PHOTOS. Adieu Dahlias ! Bonjour Cactus et plantes exotiques : comment les serres municipales s'adaptent au changement climatique

A l'heure du renouvellement des 150 points de fleurissement de Toulouse (Haute-Garonne), les serres municipales adaptent leur pratique et font progresser leur connaissance pour s'adapter au dérèglement climatique.

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Environ 8 000 plantes par jour sortent des serres municipales de Toulouse en Haute-Garonne. La vingtaine d’agents qui y est employée, boulevarde la Marne, non loin du centre-ville, s’affaire en ce mercredi 18 octobre 2023, à les préparer pour qu’elles rejoignent les 150 points de fleurissement de la Ville.

D’ici trois semaines à un mois, les plantes des rond-points, jardins historiques, parcs, ou même dans certaines cours d’écoles, auront changé de composition. Certaines plantes sont renouvelées une fois ou deux fois par an, à l’automne et/ou au printemps.

Un labeur rendu complexe par le dérèglement climatique, les épisodes de sécheresse, de gel, les canicules. "Dans l’histoire des jardins, il y a toujours eu cette culture de mettre de la fleur dans les massifs deux fois par an pour marquer les saisons, rappelle Fabien Granier, directeur des jardins et des espaces verts de la Ville de Toulouse. Aujourd’hui, le changement climatique avec le fleurissement annuel et bisannuel, c’est gênant dans le sens où c’est chronophage. Deux fois par an, il faut refaire ou compléter les massifs, et c’est consommateur d’eau car ces végétaux-là sont dans des petits godets en plantation où le substrat est très faible. Il faut bien les arroser. C’est moins vrai en hiver. »

Baisse de 50% de la production

Depuis 2017, les équipes mènent un travail sur la palette végétale pour rendre ce travail moins chronophage et surtout faire face aux nouvelles conditions climatiques. Première mesure, la production a été diminuée de 50%. La composition des massifs a été revue sur certains sites moins visibles pour le passant comme les ronds-points. « À part un volume de couleurs, on ne voyait pas grand-chose, analyse Fabien Granier. Au lieu de fleurir intégralement le massif, on ne fleurit plus qu'une bande périphérique, circulaire ou en languette, notamment au niveau des arrivées dans le massif. Tout le centre est occupé par de la pelouse, ou des arbres, des arbustes ou des plantes vivaces. » Des changements déjà visibles au massif du Rotary club situé devant la médiathèque Cabanis et celui du rond-point Arnaud Bernard.

Un guide sur l'utilisation des vivaces

Sélectionner les végétaux relève d’un travail précis en amont. Il s’appuie sur le retour d’expérience des différentes équipes de jardiniers de la Ville. Depuis trois ans, chaque équipe compte un référent fleurissement chargé d’effectuer les commandes et de surveiller le comportement des plantes. Ce retour d’expérience riche en information sur la résistance des végétaux, sera consigné dans un guide sur les plantes vivaces, dont la finalisation est prévue au printemps.

Le choix doit être subtil pour s’adapter au climat toulousain. "L'été, on a de très fortes chaleurs et sur une période qui, commence à la fin du mois de mai, relève encore le directeur. Cette année, on a eu pas mal de pluie en juillet, puis aucune précipitation depuis août. Et en ce mois d’octobre,  il fait encore doux et nous avons depuis quelques jours des restrictions d’eau. Ça ne veut pas dire qu’il ne gèlera pas prochainement. Donc on ne peut pas forcément mettre que des végétaux méditerranéens."

"On essaye de sélectionner au maximum, des plantes qui malgré tout vont essayer de tenir le choc"

Christelle Bringaud, directrice des serres municipales

Exit les Dahlias qui demandaient beaucoup d’eau. Place aux essences exotiques. Bulbines arbustives, Fuchsia de Californie, Marguerite des savanes, Pourpier de Cooper, Liseron de Mauritanie, etc. Beaucoup sont issues de l’hémisphère sud. « Pour celles qui restent en place un an, on essaye de trouver des plantes qui vont malgré tout résister aux fortes chaleurs. Comme le Lantana camara qui supporte les canicules. On essaye de sélectionner au maximum, des plantes qui malgré tout vont essayer de tenir le choc, confirme Christelle Bringaud, responsable des serres municipales.

"On va s’orienter aussi de plus en plus sur des massifs dits secs comme les cactus, complète la directrice. On mettra des euphorbes qui auront une petite floraison très belle et ne gèlera pas l’hiver. Les sauges aussi fleurissent très longtemps et résistent bien à la chaleur comme à des températures hivernales pouvant aller jusqu’à moins 15 degrés. Il y a quinze ans, elles étaient sous-exploitées. Or, elles offrent une belle variété de couleurs. L’idée c’est de choisir des vivaces qui puissent rester en place 5 à 10 ans. On doit pouvoir offrir quelque chose de qualité. Et en parallèle, améliorer l’utilisation des cultivars  ( NDRL : variété de plantes) qui résistent aussi."

Mais certaines plantes restent irremplaçables en raison de leur portée culturelle, comme les Chrysanthèmes, liés à la Toussaint. « C’est une des plantes que l’on aura du mal à remplacer, souligne Christelle Bringaud. On utilise une autre variété en bouton qui a remplacé les grosses fleurs. On en produit plus que 900 au lieu de 1500 pour orner les cimetières et autres lieux de cérémonie car cela nécessite encore beaucoup d’eau à l’arrosage. Un litre d’eau par jour en goutte à goutte.»

D’autres actions sont menées pour lutter contre les effets du dérèglement climatique. L'achat d’un broyeur permet désormais de fabriquer un paillage utile aux jardiniers issus de l'élagage des arbres. "Cette couche intermédiaire permet de lutter contre les adventices, de favoriser la biodiversité, et de réaliser des économies d’eau", justifie Thierry Granier.

Un arrosage intelligent

L’eau, c’est l’autre levier sur lequel la municipalité se penche. En cette période de nouvelle restriction mi octobre, l’arrosage s’effectue avant 8h du matin, ce qui mobilise les agents plus tôt. Pour réduire sa consommation, la Ville envisage de tester un système d’arrosage intelligent dès le printemps prochain sur certains de ses sites. « On va le déployer progressivement sur toute la ville dans les jardins, les parcs mais aussi les terrains de sport », annonce Clément Riquet, conseiller municipal en charge des jardins et des espaces verts. Piloté par des logiciels, des capteurs seront capables de mesurer la quantité d’eau nécessaire à chaque site.

Objectif : baisser de 30 % la consommation. D’autres solutions sont envisagées comme les forages en eau brut quand l’état des nappes phréatiques le rend possible.  « On le fait quand c’est possible par exemple dans les jardins partagés », explique l'élu. Autre piste, la récupération des eaux de pluies pour alimenter les serres municipales ou les points de fleurissement ou l’utilisation des eaux grises comme celles issues de la station de traitement de l’eau de Ginestous. Encore faut-il l’acheminer sans engendrer un lourd bilan carbone. L’utilisation de l’eau de la piscine Nakache l’an dernier pour arroser les végétaux de la Ville ne s’inscrit pas forcément dans un cercle vertueux, reconnaît la municipalité.

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