéticienne de formation, elle réalise aussi les maquillages permanents pour recomposer les sourcils des femmes touchées par le cancer.

Elle s'est ensuite tournée vers la dermographie. Et c'est bien une technique de tatouage pérenne qu'elle développe pour reconstituer les aréoles mammaires : "On travaille en couleurs, on travaille en fondu pour vraiment donner un aspect 3D et hyper réaliste".

Elle ne chôme pas, vu que la maladie touche quelque 58.000 femmes en France chaque année. "C'est quelque chose de récurrent, de tous les âges, il y a des jeunes dames, autour de la trentaine. J'espère ne jamais en connaitre des plus jeunes", dit-elle.

Avant d'intervenir, elle effectue toujours un rendez-vous préparatoire, pour expliquer la démarche, et surtout être à l'écoute des femmes et répondre à leurs questionnements. 

Il faut attendre au minimum 6 à 8 mois, si les cicatrices se résorbent rapidement, après l'intervention pour envisager un tatouage, voire "même jusqu'à 2 ans". Un avis médical est impératif pour valider cette démarche, quoi qu'il arrive.

Réalisable en quelques heures

Le tatouage en lui-même représente une étape assez rapide à effectuer. Il peut se faire en un ou deux rendez-vous. Parfois, c'est aussi une question de détail pour ces femmes qui veulent effacer la moindre trace de leur corps de cette épreuve médicale :

Un jour, une dame m’a juste demandé de recouvrir la trace du cathéter. Elle était en rémission et avait été soignée mais elle me disait 'le problème, c’est que, dès que je me mets devant la glace et que je vois cette trace sur mon épaule, ça me rappelle le jour où l’on m’annoncé mon cancer'.

One, tatoueur à Fréjus

Pour redessiner le contour d'une aréole, il faut compter 180 euros, nous confirme Léa Bertrand. Pour une reconstruction complète de celle-ci, ce sera 380 euros

Une prise en charge de la Sécu ?

Mais ces opérations ne sont pas, pour le moment, prises en charge par la Sécurité sociale. La députée azuréenne Christelle D'Intorni a interpellé le ministère de la Santé sur le sujet, dès cet été. Pour demander une participation financière de l'État quant à ces actes de reconstruction, mais aussi pour le remboursement des soutiens-gorge compressifs, d'un coût pouvant osciller entre 60 et 80 euros.

Ceux-ci sont nécessaires après une intervention chirurgicale "afin d'assurer une certaine symétrie dans la reconstruction mammaire", précise la députée.

Contactée par téléphone ce vendredi 21 octobre, la représentante de la 5e circonscription des Alpes-Maritimes nous a confirmé n'avoir reçu aucun retour du ministère concerné, un délai qu'elle juge excessif et "anormal".

"C'est un manque de respect total pour toutes les personnes qui sont victimes du cancer du sein. [...] La journée de mon tweet était LA journée où l'on attendait une réponse favorable (ce 19 octobre étant la Journée mondiale contre le cancer du sein, ndlr)", a t-elle ajouté.

Elle était, il y a encore quelques heures, en visite dans une start-up niçoise, Realetee, qui réalise des prothèses mammaires externes dont le coût avoisine les 4.000 euros. Là aussi, un dispositif médical auquel la Sécurité sociale ne participe pas.

L'ensemble de ces coûts reste à la charge des femmes atteintes de cancer à ce jour. Une enveloppe plus que conséquente pour ces patientes.

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