Les salariés de l'entreprise aéronautique AAA étaient appelés à débrayer, ce mardi 8 septembre, pour protester contre le plan social de grande ampleur qui se prépare. Rassemblés devant le site de Colomiers, près de Toulouse, ils se disent déçus que la société ne leur propose que le minimum légal.
Le conflit, ils n'y sont pas habitués : en trente ans d'existence, l'entreprise AAA n'aurait pas connu un seul mouvement social. Pourtant, ils ont répondu "présent" ce matin, à l'appel d'un des syndicats, la CFDT. Une soixantaine de personnes a débrayé devant le site de Colomiers, près de Toulouse, pour protester contre le plan social en cours.
AAA, pour Assistance Aéronautique & Aérospatiale, est spécialisée dans les services sur site pour des clients tels qu'Airbus, Stelia, Safran et Dassault. Elle compte environ 3 500 salariés dans le monde.
Touchée, comme tous les autres par la crise économique liée à la pandémie de coronavirus, AAA a annoncé dès le mois de juillet la mise en place d'une PSE, plan de sauvegarde de l'emploi.
Celui-ci prévoit la suppression de 719 emplois en France, soit 45 % des effectifs, dont 78 à Tarbes (Hautes-Pyrénées) et 297 à Toulouse, le site le plus touché.
AAA compte 1 587 salariés dans le monde.
"Le moins disant"
Mais le syndicat CFDT dénonce un "dialogue social de façade", dans la gestion de ce PSE. "On est au strict minimum légal concernant les indemnités de licenciements", déplore Julien Da'Rolt, délégué syndical CFDT. Son syndicat s'oppose également à "un projet de reclassement de seulement cinq mois en période de crise sanitaire"."Il n'y a pas de négociations sur des départs volontaires alors que ça a été demandé" et "la direction refuse de mettre en place l'APLD", le dispositif d'activité réduite de longue durée qui pourrait selon lui permettre de réduire le nombre de licenciements, critique également l'organisation syndicale.
"C'est un projet au rabais, a minima", renchérit Brigitte Giro, déléguée syndicale CFDT à Colomiers. "La direction a pris sa copie et dit : "On a l'obligation de faire ça, on fait ça, point".
Quand on a un expert qui dit que la société se porte très bien et qui ne comprend pas pourquoi ce plan est mis en route, on ne peut que se poser des questions.
"On est les petites fourmis"
Les salariés appréhendent de devoir vivre un reclassement. C'est le cas de Marie-Laure Dupuy, inspecteur qualité chez AAA, à Colomiers. A 50 ans, elle a le sentiment d'être sacrifiée. "J'avais des projets d'acheter, tout cela est interrompu, déjà. Je vais peut-être même déménager dans un logmeent extrêment réduit pour anticiper les événements".Les négociations dans le cadre du plan de sauvegarde de l'emploi, qui ont débuté fin juillet, devraient prendre fin le 17 septembre. Le PSE pourrait être entériné avant la fin du mois.On est les petites fourmis, les besogneux. En haut, les intérêts ne sont pas les mêmes que les nôtres.
Voir le reportage de Karine Pellat et Laurence Boffet, de France 3 Occitanie :