À Toulouse, la démolition d’un bâtiment du CHU Purpan va mettre une trentaine de personnes à la rue

Depuis plusieurs années, une trentaine de personnes vit dans un bâtiment désaffecté du CHU Purpan à Toulouse. La bâtisse va être détruite et les occupants doivent quitter les lieux avant le 15 avril 2023. Sans solution de relogement, des familles entières vont se retrouver à la rue.

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La décision est prise. Dans un bulletin publié sur le site officiel des annonces des marchés publics (BOAMP) le 28 mars, l’État entérine la démolition prochaine du pavillon Armengaud. Situé à Toulouse, il appartient au CHU Purpan et abritait, à l’époque, le service des maladies infectieuses. Selon l’avis de démolition, les travaux vont notamment se concentrer sur une phase de désamiantage. 

Inutilisée par le CHU depuis plusieurs années, la bâtisse désaffectée est restée entièrement vide pendant quelque temps, bien qu’elle ait toujours été approvisionnée en eau potable et électricité. Et depuis près de dix ans, ce bâtiment désaffecté abrite des dizaines de familles précaires. Au fil des années, jusqu’à 75 personnes ont vécu entre ces murs. 

Pour les occupants, la démolition annoncée du pavillon ne passe pas. “Nous savons qu’il n’y a pas de projet sur le bâtiment que nous occupons”, dénoncent-ils dans un communiqué. Ils rappellent qu’une expulsion prochaine risquerait de pousser les occupants à “trouver un autre squat alors que dans ce bâtiment public nous ne dérangeons personne”

Les occupants demandent “plus de temps”

Dans ce bâtiment désaffecté, certains occupants sont des réfugiés arrivés en France en provenance de l’Europe de l’est, du Moyen-Orient ou encore d’Afrique du nord. Des femmes, des hommes et des enfants de nationalités bulgare, syrienne ou encore algérienne qui ont pu s’y installer dans le bâtiment grâce au soutien de collectifs et d’associations de défense du droit au logement. 

Bien avant l’annonce officielle de la démolition du bâtiment, le collectif Lascrosses, composé d’occupants du bâtiment, tentait d’alerter sur les conditions difficiles de vie de plusieurs de ses membres. Au sein de ce collectif composé de “plein de nationalités différentes”,  on considère l’autre “comme un frère ou une sœur”. “Mes parents sont malades. Ils ne travaillent pas, je suis le seul à pouvoir les aider. J’ai besoin de plus de temps pour trouver une solution”, supplie l’un de leurs membres.  

Tous les samedis à 11h00 depuis septembre 2014, Sandrine Loustalan vient rendre visite aux occupants du squat de l’hôpital Purpan. Depuis presque dix ans, elle accompagne bénévolement les habitants. Soutien scolaire, aide aux devoirs, simple présence : la riveraine donne de son temps, ce qui lui permet de suivre l’évolution des démarches pour régulariser la situation de chacun.  Et depuis qu’elle fréquente les lieux, “certaines familles ont trouvé un travail, un hébergement”, assure Sandrine Loustalan, qui se réjouit “qu’aucune n’a coupé le lien avec le collectif” après le départ de la structure. “On a créé un lien. Certaines familles repassent assez régulièrement”. 

Victoire devant le conseil d’État en 2017

Déjà menacés d’expulsion par l’hôpital public en 2016, les occupants ont pour la plupart rejoint le collectif Lascrosses dès 2015 pour faire valoir leurs droits au logement. Une pétition en ligne avait été lancée afin de dénoncer le risque de “se retrouver à nouveau à la rue, dans l’insécurité la plus totale”. 

À l’époque, Lascrosses, qui compte aujourd’hui 80 membres, avait intenté un recours devant le conseil d’État. Une démarche devant la justice que le collectif a remporté. Dans une décision rendue le 12 juillet 2017, la plus haute juridiction française a rejeté le pourvoi du CHU de Toulouse qui demandait aux autorités de procéder aux expulsions, permettant ainsi aux occupants de rester dans le bâtiment. 

Depuis l’annonce officielle de la démolition du bâtiment, les acteurs sociaux locaux tels que le DAL31 ou encore les syndicats tels que la CGT du CHU de Toulouse se mobilisent contre l’expulsion des occupants. À ce jour, les autorités ont accordé au collectif un délai supplémentaire d’une dizaine de jours avant que les expulsions ne soient effectives. 

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