En 2023, l’Etat présentait un “Pacte en faveur de la haie” avec un budget de 110 millions d’euros pour revaloriser la plantation de haies. Une dépense qui pourrait être réduite à 30 millions dans le projet de loi finances 2025 présenté par le nouveau gouvernement.
C’est un retournement de situation particulièrement inattendu. L’évolution du budget alloué au “Pacte en faveur de la haie” risque d’être drastiquement revue à la baisse. Pourtant, il y a à peine un an, le gouvernement menait une politique de revalorisation du réseau de haie français en promettant un budget de 110 millions d’euros. Le but : obtenir un gain net du linéaire de haies de 50 000 km d’ici 2030.
Les enveloppes pour 2024 ont donc été distribuées sans encombre. Mais voilà, après la mise en place du nouveau gouvernement et l’annonce du projet de loi finances, ce budget pourrait être fortement diminué. Une possibilité qui inquiète au plus haut point les associations comme Arbres et Paysages d'Autan qui œuvrent à l’accompagnement de plantation de ces haies.
La haie : un couteau suisse naturel
William Farago, coordinateur des programmes de plantation de l’association basée à Ayguesvives (Haute-Garonne), veut avant tout rappeler l’importance des haies dans le milieu naturel et agricole : “C’est très simple, la haie est extraordinaire. Elle protège les sols, en jouant un rôle d’éponge et permet de limiter les inondations, les coulées de boue ou encore l’érosion. Elle permet aussi de protéger les cultures des vents chauds, elle a un effet brise-vent” détaille-t-il.
Mais ce n’est pas tout, la haie a aussi un impact très positif sur l’agriculture et la biodiversité : “L’arbre permet de ramener des matières organiques dans le sol et ainsi d’augmenter les rendements. Et enfin, là où il y a arbre, il y a des pollinisateurs et d’autres petits animaux importants pour la nature” ajoute William Farago.
Les agriculteurs particulièrement impactés
Alors après la décision du gouvernement de s’impliquer de manière active dans le développement du réseau des haies, l’association pensait “être tranquille jusqu’en 2030”. Mais voilà, c’était sans compter sur la dissolution et la mise en place d’un nouveau gouvernement. Ce potentiel retour en arrière est absolument incompréhensible pour l’association : “Ce serait mettre un coup d’arrêt à une politique qui était vertueuse” conclut William Farago.
Ça pénaliserait les agriculteurs qui mettent en place des programmes beaucoup plus durables et vertueux.
William Farago
Car ce plan d’aide national devait surtout permettre aux associations d’aider les agriculteurs à développer leur réseau de haies. “Ce fameux pacte permet de rémunérer correctement l’agriculteur. Il est rémunéré pour la mise en œuvre du projet. Ça permet de prendre en compte les frais d’investissement, d'installation etc. Si l’enveloppe est plus réduite on fera moins d’action, on accompagnera moins d'agriculteurs” précise le coordinateur de plantation. “Faire des économies sur une politique publique au cœur des enjeux environnementaux et agricoles n’a aucun sens”, martèle-t-il.
Les différentes associations comme l’Afac-Agroforesteries au niveau national, ou Arbres et Paysages d'Autan en Haute-Garonne veulent donc lancer l’alerte avant qu’il ne soit trop tard et que le budget soit aussi fortement amputé. Le 5 novembre un premier amendement déposé par Jean-Luc Fugit, député de la 11e circonscription du Rhône (Renaissance) a été adopté. Il prévoit que le budget soit maintenu à au moins 50 millions d’euros.
Une prochaine séance publique pour l'examen du projet de loi aura lieu le 8 novembre 2024 à l’Assemblée nationale avant d’être examiné au Sénat à partir du 20 novembre.