Le mari de Delphine Jubillar, disparue depuis décembre 2020, va être jugé pour le meurtre de sa femme. Ce procès devrait se tenir courant 2025 alors que le corps de la jeune infirmière n'a pas été retrouvé et que son mari clame son innocence depuis le début. Comme Jacques Viguier, 20 ans plus tôt.
Un procès pour meurtre en l'absence de cadavres et d'aveux, voilà ce qui attend le mari de Delphine Jubillar, disparue dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 à Cagnac-les-Mines dans le Tarn. Ce renvoi aux assises pour jugement de Cédric Jubillar rappelle une autre affaire, qui avait défrayé la chronique au début des années à 2000 à Toulouse. Celle de la disparition de Suzy Viguier. Son mari, Jacques, s'était, lui aussi, retrouvé dans le box des accusés aux assises.
Disparition au domicile conjugal
Selon les premières explications livrées par Cédric Jubillar aux enquêteurs, Delphine aurait disparu dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 après avoir quitté la maison familiale pour promener les chiens. Vingt plus tôt, Suzanne Viguier, elle, s'est volatilisée au petit matin. La professeure de danse de 38 ans, disparaît le dimanche 27 février 2000 dans le quartier de l'Ormeau à Toulouse. Son amant est le dernier à l'avoir vue vivante, à l'aube, lorsqu'il la raccompagne au domicile conjugal.
Pour Delphine, c'est son mari Cédric qui signale sa disparition. Il est un peu plus de 4 heures du matin, le 16 décembre 2020, lorsqu'il appelle les gendarmes, inquiet de ne plus voir son épouse au domicile. Le plaquiste peintre, alors âgé de 34 ans, affirme s'être assoupi avant sa femme et s'être aperçu de son absence après avoir été réveillé par les pleurs de leur fille de 18 mois.
Jacques Viguier, lui, ne se rendra au commissariat qu'au bout de trois jours, le 1er mars de l'an 2000. Le jour de la disparition de sa femme, le couple et leurs trois enfants doivent déjeuner chez les parents du professeur de droit. Jacques Viguier s'y rend en prévenant d'un éventuel retard et ne s'inquiète pas de l'absence de Suzanne le soir en rentrant au domicile conjugal. Deux jours suivent avant que Jacques Viguier ne réagisse et signale la disparition de son épouse.
Couple qui bat de l'aile
Une semaine après la disparition de Delphine, les pistes du départ volontaire, du suicide ou de l'accident sont écartées par les enquêteurs. Le 23 décembre 2020, une information judiciaire pour "arrestation, enlèvement, détention ou séquestration" est ouverte. L'enquête se poursuit et révèle que Delphine avait un amant et pour projet de quitter définitivement le domicile conjugal pour s'installer avec celui qu'elle avait rencontré l'été précédent, selon le procureur de Toulouse alors saisi de l'affaire.
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Au sein du couple Viguier, l'entente n'est plus de mise depuis plusieurs années déjà. Le couple fait chambre à part, Suzanne soupçonnant son mari de la tromper avec ses étudiantes. La professeure de danse va, à son tour, prendre un amant. Selon les dires de celui-ci, Suzanne aurait décidé, fin février 2000, de divorcer alors que Jacques Viguier ignorait la relation extraconjugale de sa femme.
Une couette, un matelas
Dans ces deux affaires de disparition, les enquêteurs ont dû mener leurs investigations sans scène de crime et indices matériels probants. Une couette qu'utilisait Delphine Jubillar lorsqu'elle s'installait sur son canapé a été lavée après sa disparition. Mais les analyses menées n'ont pas révélé de traces de sang.
À l'annonce du renvoi de Cédric Jubillar aux assises pour répondre du meurtre de Delphine, l'un de ses avocats a estimé que l'arrêt de la chambre de l'instruction de la cour d'appel était "un catalogue d'éléments avancés par l'accusation, mais ce n'est absolument pas une démonstration de la genèse d'un crime".
Affaire Jubillar : Viguier, Seznec, Zepeda... Des précédents procès sans cadavre ni aveux retentissants https://t.co/k6bzUNLKQ3
— upday France (@updayFR) September 26, 2024
Dans l'affaire Viguier, c'est la disparition du matelas du clic-clac sur lequel dormait sa femme Suzanne qui conduira à la mise en examen de son mari Jacques. Celui-ci dira l'avoir emmené et jeté à la déchetterie sur "un mouvement d'humeur", déclare-t-il lors de son procès en mars 2010.
Mari jugé
Jacques Viguier est acquitté le 30 avril 2009 après dix jours d'audience à la cour d'assises de Toulouse. Un verdict dont le procureur général fait appel. Le deuxième procès du mari de Suzanne a lieu un an plus tard à Albi, aux assises du Tarn. Après six heures et demie de délibérations, le jury rend son verdict le 20 mars 2010 : nouvel acquittement. Et il n'y aura pas de pourvoi en cassation.
Vingt-quatre ans après sa disparition, le corps de Suzanne Viguier n'a toujours pas été retrouvé et l'affaire non élucidée. Quatre ans après la disparition de Delphine Jubillar, Cédric aura droit à un procès dans le courant de l'année 2025. "Il nous tarde, ça fait trois ans et demi que cet homme est incarcéré, que la cour refuse au mépris de la présomption d'innocence de relâcher cet homme", a affirmé Me Alexandre Martin, l'un des avocats de l'accusé.