Après une première intervention sur le Lac Victoria (l'un des lacs africains les plus pollués au monde), des Toulousains sont au Kenya pour sensibiliser sur le fléau environnemental des plastiques. A bord d'un bateau entièrement fabriqué à partir de déchets, ils tentent aussi de trouver des solutions avec les communautés locales.
Umber studio est une agence audiovisuelle de Toulouse. Le 4 mars 2021, certains membres ont embarqué à bord d'un bateau unique au monde, construit à partir de déchets plastiques. Un an plus tard, c'est désormais sur 2 bateaux qu'ils mènent leur action de sensibilisation toujours en Afrique, sur la côte Nord du Kenya.
Lamu, un archipel d'îles kenyanes pollué par les plastiques
Le projet intitulé Flip Flopi (du nom des chaussures tongs en anglais, principale source de pollution sur la côte kenyane) est né à Lamu, au nord du Kenya. Un archipel envahi de plastique, berceau aussi des bateaux traditionnels.
A l'origine, on retrouve des Toulousains dont Louise Bosser et Elian Perrot partis avec Eric Loizeau, un navigateur et alpiniste français surnommé "Le Captain".
En tout, ils sont une vingtaine sur les 2 bateaux partis à la rencontre des communautés locales pour donner un écho mondial à la pollution des plastiques. "Lamu est un lieu extrêmement pollué à cause des courants marins, c'est le récipient plastique de la pollution mondiale. Chaque année, suite aux clean-up organisés, on compte 40 tonnes sur les plages de Lamu. Ils viennent de Chine, d'Indonésie, ou de Tanzanie pour ne citer que ces pays."
Alors, Louise Bosser est repartie en Afrique visiter les différentes îles de l'archipel de Lamu.
Dans les mangroves, les racines des arbres sont gorgées de plastique. Il y a de tout : jouets, chaussures, bidons, frisbees...
Les deux équipages sont partis le 21 février de Lamu pour rencontrer les différentes communautés de l'archipel. A leur retour début mars à Lamu, les ânes broutent toujours du plastique.
Sur place, ils quantifient les tonnes de détritus et analysent leur provenance.
Une visée scientifique et un engagement des communautés
L'agence audiovisuelle toulousaine tourne des images pour réaliser un reportage, mais elle est surtout présente avec un objectif scientifique. "Nous sommes là pour faire des prélèvements dans les eaux un peu partout sur l'archipel et collecter les plastiques pour connaître leur provenance. Nous voulons aussi engager les communautés, les sensibiliser, leur faire voir les possibilités de recycler. Nous sommes venus avec plusieurs machines "low tech" pour décomposer le plastique en paillette, d'autres pour le faire fondre, le recycler et faire des objets. Tout le monde est surpris d'apprendre qu'un sac plastique puisse devenir un verre ou quelque chose qui va servir", assure Louise Bosser.
Ces communautés qui regroupent entre 100 et 800 personnes chacune n'avaient pas jusqu'à présent de gestion des déchets. Le travail des Toulousains permet d'abord de faire de la pédagogie pour ensuite créer des emplois et leur permettre d'avoir du matériel pour se débarrasser partiellement de cette pollution. Car l'activité principale de l'archipel c'est la pêche et avec ce fléau, les poissons sont de moins en moins présents.
Un nouveau bateau entièrement construit avec des déchets plastiques
Le premier "Dhow" -une embarcation traditionnelle du Kenya- a été construit en 2017. Tout est en matière plastique recyclée, sauf le mât en bois. Ensemble, ils vont construire un nouveau bateau de 20 m contre 9 m pour le premier.
Ces bateaux entièrement en plastique recyclé sont uniques au monde. Nous sommes allés dans le concret, avec des machines, des ateliers de recyclage avec les populations locales. On a réussi a engager les communautés, à mettre en visibilité cette pollution mondiale.
Claire Bosser, participante au projet Flip Flopy
Dès demain samedi 5 mars, les Toulousains regagneront la ville rose. Il n'y a pas d’autres expéditions prévues, mais une vidéo bientôt partagée sur les réseaux sociaux pour immortaliser ce beau projet écologique et humanitaire.