282 enfants dorment dans la rue dans le bassin toulousain selon Réseau éducation sans frontière 31. Une situation impensable pour les associations comme pour les personnels de l'éducation qui se mobilisent, parfois en ouvrant les portes de leur école.
"À ce jour, aucune solution pérenne n'a été trouvée. Et personne ne s'en inquiète vraiment", déplore Chrystel Gombert. Cette directrice de l'école maternelle du Pilat à Saint-Gaudens, en Haute-Garonne, a hébergé une maman et un enfant de 3 ans dans son école pendant près de trois semaines, juste avant les vacances de la Toussaint.
"Comme ce sont les congés scolaires, on fait marcher le réseau de bénévoles de diverses associations", résume la cheffe d'établissement. La jeune maman et son fils dorment donc chez des particuliers ou dans des hôtels.
Prise en charge par le 115 à Toulouse avant l'été, la jeune maman avait ensuite été hébergée dans un hôtel à St Gaudens. Pour répondre à l'obligation de scolariser son enfant qui allait avoir 3 ans fin juillet, elle a pris soin d'inscrire son fils à l'école du Pilat pour la rentrée.
Dans un local poubelle
Mais à la date anniversaire du petit, l'hébergement à l'hôtel s'est arrêté. La jeune maman s'est retrouvée à la rue. Elle y dort avec son enfant dans des parcs et dans un local poubelle tout l'été. "C'est un travailleur social qui m'a informé de sa situation mi-septembre dont je n'avais pas connaissance", témoigne Chrystel Gombert.
La directrice alerte différents élus, se renseigne auprès des structures d'hébergement dont le centre intercommuncal d'aide sociale, qui logent d'autres familles de l'école et sollicite différentes associations. Des nuits d'hôtels sont financées par RESF 31 et le CIAS, des bénévoles accueillent la famille chez eux avant que la directrice n'ouvre les portes de l'école début octobre pour les accueillir.
"J'avais alerté la mairie qu'au delà de 15 jours sans solution, je ne me résignerais pas à laisser dormir cette famille dans un local poubelle !
Chrystel Gombert, directrice école maternelle du Pilat
Inquiète de cette situation qui perdure, Chrystel Gombert a demandé audience à la sous-préfecture dont elle est sans nouvelle pour l'instant. Une pétition a été lancée.
27 établissements concernés
À Toulouse, de plus en plus de familles se retrouvent également à la rue. "Au moins, 27 établissements sont concernés à Toulouse et dans son agglomération", estime Annie Latapie, membre de RESF 31 qui avec l'association Droit au logement 31 avait déjà sonné l'alerte cet été. Ces deux collectifs ont dénoncé les « mises à la rue sèches » de familles et de jeunes enfants « qui se sont multipliées à Toulouse et dans de proches communes alors que l’été est déjà bien entamé ».
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282 enfants dont une cinquantaine âgés de moins de 3 ans y passent ainsi leur nuit à la rue, selon RESF 31. La mobilisation se fait de plus en forte dans les écoles à la veille de la trêve hivernale. Plusieurs rassemblements ont été organisés comme des petits-déjeuners depuis la rentrée pour interpeller sur les situations très délicates des familles comme devant l'école élémentaire Didier Saurat ou plus récemment l'école maternelle Jean Zay.
Confrontés à ces situations, les personnels éducatifs regroupés au sein d'une intersyndicale éducation (FSU, UNSA éducation, FNEC FP FO, SGEN CFDT, CGT Educ'action, Sud Education) et l'association de représentants des parents d'élèves FCPE soutenus par RESF et la Ligue des droits de l'homme, interpelle la préfecture de Haute-Garonne où une délégation est reçue ce mardi 24 octobre. "On veut alerter et demander des réponses, il faut vraiment que les autorités se bougent", insiste Marie-Cécile Perillat, co-secrétaire de la FSU.
Des consignes de fin de prise en charge ?
"La communauté éducative dénonce ces situations inacceptables qui placent des familles dans des conditions de vie indignes, ne garantissant pas aux enfants leur droit fondamental à l'Education.Comme le rappelle la Convention des Droits de l'enfant, l'Etat se doit de garantir à chaque enfant « un niveau de vie suffisant pour permettre son développement physique, mental, spirituel, moral et social » ce qui l'oblige à offrir «en cas de besoin, une assistance matérielle et des programmes d'appui, notamment en ce qui concerne l'alimentation, le vêtement et le logement », écrit l'intersyndicale dans une demande d'audience à la préfecture prévue ce mardi 24 octobre.
Le collectif de syndicats attribue l'augmentation du nombre de familles à la rue à des consignes de la préfecture de la Haute-Garonne au service intégré d'accueil et d'orientation (SIAO) de procéder à des fins de prise en charge. Sollicitée sur ce dernier point, la préfecture n'a pas encore répondu à nos sollicitations.
La communauté éducative, elle, se prépare à une mobilisation le 20 novembre prochain, journée internationale du droit de l'enfant. D'autres écoles, en plus de celle du Pilat à Saint-Gaudens pourraient servir de lieu d'hébergement d'urgence.