Depuis le 1er septembre, la ville de Toulouse a instauré dans certains équipements un tarif réservé aux non-Toulousains. A l'encontre de l'esprit métropolitain de la ville ?
C'est un père de famille qui a fait le calcul. Alors que son enfant payait jusqu'à présent 1,20 euro pour entrer dans une piscine toulousaine, il doit désormais, parce qu'il réside dans une commune de la périphérie, débourser 4,40 euros, soit une augmentation de 314 % !
La ville de Toulouse a en effet instauré au 1er septembre un tarif pour les "non-toulousains" dans certains de ses équipements, notamment les piscines et les patinoires. Ces tarifs "réservés" aux non-résidents de la ville ne comprennent pas en outre de tarif réduit (pour les moins de 25 ans ou les séniors) ou même de cas de gratuité (pour les enfants de moins de 7 ans) comme c'est le cas pour les résidants toulousains.
Alors que Toulouse et ses communes avoisinantes sont devenues officiellement le 1er janvier dernier une Métropole, avec des pouvoirs étendus, que les discours politiques tendent vers la création d'un "esprit métropolitain", cette distinction de tarifs introduit-elle une différence entre les "vrais" Toulousains, ceux qui habitent la ville, et les autres qui résident dans les communes de l'agglomération mais ne peuvent justifier d'une adresse sur Toulouse ?
Non, répond l'adjoint au maire chargé des finances, Sacha Briand. "La ville centre ne doit pas supporter les charges pour tout le monde, explique-t-il. Cette double tarification concerne les activités à vocation municipale. Le coût de revient des services publics et de plus en plus élevé. Or nous avons déjà augmenté les tarifs pour les Toulousains à qui nous demandons aussi un effort de fiscalité aux Toulousains. La question qui se posait c'était de savoir si l'on demandait aux métropolitains le même effort sur les tarifs ou un effort supplémentaire sachant qu'ils ne supportent pas la fiscalité de Toulouse".
Les équipements qui ont été ciblés sont ceux où la part d'utilisateurs hors-Toulouse est la plus élevé. Mais "ce dispositif a vocation a être généralisé à tous les secteurs d'activité", indique Sacha Briand, qui précise que cette procédure s'inscrit dans la volonté de la mairie de revoir tous les tarifs avec notamment le projet de transférer certains équipements de la ville à la métropole (lire encadré ci-dessous).
Pour l'opposition cette double tarification est "mesquine", selon Joël Carreiras, ancien adjoint chargé des finances de Pierre Cohen et conseiller municipal PS. "C'est surtout le symbole d'un repli, estime-t-il, plutôt que d'une ouverture. Et c'est mesquin parce qu'en terme de gain financier, ce n'est pas énorme". S'il reconnaît que certaines municipalités de la banlieue toulousaine ont déjà cette double tarification sur certains équipements, Joël Carreiras conteste l'argument de la centralité de Toulouse : "Quand un Balmanais ou un Tournefeuillais vient faire les soldes avenue Alsace-Lorraine, il y a un apport pour Toulouse. La centralité rapporte plus qu'elle ne coûte à une ville comme Toulouse".
Stadium, Orchestre, Zénith, Cité de l'Espace bientôt transférés à la Métropole ?
Le 29 septembre prochain, le Conseil de Métropole étudiera la proposition de la ville de transférer des équipements phares ou à vocation métropolitaine de la ville de Toulouse à la Métropole.
Une commission qui travaille sur ce sujet a établi une liste sur laquelle figurent entre autres l'Orchestre National du Capitole de Toulouse, le TNT, le Stadium, la Zénith ou encore le Palais des Sports.
"Je suis globalement favorable à ces transferts de compétence, estime le socialiste Joël Carreiras, à partir du moment où ce sont des équipements qui contribuent par leur rayonnement à l'image de la Métropole. Encore faut-il que les communes périphériques acceptent de prendre leur part du coût de ces services publics".