Des centaines de manifestants ont défilé dans les rues de Toulouse contre l'islamophobie ce dimanche 10 novembre. Ils ont répondu à l'appel national lancé le 1er novembre, alors que de nombreuses polémiques autour de l'islam refont surface.
Banderoles et pancartes en main, ils sont des centaines à dire « Stop à l’islamophobie ». Deux semaines après l'attaque d'une mosquée à Bayonne, de nombreuses personnes croyantes ou non se sont réunies à Jean-Jaurès à Toulouse pour dénoncer la stigmatisation grandissante des musulmans, victimes de discriminations et d’agressions.
Pauline Salingue, militante du Nouveau Parti Anticapitaliste à l'origine de cette manifestation, dénonce un racisme croissant :
Rassemblement éclectique
Cette marche a rassemblé des manifestants de tous horizons : dans le défilé, on pouvait apercevoir les drapeaux de Force Ouvrière, le Mouvement de la Paix ou encore de la communauté démocratique Kurde de Toulouse. Les manifestants ont défilé à partir de 15h pour rejoindre la préfecture de la Haute-Garonne.
Chose rare lors de ces rassemblements, la communauté musulmane était aussi représentée. Une femme qui portait le voile a souhaité expliqué sa décision et évoqué les amalgames dont elle a été victime :
À partir du moment qu'elles portent un voile, on pense que les femmes sont des terroristes, des intégristes. Alors que c'est juste un choix personnel. Moi j'ai déjà accompagné des sorties scolaires avec mon foulard, ce n'est pas pour autant que je fais de la publicité à l'islam.
Appel national
Tout est parti d'un appel national lancé dans le journal Libération le 1er novembre dernier, alors que de nombreuses polémiques autour de l'islam sont reparues dans l'actualité. Après l'attaque de la mosquée de Bayonne et la question du voile à nouveau relancée, de nombreux partis de gauche, syndicats et associations ont voulu afficher leur soutien et ont appelé à manifester à Paris, Toulouse, Marseille et Avignon pour dire "Stop à l'islamophobie". En Haute-Garonne, des organisations comme la CGT 31, l'Union des Etudiant.e.s Toulousain.e.s, la Fondation Copernic Toulouse ou encore EELV Midi-Pyrénées ont signé cette tribune.
Controverses politiques
Mais beaucoup de personnalités politiques ont fait marche arrière car certains organisateurs et signataires de cette marche étaient controversés : notamment le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF). Alors qu'il se présente comme une association "apolitique, areligieuse et indépendante", il est soupçonné d'avoir des liens avec les Frères Musulmans, une organisation internationale de promotion de l'islam rigoriste.Même ici en Haute-Garonne, peu de politiques ont répondu à l'appel. Salah Amokrane, militant associatif de gauche affilié à Génération(s), le parti de Benoit Hamon était présent. Il avait créé la surprise aux municipales de Toulouse en 2001 avec sa liste "Motivé-e-s". Son frère Mouss, ex-membre du groupe Zebda l'accompagnait.
Des lois "liberticides" ?
Mais autrement, la plupart des partis de gauche n'étaient pas représentés. Le PS a demandé à ses militants de boycotter la marche. Vincent Gibert, conseiller départemental du PS, a expliqué que cette marche remettait en question le cadre légal français :Quant aux membres d"EELV Midi-Pyrénées, pourtant signataires de la tribune, ils n'ont pas été aperçus lors du défilé. Cette manifestation a tout de même attiré plus de monde que celle du 27 octobre dernier où près de 200 personnes avaient défilé à Toulouse.Il y a l'idée avancée que les lois sont liberticides [...] Aujourd'hui, la République a le cadre juridique mais elle ne se donne pas assez les moyens contre celles et ceux qui discriminent.