Pollution : "Les microplastiques circuleront encore des millénaires dans nos écosystèmes", selon une étude du CNRS

Les chercheurs du CNRS de Toulouse viennent d’établir le premier modèle du cycle de vie des microplastiques retrouvés dans les Pyrénées. Selon leurs conclusions, même si nous réduisons drastiquement leur production, ces particulent risquent de circuler pendant des millénaires.

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Après la découverte de microplastiques dans la Garonne, l’air du Pic du Midi, ou encore la neige des Pyrénées, une équipe du CNRS de Toulouse a établi le premier modèle compréhensif du cycle de vie des microplastiques. Et leurs conclusions sont, sans surprise, alarmantes.

"On voulait savoir quelle quantité de gros plastiques se transforment en petits plastiques, qui sont encore plus dangereux pour notre santé et pour la biodiversité, et où ils vont ensuite", précise Gaël Le Roux, directeur de recherche CNRS au Laboratoire écologie fonctionnelle et environnement.

10 000 fois plus de plastique qu'à la surface des océans

Dans un premier temps, les chercheurs ont donc effectué un travail de synthèse afin d’estimer les quantités de microplastiques présents dans l’océan profond, dans les sédiments marins, sur les plages et sur les surfaces continentales. D’autres études récentes ont chiffré les flux d’émissions et de dépôts atmosphériques, les taux de sédimentation océaniques et la vitesse de dégradation des plastiques en microplastiques.

L’ensemble de ces estimations a permis la première conceptualisation du cycle de vie des plastiques, pour 2015 comme année de référence. Les chercheurs ont par exemple observé que la dispersion des plastiques via les rivières est plus importante que la dispersion par émission terrestre.

On parle beaucoup du plastique qui flotte dans les océans, mais on s’est rendu compte qu’il y avait plus de 10 000 fois plus de plastiques dans nos continents qu’à la surface des océans.

Gaël Le Roux, directeur de recherche CNRS au Laboratoire écologie fonctionnelle et environnement

" A l'échelle d'une génération, le plastique ne disparaît jamais."

L’équipe a ensuite formulé un modèle mathématique du cycle de vie des plastiques, afin de simuler la progression de leur dispersion depuis 1950 dans l’environnement, vers l’air, les océans et les sols.

"Même si on réduit drastiquement la production des plastiques et qu’on améliore sa gestion dans les décennies à venir, le modèle montre que les microplastiques vont continuer de circuler pendant des millénaires dans nos écosystèmes", ajoute le chercheur.

Même dans les scénarios les plus optimistes de réduction des déchets plastiques, le système terrestre va mettre des centaines d’années à les digérer.

Gaël Le Roux, directeur de recherche CNRS au Laboratoire écologie fonctionnelle et environnement

Sans surprise, l’étude préconise une gestion plus durable des déchets anciens et nouveaux dans les milieux urbains, industriels et agricoles, afin de limiter la future dispersion des microplastiques. "Ce type de modèle montre que notre activité humaine a des conséquences pour des centaines d’années à venir, et qu’il est urgent d'agir", ajoute le chercheur. 

Des lois contre la pollution plastique encore très insuffisantes 

En France, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire fixe comme objectif d’atteindre la fin de la mise sur le marché d’emballages en plastique à usage unique d’ici à 2040. Depuis sa mise en application en 2020, plusieurs produits en plastique ont commencé à disparaitre, comme par exemple les pailles, les couverts jetables ou encore les touillettes, interdits depuis le 1er janvier 2021.

Bien qu’allant dans le bon sens, ces mesures sont non seulement très insuffisantes au regard de l’urgence de la situation, mais certaines sont même contre-productives. Les enseignes de restaurations rapides ont, par exemple, l’obligation de passer à la vaisselle réutilisable pour les repas consommés sur place, depuis ce 1er janvier 2023. McDonald’s a donc fait le choix de remplacer ses emballages jetables en cartons par … des emballages lavables en plastique. Du tritan, plus précisément, un dérivé du plastique très solide supportant les lavages répétés. Le chemin vers un monde sans plastique semble encore très (très) long.

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