Colbert Lejeune, habitant de l'Union près de Toulouse en Haute-Garonne, est ancien résistant de la Seconde Guerre mondiale. Aujourd'hui, âgé de 101 ans, il est décoré ce samedi 11 novembre 2023 de la Légion d'honneur.
Colbert Lejeune n'en revient pas. Ce samedi 11 novembre 2023, cet habitant de l'Union, âgé de 101 ans, est décoré de la Légion d'honneur des mains de Pierre-André Durand, Préfet de la région Occitanie, à l’occasion de la commémoration de l’armistice du 11 novembre 1918.
"Je suis très, très, surpris, commente humblement, à notre équipe de France 3 Occitanie, l'ancien résistant, né le 1er septembre 1922, à Theuville (Eure et Loir), près de Chartres. Je ne crois pas que je mérite plus que d'autre, ce que j'ai fait dans ma vie, il y en a beaucoup qui ont fait comme moi ! ". Aujourd'hui âgé de 101 ans, Colbert Lejeune conserve une très bonne mémoire. C'est à la suite de sa rencontre avec Jean-François Bec, président de l'association L'Union histoire mémoire et patrimoine (LUHMEP), il y a une dizaine d'années, qu'il dévoile sa vie et ouvre ses nombreuses archives. L'association et la mairie de l'Union seront les artisanes de sa Légion d'Honneur.
Ouvrier agricole dès ses 14 ans, Colbert Lejeune, échappe deux fois au STO (Service du Travail Obligatoire, institué par le Régime de Vichy) au printemps 1943 pour raisons de santé. Mais il est déclaré apte la 3ème fois. Il part à Berlin en mai 1943 comme employé de la laiterie Waschowski, installée au centre de la capitale de l'Allemagne nazie. Il effectue des livraisons dans toute la ville, et vit vite les dangers de la vie sous le régime nazi et ceux des bombardements anglo-américains. Il cherche à fuir pour poursuivre le combat contre l'occupant en France.
Aidé par un médecin français
C'est un médecin français qui l'aidera. En janvier 1944, il lui signe un certificat de complaisance, précisant que l'état de santé de sa mère nécessite son retour en France. Il obtient difficilement une permission du 27 janvier au 15 février 1944 et ne repartira jamais en Allemagne. Toujours ouvrier agricole, il se cache de ferme en ferme, en situation périlleuse de réfractaire au STO pendant six mois, avec la complicité d'amis d'enfance ayant rejoint la Résistance.
" J'avais des fausses cartes d'identité qui commençaient toutes par la lettre L"
Colbert Lejeune
Sous le nom de Colbert Lacour, il rejoint finalement les FTP (Francs-Tireurs Partisans) puis les FFI (Forces Françaises de l'Intérieur) de mars à août 1944. " J'avais des fausses cartes d'identité qui commençaient toutes par la lettre L", déclare-t-il en les montrant.
Au sein de la Résistance, il mène des actions décisives. Il participe à diverses opérations, dont une récupération de parachutage, le 6 juin 1944 dans la Beauce et une de sabotage, celle de la voie ferrée Chartres-Orléans. "J'étais toujours très prudent. Quand il fallait passer la nationale, je descendais toujours de vélo pour vérifier s'il n' y avait pas une patrouille allemande", se souvient-il encore.
" Il a risqué sa peau ! "
En juillet, il échappe d'ailleurs à une rafle qui fait suite à une attaque manquée contre deux soldats allemands. Fin septembre 1944, il s'engage, comme volontaire pour la durée de la guerre, avec quatre de ses amis, dans l'armée française au Bataillon de marche de Dreux, qui sera intégré ultérieurement au 131ème Régiment d'Infanterie-3ème Bataillon.
Le 11 novembre 1944, il défile avec son Bataillon en tête des bataillons FFI. Il participe à différents combats de réduction, en avril et mai 1945, des poches allemandes de l'Atlantique.
Colbert Lejeune est démobilisé le 1er décembre 1945 et reprend la vie civile. Il a été officiellement reconnu réfractaire pour la période du 16 février au 18 août 1944. Pour sa participation aux combats de la Libération, il est attributaire de la médaille de la guerre de 39-45 avec barrettes.
L'attribution de sa Légion d'honneur "est vraiment méritée", souligne Jean-François Bec. " Il a risqué sa peau ! L'un de ses grands copains a été tué à côté de lui. Il était temps !"
(Avec Sandra Wachlewicz)