La directrice de l'hebdomadaire Paris Match sera jugée pour avoir publié des photos prises lors du procès d'Abdelkader Merah en novembre dernier. La prise d'images, photo ou vidéo, est interdite pendant une audience. Le journal risque une amende de 4 500 euros.
La directrice de publication de l'hebdomadaire Paris Match, Claire Léost, sera jugée le 28 mars à Paris pour la publication de photos prises illégalement lors du procès d'Abdelkader Merah en novembre.
La 17ème chambre du tribunal correctionnel de Paris a confirmé ce calendrier lors d'une audience de procédure mercredi.
Mme Léost est citée à comparaître par le parquet de Paris pour "publication d'un enregistrement" effectué "sans autorisation à l'audience d'une juridiction", les 8 et 9 novembre 2017.
Paris Match avait publié deux photos montrant, pour l'une, Abdelkader Merah assis dans le box le jour du verdict, le 2 novembre, derrière ses avocats Antoine Vey et Éric Dupond-Moretti, et pour l'autre sa mère à la barre avec derrière elle l'autre accusé à ce procès, Fettah Malki.
Le parquet avait ouvert une enquête sur le fondement de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, qui interdit la captation et la diffusion d'images lors d'une audience judiciaire.
Paris Match risque une amende de 4500 euros
Le directeur adjoint de Paris Match, Régis Le Sommier, avait évoqué dans 20 Minutes "un choix délibéré". "Nous n'avons pas pris nous-mêmes ces photos et nous ne les avons pas achetées (...). Nous nous sommes retrouvés avec ce matériel", avait-il affirmé.
"Je suis scandalisé, scandalisé, parce que c'est interdit", avait martelé sur RTL Eric Dupond-Moretti. "On ne peut pas tout s'autoriser", avait-il souligné, même s'"il paraît qu'il y a une espèce de justification" au motif qu'il s'agirait d'"un procès historique".
Pour ces deux clichés, Paris Match risque 4.500 euros d'amende.
Le procès d'Abdelkader Merah pour complicité dans les tueries commises par son frère Mohamed s'était déroulé pendant cinq semaines sous haute tension, dans un contexte de menace jihadiste toujours très élevée en France, et avait suscité une vive émotion.
Il avait été condamné à 20 ans de réclusion criminelle pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, mais acquitté du chef de complicité des sept assassinats perpétrés en mars 2012 par son frère Mohamed.
Fettah Malki avait lui été condamné à 14 ans de prison pour avoir fourni une arme et un gilet pare-balles à l'auteur des tueries. Un second procès aura lieu, le parquet général ayant fait appel.