Ce 12 janvier 2023, des élèves recevront leur diplôme, équivalent du bac, sur le campus du Mirail à Toulouse. Ces lauréats aux parcours atypiques se sont accrochés pour réussir leurs examens. Carole Estingoy, passée du chômage à un nouvel emploi grâce au DAEU, témoigne.
Le sourire transparaît toujours dans sa voix, même un an après obtenu son diplôme, le DAEU. Carole Estingoy est une pure Toulousaine de 42 ans. Aujourd'hui habitante de Colomiers (Haute-Garonne), elle est passée du chômage à un travail qui la comble de bonheur aujourd'hui, grâce à ce diplôme.
Le DAEU (Diplôme d'accès aux études universitaires), est une attestation équivalent baccalauréat, qui met en avant la promotion sociale. Il est préparé en université, et est destiné aux personnes ayant arrêté leur cursus scolaire depuis au moins deux ans.
Une première tentative du DAEU stoppée à l'âge de 19 ans
Carole Estingoy a dû arrêter les cours en classe de première littéraire. Non pas par choix, mais par obligation. "Je suis donc vite rentrée dans la vie active, dans le domaine tertiaire" avoue-t-elle. Mais elle cherche rapidement à reprendre ses études car elle voulait "vite s'y remettre".
Elle tente une première fois le DAEU à 19 ans, sans le valider. "Je n'avais pas assez de temps pour apprendre les cours car je continuais de travailler à côté. Et je n'avais pas assez confiance en moi" avoue-t-elle.
Mon manque de diplôme me faisait défaut, même si j'avais de l'expérience. Je me disais que ça ne serait que du bonus pour ma recherche d'emploi.
Carole EstingoyLauréate du DAEU en juin 2022
Burn-out puis chômage en 2020
Elle reprend une activité professionnelle en tant qu'assistante commerciale, puis commerciale mais ça ne lui plaît pas vraiment. Elle travaille ensuite en centre d'appel pendant neuf ans, avant de connaître un burn-out fin 2020. Elle se retrouve finalement au chômage.
Le bilan de compétences qu'elle suit quelques mois plus tard la dirige vers le DAEU : "j'ai pris conscience que mon manque de diplôme me faisait défaut, même si j'avais de l'expérience. Je voulais aussi nourrir mon cerveau, et je me disais que ça ne serait que du bonus pour ma recherche d'emploi" explique la native de Toulouse.
"Tester mes capacités seule"
Elle se lance donc dans ce cursus d'un an, à distance, "pour ne pas être influencée par un groupe" rigole-t-elle. Passer ce diplôme était comme un défi personnel : "je voulais tester mes capacités en travaillant seule, en gardant mon objectif en tête".
Carole Estingoy doit choisir quatre matières pour passer son DAEU : elle opte pour le français, l'anglais, l'économie et l'histoire. Entre septembre 2021 et mai 2022, elle réalise deux devoirs maison et deux devoirs surveillés par matière. Avec succès. "Au début, j'ai eu des bonnes notes et cela m'a encore plus encouragée" se souvient-elle.
Mes proches ont été impliqués en relisant mes devoirs par exemple. La confiance qu'ils avaient en mes capacités m'ont portée. Mon mari et mes filles m'ont beaucoup encouragée et cela a été précieux.
Carole EstingoyLauréate du DAEU en juin 2022
Une histoire de famille
Elle tient le rythme au quotidien - au moins une heure par jour - jusqu'à l'examen final. "Je n'ai rien lâché. Ce n'était pas toujours simple, surtout quand j'étais seule devant mes cours. Mais j'ai réussi à dépressuriser en faisant comme si j'allais au travail" détaille-t-elle.
Ironie de l'histoire, elle réussit son examen final en même temps que sa fille, qui, elle, passe le baccalauréat : "on s'est beaucoup soutenues, et on a toutes les deux eu la mention Bien" se réjouit Carole Estingoy. "C'est une expérience enrichissante. J'en suis très fière".
Si elle réussit, c'est aussi grâce au soutien de tous ses proches. "Ils ont été impliqués en relisant mes devoirs par exemple. Mon mari et mes filles m'ont beaucoup encouragée et cela a été précieux".
Le DAEU a joué un rôle dans l'obtention de son travail
En septembre 2022, DAEU en poche, elle passe un entretien pour un poste d'assistante administrative dans une entreprise de télécommunications. En concurrence avec une autre candidate, c'est elle qui est prise. Son DAEU a fait la différence : c'est en tout cas ce que lui a dit sa responsable actuelle. "Une femme qui reprend ses études à 40 ans, c'est qu'elle en a dans le cerveau" lui a-t-elle fait remarquer.
Sans cet emploi, Carole Estingoy aurait poursuivi ses études en Licence. Une nouvelle preuve de sa force sa caractère, dont elle pourra faire part ce jeudi 12 janvier 2023 à 18 heures lors de la remise des diplômes aux lauréats 2022/2023, sur le campus du Mirail à Toulouse.