Procès du meurtrier présumé de Patricia Bouchon : l'expertise psychiatrique de Laurent Dejean

Mercredi 27 mars 2019, les psychiatres qui ont examiné ou expertisé Laurent Dejean sont venus expliquer aux jurés de quelle pathologie souffrait Laurent Dejean, jugé par la cour d'assises de Haute-Garonne depuis le 14 mars pour le meurtre de la joggeuse de Bouloc, Patricia Bouchon.

L'enfance de Laurent Dejean a été, selon ses propres termes, heureuse et aimante. Mais la mort de son père, alors que lui est âgé de 17 ans, marque le début des premiers troubles.
Il était le dernier d'une fratrie de trois, le seul garçon, et la relation avec le père semble avoir été privilégiée. Son père cédait à ses caprices, raconte le docteur Robert Franck, le psychiatre qui l'a rencontré deux fois à la prison de Seysses, près de Toulouse. 

Mais sa mère, elle, ne cède pas et refuse d'accéder aux demandes de son fils, financières surtout. La frustration provoque des colères chez Laurent Dejean qui s'en prend verbalement à sa mère.

Il est en échec scolaire, a arrêté plusieurs formations et peine à trouver son indépendance. Lui décrit des relations familiales harmonieuses mais sa mère ne supporte plus ses crises et fait intervenir la mairie et les services sociaux pour lui trouver un logement. 
Selon le psychiatre, Laurent Dejean idéalise les relations et les souvenirs, non par déni mais dans l'intention de se présenter sous un bon jour. Et cette attitude semble prouver que la pathologie n'était pas sévère.

Quand s'est-elle aggravée ? Des amis évoquent l'après-rupture avec sa petite amie,  ses collègues et voisins font état de crises et de "pétages de plomb" à partir de 2009. Sa famille, elle, retient l'année 2011.

C'est là que des troubles de la persécution émergent : Laurent Dejean entend des voix. Neuf jours après la disparition de Patricia Bouchon, un ami s'en inquiète et l'emmène chez une médecin-psychiatre libérale. Elle lui prescrit un arrêt de travail d'un mois et des médicaments type anxiolytique et antidépresseurs.
Plus tard, lors d'hospitalisation voire d'internement contraint, des élements de persécution et d'hallucination sont évoqués dans le dossier médical consulté par le docteur Franck.

Les traitements stabilisent l'état de santé de Laurent Dejean mais problème, il continue à être un gros consommateur de cannabis, dont on sait qu'il influe sur la psychose, en compliquant l'efficacité des traitements et en majorant les phénomènes hallucinatoires. "Sans cannabis, il serait peut-être resté "border line", c'est-à-dire à la frontière de la folie mais pas schizophrène". 

L'accusé a connu plusieurs épisodes de décompensation : "la réalité devient insupportable", explique Robert Franck. "on invente  quelque chose pour y échapper, pour changer cette réalité". Des voix, en l'occurrence...

Y a-t-il eu des signes précurseurs du délire schizophrénique qui le touche en 2011 et 2012 ? Au moment des faits, "il a peut-être déjà des troubles mais qui n'abolissent pas son discernement puisqu'il va travailler", poursuit l'expert-psychiatre. Tout au plus une "altération" de ce discernement. 

Jeudi 28 mars, 11ème jour du procès de Laurent Dejean, l'audience sera consacrée aux plaidoiries.

 

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