L'élection d'un nouveau Conseil d'administration, en septembre 2022, a déclenché un conflit avec les salariés. Le directeur a été démis de ses fonctions. L'institution est en grève illimitée. On fait le point.
La colère gronde dans les rangs des salariés de l'Institut des jeunes aveugles de Toulouse (Haute-Garonne).
Depuis le 16 janvier 2023, ils se sont mis en grève illimitée dans un contexte de crise institutionnelle. En effet, l'ancien directeur du site, en poste depuis 24 ans, s'est fait licencier par le Conseil d'administration fraîchement nommé.
Depuis septembre 2022, un nouveau CA a été installé, suite à la démission de l'ancien président .
Le Conseil d'administration dans le viseur des salariés
Les nouveaux membres du CA ont été cooptés par les anciens administrateurs. "Chaque année, 1/3 est renouvelé", nous explique Olivier Charbot un des membres de la direction et salarié de l'institut.
Les méthodes actuelles du CA sont perçues depuis plusieurs semaines par les salariés comme autoritaires et arbitraires. Près de la moitié des 180 salariés suit le mouvement de grève.
Il n'y a pas de prise en compte de la réalité du secteur médico-social, des besoins des familles, des efforts de tous les salariés et de la pertinence historiquement acquise de notre institution.
Olivier Chabot, un des membres de la direction
Il ajoute : "les pratiques du Conseil d’administration se traduisent par un fonctionnement de suspicion, de défiance et de remise en cause des professionnels, de leur intégrité et de leur engagement."
Les familles au rendez-vous
Le mouvement est soutenu par certaines familles. C'est le cas de Nadine Ait Moumma, maman de Maël, aveugle. Son fils de sept ans bénéficie de l'aide apportée par l'IJA depuis 2020 : "en raison de sa maladie rare, je suis très présente là bas, car il est sous assistance respiratoire. Les équipes font du super travail, c'est important de les soutenir."
Cette mère de famille craint que les salariés ne partent si leurs revendications ne sont pas entendues.
Malgré le mouvement de grève, Olivier Charbot précise : "les soins continuent d'être assurés, afin de ne pas pénaliser, ou en tout cas le moins possible, les jeunes et les familles."
Quelles sont les revendications ?
Cette grève à durée illimitée vise :
- La réintégration du directeur Jacques Montauriol
- La préservation de l’IJA comme institution vivante, dynamique, innovante et bienveillante à l’égard des personnes, des familles et de l’ensemble des professionnels
- La démission du CA et la refonte de la gouvernance associative
Des négociations sont prévues en fin d'après-midi ce 18 janvier.
Une pétition en ligne a été lancée. 562 signatures ont été récoltées.
Le CA se justifie
Contacté le Conseil d'administration explique : "Nous avons licencié le directeur suite à une enquête externe mettant en lumière des faits de harcèlement dénoncés au préalable par une lettre anonyme de salariés".
Bertrand Desarnauts membre du bureau précise : "Nous ne remettons pas en question ses compétences pour s'occuper des aveugles de l'institut, mais nous ne reviendrons pas sur notre décisions suite à ce que nous avons appris." Il conclu :
Le bureau est profondément humaniste, il faudrait que les salariés nous laissent une chance de le prouver. Il y a dans nos rangs des médecins, des psychologues ou des avocats qui œuvrent bénévolement pour cette structure.
Bertrand Desarnauts membre du bureau
Plus de 150 ans d'existence
L’Institut des Jeunes Aveugles (IJA) est une fondation reconnue d’utilité publique créée en 1866. Il accueille et accompagne des enfants et des adultes déficients visuels, avec ou sans handicaps associés, y compris les situations les plus complexes.
Aujourd’hui, il s’adresse à plus de 500 personnes par an. Pour Olivier Chabot, l'IJA : "porte des valeurs de tolérance et de solidarité. Il offre un engagement d’accueil inconditionnel, et des réponses graduées et adaptées à la situation de chacun."