Professeur non-remplacé dans un lycée de Toulouse : inquiétude à une semaine du bac blanc de français

À quelques jours du bac blanc de français, les parents d’élèves d'une classe de première du lycée Toulouse-Lautrec de Toulouse sont en colère et inquiets. La professeure de français est absente depuis la rentrée de janvier et n’a pas été remplacée. Une situation qui concernerait plusieurs établissements de Toulouse.

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"Sans cours de français depuis un mois, nos enfants partent avec un handicap certain pour le bac blanc et le bac", s’inquiète Delphine, maman d’un élève en première générale au lycée Toulouse-Lautrec de Toulouse.

La professeure de français de son fils est absente depuis la rentrée de janvier. À quelques jours du bac blanc de cette même matière, qui aura lieu le 2 février, l’inquiétude des parents fait place à la colère. "La première est une année charnière pour le français, continue la maman d'élève. Les notes du bac blanc comptent pour le contrôle continu, et on a même peur pour le bac en lui-même puisqu’on ne sait pas quand leur enseignante sera remplacée et si elle le sera."

Des élèves stressés et des parents inquiets

Le lycée affirme aux parents avoir adressé une demande de remplacement au rectorat, mais la réponse se fait attendre. Les parents d’élèves ont, eux aussi, envoyé des emails à l’académie de Toulouse pour alerter sur la situation. Ils ont tous reçu la même réponse :

"La situation que vous évoquez a été portée à notre connaissance. L’ensemble des services concernés est mobilisé dans la recherche d’une solution de remplacement."

C'est une situation stressante pour les élèves. Ils se demandent s'ils vont ravoir un cours de français avant le bac, parce qu'apparemment plusieurs établissements de Toulouse sont concernés. Un lycée aurait même un prof de français absent et non remplacé depuis novembre.

Delphine, maman d'un élève de première générale

L’équipe pédagogique du lycée Toulouse-Lautrec essaye tant bien que mal de rassurer ses élèves. "On leur a dit que l’épreuve de la dissertation serait aménagée pour correspondre à ce qu’ils ont vu depuis le début de l’année, c’est-à-dire pas grand-chose, regrette Delphine. Ils ont aussi accès à des documents en ligne pour les aider à réviser, mais ça ne remplace pas un enseignant ou une enseignante."

Un manque criant de professeurs 

Cette situation, qui est la conséquence directe du manque d’enseignants, n’est malheureusement pas un cas isolé. "Comme il y a des postes non pourvus, on affecte des professeurs remplaçants sur des postes fixes, et quand il y a besoin de remplaçants de courte durée, il n’y en a plus", explique Abdallah Amghar, secrétaire CGT Educ’Action 31, lui-même enseignant remplaçant d’éco-gestion en lycée professionnel. Cela concerne autant l'enseignement au collège qu'au lycée.

Le rectorat fonctionne à flux tendu, avec un manque criant de professeurs. Il a essayé de combler ce manque avec des contractuels mais beaucoup ont démissionné depuis le début de l’année car c’était trop dur. On ne s’improvise pas professeur du jour au lendemain.

Abdallah Amghar, secrétaire CGT Educ’Action 31

"On paye aujourd’hui les politiques menées depuis des années, continue le professeur. Les conditions d’exercice du métier d’enseignant sont de plus en plus difficiles, le salaire n’est pas attractif, et donc de moins en moins de jeunes sont attirés par le métier et on ne peut que les comprendre."

"Certaines matières sont particulièrement déficitaires en recrutement. Avant on parlait des mathématiques, aujourd’hui c’est le cas du français", ajoute Sylvain Lagarde, secrétaire académique du SNES FSU Toulouse, lui-même professeur de lettres. Comment l’expliquer ? "On est dans une société de la 'start-up nation', où on nous répète qu’on a besoin d’ingénieurs et d’informaticiens. Dans ce discours ambiant, l’enseignement du français n’est pas vraiment mis en avant", analyse le professeur de lettres. 

Ces deux enseignants regrettent le silence du rectorat face aux nombreuses alertes lancées par leurs syndicats. Contactés, le lycée Toulouse-Lautrec ainsi que le rectorat de l’académie de Toulouse n’ont pas non plus répondu à nos sollicitations.

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