Pour célébrer les 32 ans de la chute du Mur de Berlin, le street-artiste originaire de Toulouse, James Colomina, a installé dans la ville deux de ses célèbres sculptures rouges d'enfants. L'une se trouve sur le tronçon restant du mur, et l'autre sur un pylône à proximité du métro.
En toute insouciance, ses deux couettes vissées sur la tête et son ours en peluche à la main, une petite fille essaie de franchir le mur de Berlin. Âgée de sept ans, "Mandy" est la dernière sculpture de résine rouge de l'artiste toulousain James Colomina. Il l'a installée dans la nuit du lundi 8 novembre sur la East Side Gallery, un morceau de 1,3km de l'ancien Mur de Berlin aujourd'hui recouvert de centaines d'oeuvres de street-art. Une manière de rendre hommage lui-aussi à l'anniversaire de sa chute, survenue le 9 novembre 1989.
"C'était le prénom le plus utilisé dans l'Allemagne de l'Est par les parents qui rêvaient de partir", soutient le street-artiste. "Mandy, c'est une fille qui passe le mur avec toute la légèreté qu'on peut avoir à cet âge-là avec la chose la plus importante de sa vie, à savoir son nounours. Elle veut rejoindre la liberté et un monde meilleur".
Ailleurs dans la ville, sur un pylône près d'un pont de la ligne de métro U1, un enfant âgé d'une dizaine d'années, sweat à capuche sur le dos, masque à gaz sur le visage. "Ici, la statue est à 10 mètres du sol, car le but c'est aussi que notre art soit le plus visible possible". Comme à chaque fois, l'installation s'est faite dans la nuit, en cachette des autorités. "Parler avec les autorités c'est compliqué, alors dans un pays qu'on ne connait pas et dont on ne maitrise pas la langue... Vu qu'on fait quelque chose de non-autorisé, il ne vaut mieux pas leur parler ! [rires]", s'amuse James Colomina.
Pour s'assurer de la rapidité d'exécution, des repérages préalables sont nécessaires afin d'appréhender le lieu, et d'adapter ensuite le poids et la taille de la sculpture en fonction de l'endroit. Cette fois-ci, il n'a eu besoin que de 10 à 20 min pour installer "Mandy" et "L'enfant au masque".
"Apporter sa pierre à l'édifice"
Fasciné par Berlin et par la forte culture artistique de la ville, James Colomina a toujours voulu y déposer l'une de ses créations. "Berlin c'est une ville chargée d'histoire, donc j'ai profité de l'anniversaire de la Chute du mur pour apporter ma pierre à l'édifice dans une ville de street-art", confie-t-il.
Car au travers de chacune de ses oeuvres, James Colomina souhaite aussi apporter dans la rue une réflexion sur la société. "Je veux que chaque oeuvre soit chargée de sens pour parler des problèmes que nous traversons", dit-il. Avec "L'enfant au masque", l'artiste a voulu faire référence aux questions de la pollution de l'air, de l'isolement face au Covid, et du sentiment d'enfermement.
Pour l'instant, impossible de savoir si les oeuvres de James Colomina pourront rester où elles sont. De nombreux conducteurs de métro ont été perturbés par la sculpture de l'enfant au masque, croyant tout d'abord que c'était une vraie personne. Et la East Side Gallery, partie du Mur où se trouve Mandy, est classée au patrimoine des monuments historiques.