Ce 9 septembre 2024, la maire de Paris a annoncé l'entrée en vigueur d'une vitesse réduite à 50 km/h sur le périphérique. La mesure pourrait-elle avoir un effet boule de neige dans d'autres grandes villes comme Toulouse (Haute-Garonne) ? Éléments de réponse.
Vitesse maximale de 50 km/h, contre 70 actuellement, sur le périphérique parisien à compter du 1ᵉʳ octobre prochain. L'annonce d'Anne Hidalgo, ce lundi 9 septembre 2024, a été plus ou moins bien appréciée. "On y travaille depuis 18 ans, ce n'est pas un sujet nouveau", a déclaré la maire de Paris qui n'a pas franchement le soutien du ministère des Transports et de la Région Ile-de-France.
Baisser la vitesse pour réduire les nuisances et fluidifier le trafic est-il un argument de poids dans ce type de décision ? D'autres grandes villes pourraient-elles embrayer dans cette voie ? A priori, à Toulouse, on en est loin.
"C'est un sujet qui n'est pas sur la table"
Depuis la baisse de 2007, passant de 110 à 90 km/h la vitesse maximale sur le périphérique de Toulouse, rien n'a changé. Certes, la question est timidement revenue dans le débat public lors des campagnes électorales. Mais en mai 2019, le maire Jean-Luc Moudenc dit clairement non à une nouvelle limitation de vitesse et à un éventuel passage à 70 km/h.
Dans la foulée, "des études prospectives multimodales sur l'aire métropolitaine toulousaine" ont été lancées sous l'égide de la préfecture de Haute-Garonne pour répondre aux nouveaux enjeux de mobilité en lien avec le développement de la ville.
Publié fin janvier 2023, le rapport consacre un chapitre à "l'adaptation des vitesses limitées sur les voies structurantes d'agglomération". Mais les effets d'une réduction à 80 ou 70 km/h sur l'ensemble de voies rapides, semblent minimes.
Une baisse généralisée de la vitesse limite autorisée, dynamique ou permanente, n’aurait pas d’effet positif sur la congestion du périphérique, compte tenu de la proximité des échangeurs et de la géométrie de voies. De plus, l’effet est très peu significatif sur les émissions de polluants.
Synthèse des études de projets horizons 2030 et 2040
"Cela s’explique notamment par le fait que, pour les poids lourds, la baisse de vitesse entraîne une augmentation des émissions de polluants", lit-on encore dans ce document.
Et pour la majorité municipale, cette question n'est toujours pas dans l'air du temps. Interrogé ce lundi 9 septembre 2024 lors d'une conférence de presse, Jean-Luc Moudenc a eu cette réponse : "Moi, je n'ai pas d'informations nouvelles là-dessus. Je rencontre le préfet de manière très régulière, on travaille sur un tas de sujet ensemble. Celui-ci n'est pas sur la table", nous a déclaré le maire de Toulouse.
"Une rocade qui coupe la ville en deux"
Réduire la vitesse sur la rocade de Toulouse, la question ne semble visiblement plus à l'étude. Mais l'annonce de la maire de Paris "nous rappelle qu'on est en retard dans la vision de nos déplacements et de la place de la rocade dans la ville", nous répond Antoine Maurice.
L'élu EELV, conseiller municipal d'opposition à Toulouse, s'inquiète de la place que prend la rocade dans la ville. "Une rocade qui est déjà dans la ville et qui le sera de plus en plus compte tenu des choix urbains." Aujourd'hui déjà, des quartiers comme celui du Mirail sont coupés en deux par la voie rapide avec son lot de nuisances, notamment sonores. Et pour Antoine Maurice, cela va s'aggraver au nord et au sud de la ville avec des projets d'aménagement et d'urbanisation comme à Malepère.
L'élu écologiste toulousain milite pour une vision globale et une réflexion sur le développement des transports et faire en sorte que "l'autoroute urbaine n'en soit plus une." L'annonce parisienne pourrait être l'occasion de rouvrir la réflexion sur les alternatives à la voiture individuelle.
Cela pourrait mener à la transformation de cette rocade en un boulevard urbain avec des voies réservées aux bus et au covoiturage. Un axe routier où la vitesse pourrait alors être abaissée.