L'Etat Français a commandé 270 millions de doses de vaccins contre le Covid. En Occitanie, les pharmaciens attendent de les recevoir et espèrent pouvoir vacciner au plus vite les patients. Entretien avec Laurent Filoche, pharmacien et président de l'Union des groupements de pharmaciens d'officine.
Ils sont très attendus. Les vaccins contre le Covid-19 sont en cours d'essai clinique. L'un des enjeux de cette phase est d’obtenir les premières informations sur l’immunogénicité, la sécurité et l’efficacité des vaccins. Ils visent à déterminer leur capacité à prévenir une infection au coronavirus SARSCov2 ou le développement d’une forme grave de la Covid-19 notamment sur les populations les plus fragiles. Ce n'est qu'après cette étape, qu'ils pourront être distribués en France, d'ici le début de l'année prochaine.
La vaccination contribuera à enrayer l’épidémie efficacement et durablement. Une stratégie qui doit être couplée sur du court-terme avec les mesures barrières indispensables pour contenir la pandémie.
#Vaccination | L’arrivée, l’autorisation et l’utilisation des premiers vaccins anti-#COVID19 se précisent. L’objectif est d’être prêt à répondre au défi
— Haute Autorité de santé (@HAS_sante) November 20, 2020
Et si on faisait le point sur les missions de la HAS sur la vaccination, sur les travaux en cours et à venir ?
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En France la stratégie de vaccination reste floue. Entretien à ce sujet avec Laurent Filoche, pharmacien et président de l'Union des groupements de pharmaciens d'officine (UDGPO), qui représente plus de 3000 pharmacies.
Est-ce que les pharmacies sont prêtes à recevoir les vaccins ?
"Oui, on est prêt à recevoir le vaccin contre le Covid. L'Etat français a sécurisé 270 millions de doses qui vont arriver tout au long de l'année 2021. Les premiers seront les vaccins Pfizer et Moderna qui demandent une logistique très particulière.Le vaccin Pfizer ne peut être stable qu'à moins de 70 degrés et le Moderna à moins de 20 degrés. Ils doivent être conservés dans un "super-congélateur".
L’Etat a commandé 50 super-congélateurs et c’est uniquement lui qui s'occupera de la conservation de ces vaccins sans doute sur des bases militaires.
C’est un peu particulier comme mode de conservation mais la logistique voudra que les vaccins soient acheminés très vite vers les pharmacies et donc vacciner les patients dans un laps de temps court. Puisque la conservation des vaccins dure seulement 5 jours à une température entre 2 et 8 degrés".
Combien y aura-t-il de vaccin ?
"L’Etat Français et l’Europe ont sécurisé et communiqué auprès de cinq laboratoires différents. Pfizer et Moderna sont les plus avancés. Astrazeneca vient de publier ses études et devrait arriver en avril. Le vaccin de Sanofi devrait être disponible en juin.Dans tous les chemins vaccinaux qui ont été publiés pour l’instant, il faudra deux doses donc 270 millions de doses divisées par deux, cela correspond à 135 millions de doses pour les patients. Il faudra vacciner dans un intervalle de trois semaines à un mois selon les études cliniques".
Est-ce qu'il sera différent du vaccin contre la grippe ?
"C’est un vaccin tout à fait normal. C’est une injection intramusculaire, exactement comme un vaccin pour la grippe. Dans les pharmacies, nous avons un lieu de confidentialité qui sert à toutes les nouvelles missions de service qui nous sont confiées. C'est une salle qui est par exemple dédiée à la vaccination. C'est pourquoi nous militons pour que les pharmaciens soient dans la boucle de la vaccination, ce qui n’est pas encore acquis.Vaccination anti-Covid : les pharmaciens n’entreront pas en scène tout de suite - @moniteur_news https://t.co/mswLYhrlLM #santé #vaccin #covid19 #pharmacie pic.twitter.com/Z9b5ISXLJu
— J'aide ma pharmacie (@jaidemapharma) November 30, 2020
Depuis deux ans, nous avons le droit de vacciner contre la grippe. C’est un grand succès puisque nous avons très fortement augmenté la couverture vaccinale.
L’avantage de la pharmacie est son maillage territoriale. Il y a plus de 20 milles officines en France. Même au fin fond de la campagne, il y a toujours une pharmacie ouverte qui est proche des patients et qui peut vacciner.
Franchement, avec les conditions de stockage des premiers vaccins de Pfizer et Moderna, je vois mal comment l’Etat pourrait se passer de nous pour vacciner contre le Covid un maximum de Français dans un laps de temps assez court".
Quand vont-ils arriver ?
"On ne sait absolument pas quand on aura le premier vaccin en pharmacie. On a demandé à l’Etat pour savoir quand nous recevrons les vaccins et le droit de les injecter. Mais ce sont deux gros points d’interrogation encore pour l’instant. Il y a un certain flou artistique qui règne au niveau de l’Etat. En ce moment, il n’y a personne qui sait ce qui se passe".Pour qui seront ces vaccins ?
"Les premières personnes vaccinées seront celles en Ehpad et les soignants qui y exercent. Cela représente environ 700 000 personnes (600 000 personnes en Ehpad et 100 000 soignants).Ensuite, il y aura les personnes de plus de 75 ans qui ne sont pas dans les Ehpad, les plus de 65 ans et les plus de 50 ans. L’âge est le premier facteur du Covid. C’est le facteur de gravité "puissance dix" par rapport aux autres facteurs de risques.
Des bons serons édités, soit par l’Etat soit par l’assurance maladie pour les personnes éligibles prioritairement, en accord avec les recommandations de la HAS (Haute Autorité de Santé). Cela pourra se faire en pharmacie (nous l'espérons), chez son médecin ou peut-être dans un "vaccinodrome". Pour l’instant rien n'est encore décidé.
Comme le mode de conservation de ces vaccins est très pointu, il faudra que les personnes qui viennent les chercher se fassent vacciner tout de suite. On n’imagine pas un patient venir chercher un vaccin à la pharmacie, le prendre dans une poche de froid et puis l’oublier pendant une demi-journée à température ambiante. Là, effectivement, il y a de fortes chances que le vaccin ne soit plus stable et donc n’est plus aucune efficacité".