C'était en 1939. On commémore cette année le 80e anniversaire de la Retirada, l'exil des républicains espagnol fuyant la guerre civile. A 80 ans, Henri Tapia Herreros vit à Villeneuve les Bouloc. Il a fui l'Espagne quand il avait 3 mois. Témoignage.
Il est né le 15 novembre 1938 à Barcelone, sous les bombes. Henri Tapia Herreros, 80 ans, a fui l'Espagne parce que son père était militaire alors qu'il n'avait que 3 mois : "Il a été condamné à mort parce que, soi disant, il avait tué le maire de Peguerinos, alors que c'est inexact".
En février 1939, la famille part en exode. De cette Retirada, l'octogénaire n'a aucun souvenir. Mais ses proches lui racontent comment il traverse les Pyrénées avec ses parents dans une valise aménagée en couffin.
"Les gens disent que je n'ai rien ressenti, mais si, assure-t-il. J'avais la diarrhée, je voulais rien manger alors qu'il faisait froid et qu'on était au bord de la route."
Regardez le reportage de Claire Sardain et Jean-Luc Pigneux
Contrairement à la majorité des réfugiés, Henri et sa mère vont bénéficier d'une aide providentielle, recuillis par une famille française. Son père lui connaitra les camps, Argeles puis Gurs : la promiscuité, la violence, le manque d'hygiène... Neuf mois de souffrance avant de retrouver les siens.
Cette histoire Henri l'a raconté dans un livre : l'histoire de son peuple, son histoire. Pour ne pas oublier. "C'est comme l'histoire des camps de concentration : les gens oublient vite. Ca a existé, et il ne faut pas le laisser passer à la trappe. Je suis pour la memoire", explique-t-il.
A 80 ans, Henri a le même âge que la Retirada. Alors à l'heure des commemorations, il ne manquera pas l'occasion de venir à nouveau témoigner.