Procès du meurtrier présumé de Patricia Bouchon : le portrait de Laurent Dejean par ses collègues et voisins

Mardi 19 mars 2019, 4ème jour d'audience dans le procès de Laurent Dejean pour le meurtre de Patricia Bouchon, les collègues et voisins de l'accusé sont venus à la barre pour tenter de décrire sa personnalité et ses comportements au moment des faits. 

Ils n'en ont pas tous le même souvenir mais un élément ressort de chacun des témoignages des anciens collègues de Laurent Dejean, c'est son caractère instable.

Le jeune homme, plutôt solitaire et discret, peut se comporter de manière "normale", polie et dans la minute qui suit, se mettre en colère, crier, serrer les poings et claquer des portes.

Une "bombe à retardement", "une cocotte-minute", décrit un de ses anciens collègues. En 2009, il est embauché sur un chantier de réinsertion. Laurent Dejean y travaille et le "coache" durant une semaine. "Au fil du temps, je me suis aperçu qu'il était impulsif. On ne pouvait pas lui dire comment travailler, il ne supportait pas les réflexions. Un jour, ça allait. Le lendemain, il faisait la gueule, on ne pouvait pas lui adresser la parole. Il lui arrivait de menacer des gens. Et parfois, après, il s'excusait", explique ce témoin à la barre du tribunal. 

Au moment de la disparition de Patricia Bouchon, Laurent Dejean travaille dans une entreprise spécialisée de la région de Bouloc. Quelques jours après les faits, il est arrêté par un médecin. Puis il est placé en unité psychiatrique. Avant de solliciter son licenciement.
A son patron qui témoigne à la barre ce mardi, il explique : "J'ai entendu dire qu'il allait y avoir des tests ADN, je ne veux pas te créer d'ennuis". 

La secrétaire de cette même enteprise témoigne elle aussi. "Il m'a dit qu'il voulait partir pour oublier". Elle décrit un homme "perturbé, mal à l'aise, inquiétant". Et reconnaît dans le portrait-robot établi suite au témoignage-clé de Nicolas Gelis des troublantes similitudes avec Laurent Dejean.

Même trouble pour l'une de ses voisines, qui réside dans l'immeuble où Laurent Dejean vit à Bouloc et a tissé des liens amicaux avec lui. Le portrait-robot est très ressemblant, dit-elle. Avant d'expliquer les changements de comportement de Laurent Dejean, dans le courant de l'année 2011. Il a des crises, l'accuse de pratiquer la sorcellerie contre lui. Il lui fait peur et elle prend ses distances.
Au président de la cour d'assises de Haute-Garonne qui l'interroge, elle répond : "Oui, j'ai pensé à lui au moment des faits. Je lui ai même demandé pour plaisanter mais pas seulement s'il avait quelque chose à voir avec la disparition de Patricia Bouchon. Il m'a dit : "Arrête tes conneries !".

Madame Nathalie P., masseur-kinésithérapeute, n'a quant à elle pas tellement envie de rire quand elle évoque sa seule et unique rencontre avec l'accusé. A l'époque, elle soigne la mère de Laurent Dejean au domicile familial, en vue d'une prochaine opération. Elle raconte qu'elle l'a vu rentrer dans la maison "râlant, invectivant sa mère, claquant des portes". Sa patiente lui dit de ne pas s'inquiéter : "N'ayez pas peur". Avant de lui raconter que c'est un fait habituel, et que son fills l'a déjà menacé physiquement. 
 
Voisins, anciens collègues : les témoignages se succèdent, aucun ne plaide en faveur de l'accusé. Les détails, de plus, se répètent, troublants. Ainsi ces remarques sur la façon de conduire de Laurent Dejean : "Il conduisait comme un fou", "Il  aimait faire crisser les pneus", "Il arrivait en faisant des dérapages".
Comme un écho au témoignage-clé de Nicolas Gelis, ce matin...

* Le procès de Laurent Dejean devant la cour d'assises de Haute-Garonne se tient jusqu'au 29 mars.  

Les grandes dates de l'affaire Patricia Bouchon
14 février 2011 : disparition de Patricia Bouchon alors qu'elle fait un footing à Bouloc, vers 4h du matin.
15 février 2011 : découverte d'effets personnels de Patricia Bouchon et d'une importante trace de sang dans une impasse de Bouloc ; lancement d'un avis de recherches.
19 février 2011 : déposition de Nicolas Gelis qui a croisé Patricia Bouchon et une voiture suspecte le 14 février. Etablissement d'un portrait-robot.
28 février 2011 : ouverture d'une information judiciaire contre X pour homicide volontaire.
29 mars : découverte par un chasseur du corps de Patricia Bouchon à Villematier, à dix kilomètres de Bouloc.
15 octobre 2013 : à la demande de la famille, diffusion du portrait-robot établi d'après la déposition de Nicolas Gelis le 19 février 2011.
9 février 2015 :  mise en examen de Laurent Dejean (après trois gardes à vue, entre 2012 et 2015).
18 janvier 2018 : saisi par Laurent Dejean qui clame son innocence et fait appel de son renvoi devant une cour d'assises, le parquet requiert un non-lieu, en l'absence de preuve formelle.
16 février 2018 : la chambre d'instruction de la cour d'appel de Toulouse va à l'encontre de ce réquisitoire et ordonne le renvoi de Laurent Dejean devant la cour d'assises de Haute-Garonne.
14 mars 2019 : début du procès de Laurent Dejean, jugé pour meurtre.

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