La condamnation de Paris Match a été confirmée devant la cour d'appel de Paris. L'hebdomadaire était poursuivi pour avoir publié une photo d'Abdelkader Merah lors de l'audience de son procès en novembre 2017.
La cour d'appel de Paris a confirmé ce jeudi la condamnation de la directrice de publication de Paris Match pour avoir publié des photos prises illégalement lors du procès d'Abdelkader Merah en novembre 2017. En revanche, la peine a été abaissé à 2.000 euros d'amende.
En première instance, en juin 2018, Claire Léost avait été condamnée à 4.000 euros d'amende.
Elle était poursuivie sur la base de la loi de 1881 sur la liberté de la presse, qui interdit la captation et la diffusion d'images et de sons lors d'une audience judiciaire.
Paris Match avait publié deux photos début novembre 2017 : sur l'une d'elles, Abdelkader Merah attendait le verdict dans le box le 2 novembre, derrière ses avocats Antoine Vey et Éric Dupond-Moretti ; l'autre montrait sa mère à la barre quelques jours plus tôt avec, derrière elle, l'autre accusé à ce procès, Fettah Malki.
L'hebdomadaire s'était refusé à donner l'identité du photographe au nom du secret des sources, et le journaliste de Paris Match présent dans la salle avait nié les
avoir prises.
"Vendre du papier et avoir le choc des photos"
Dans son jugement l'an dernier, le tribunal correctionnel avait souligné que l'interdiction prévue par la loi de 1881 vise à "assurer la sérénité des débats"."On vous brandit le devoir d'informer, on se cache derrière de grands principes pour vendre du papier et avoir le choc des photos", avait déclaré la procureure, référence à l'ancien slogan du magazine.
L'avocate de Paris Match, Marie-Christine de Percin, avait pour sa part estimé que les images, publiées après la fin du procès, avaient eu "zéro impact" sur celui-ci.
L'Association de la presse judiciaire, qui réunit les journalistes spécialisés dans les questions de justice, avait condamné "fermement" cette publication. Eric Dupond-Moretti s'était dit "scandalisé".
Abdelkader Merah avait été condamné à 20 ans de réclusion criminelle pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, mais acquitté du chef de complicité des sept assassinats perpétrés en mars 2012 par son frère Mohamed. Fettah Malki avait lui été condamné à 14 ans de prison pour avoir fourni une arme et un gilet pare-balles au tueur.
Ils seront rejugés du 25 mars au 18 avril, le parquet général ayant fait appel.