Paris Match avait publié des photos prises illégalement lors du procès d'Abdelkader Merah en novembre. Sa directrice de publication a été condamnée vendredi à Paris à 4.000 euros d'amende
Sur la base de la loi sur la liberté de la presseClaire Léost était poursuivie sur la base de la loi de 1881 sur la liberté de la presse, qui interdit la captation et la diffusion d'images et de son lors d'une audience judiciaire.
Paris Match avait publié deux photos début novembre. Sur l'une, Abdelkader Merah attendait le verdict dans le box, le 2 novembre, derrière ses avocats Antoine Vey et Éric Dupond-Moretti. L'autre montrait sa mère à la barre quelques jours plus tôt avec derrière elle l'autre accusé à ce procès, Fettah Malki.
Un photographe secret
L'hebdomadaire s'est refusé à donner l'identité du photographe au nom du secret des sources, et le journaliste de Paris Match présent dans la salle a nié les avoir prises.
Dans son jugement, le tribunal souligne que l'interdiction prévue par la loi de 1881 vise à "assurer la sérénité des débats".
"La prévenue ne peut faire état que seule la publication du cliché d'Abdelkader Merah était de nature à permettre de comprendre son attitude + détachée + et + indifférente à la douleur des familles des victimes +, les organes de presse pouvant rapporter parfaitement ces informations, sans le recours à un cliché pris par dissimulation", juge le tribunal.
Pour "le choc des photos"
Le parquet de Paris avait requis fin mars l'amende maximale, soit 4.500 euros d'amende.
"On vous brandit le devoir d'informer, on se cache derrière de grands principes pour vendre du papier et avoir le +choc des photos+", avait déclaré la procureure, référence à l'ancien slogan du magazine, lors du procès devant la 17ème chambre du tribunal correctionnel.
L'avocate de Paris Match, Marie-Christine de Percin, avait elle estimé que les images, publiées après la fin du procès, avaient eu "zéro impact" sur celui-ci.
Les autres journalistes avaient condamné fermement cette pratique
L'Association de la presse judiciaire, qui réunit les journalistes spécialisés dans les questions de justice, avait condamné "fermement" cette publication. Eric Dupond-Moretti s'était pour sa part dit "scandalisé".
Le procès d'Abdelkader Merah pour complicité dans les tueries commises par son frère Mohamed s'était déroulé pendant cinq semaines sous haute tension. Il avait été condamné à 20 ans de réclusion criminelle pour association
de malfaiteurs terroriste criminelle, mais acquitté du chef de complicité des sept assassinats perpétrés en mars 2012 par son frère Mohamed.
Fettah Malki avait lui été condamné à 14 ans de prison pour avoir fourni une arme et un gilet pare-balles au tueur. Un second procès aura lieu, le parquet général ayant fait appel.