Pyrénées : l'ours Cachou a-t-il été tué par un autre ours ?

Le cadavre de l'ours mâle Cachou a été retrouvé le 9 avril dans le Val d'Aran en Espagne. Selon les premiers résultats de son autopsie, il aurait été attaqué par un autre ours avant de faire une chute de 40 mètres.

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On en sait un peu plus sur les circonstances de la mort de l'ours Cachou dont le cadavre a été retrouvé le 9 avril dans le Val d'Aran en Espagne.

Dans un communiqué, les autorités espagnoles ont rendu ce mardi 14 avril les premiers résultats de l'autopsie : Cachou aurait été attaqué par un autre ours avant de tomber de près de 40 mètres. 

Des "plaies perforantes" ont été découvertes sur le côté gauche de la tête de l'animal. Ces blessures seraient intervenues avant son décès.

Des analyses plus poussées vont être réalisées afin d'écarter les autres hypothèses mais il faudra faire preuve de patience : "des tests complémentaires seront effectués pour exclure les causes infectieuses, contagieuses ou autres. Compte tenu de la situation de confinement provoquée par Covid-19, les laboratoires ne fonctionnent pas au rythme habituel et les résultats des analyses peuvent prendre quelques semaines. Jusque-là, le rapport d'autopsie complet ne peut pas être préparé."
 

Des constats différents

Ces premiers résultats viennent contredire les premières constations sur le lieu où avait été retrouvé le cadavre de Cachou.

Quand les agents territoriaux ont découvert le corps, le jeudi 9 avril,  il n'a été fait aucune mention de blessures apparentes. La mort remonterait à la veille. Le cadavre a été transporté au service d’écopathologie de la faune sauvage de l’université de Barcelone, là où a été réalisée l'autopsie.

Avant d'être découvert, le collier GPS de l'ours Cachou ne donnait plus de signes de déplacements depuis plusieurs heures. Pourtant, après avoir passé l'hiver dans le Val d'Aran (Catalogne, Espagne), le mâle était sorti de l'hibernation depuis un mois et demi. Les gardes champêtres locaux partent alors à sa recherche et finissent péniblement par découvrir son cadavre dans la forêt de Soberpera (Catalogne) à une vingtaine de km de la sation du Mourtis.
 

Cachou avait un collier GPS

Cachou est un mâle né dans les pyrénées en 2015. C'est le fils de Balou, lâché à Arbas (31) en 2006, et de Plume née en 2010. Le 27 mai 2019, les Catalans décident de le capturer pour l'équiper d'un collier GPS. Coincidence ou pas , Balou le père de Cachou a été retrouvé mort en 2014, lui aussi équipé d'un collier GPS retrouvé ouvert près du corps. Selon Sabine Matraire, vice présidente de l'association FERUS, "Les gens sur le terrain ont pensé à une électrocution. Car le collier est métallique et il conduit donc l'électricité". Il aurait donc pu être foudroyé. Mais Météo France n'avais pas enregistré d'impact orageux ce jour-là.
 

Le programme PyrosLife prévoyait que les ours soient équipés de ce collier. Cachou avait été capturé en mai 2019 par les espagnols pour l'équiper. On se souvient que l'oursonne Auberta avait été retrouvéé morte en 2014 côté espagnol. "Elle était équipée d’une puce intra-abdominale qui avait causé sa perte", selon Sandrine Matraire. Les autorités françaises avaient alors retenu la leçon. Les 2 femelles lachées en 2018 n'ont pas cette puce mais un colliers GPS. Ils étaient donc 4 à avoir cet équipement : les 2 ourses, Cachou et Goiat l'autre mâle photographié récemment dans la vallée du Louron.
 

Les autorités française sont plutôt défavorables à cette pratique. Selon Alain Reynes, "On leur met ce collier lors d'un lâcher pour les suivre, pour voir que l'adaptation se passe bien. Mais capturer un ours pour le lui mettre, je ne vois pas l'intérêt. Ce sont les catalans qui l’ont fait pour s’entrainer à la technique."

"Je constate que Cachou n'avait pas causé de problème avant la pose de ce collier... Que l'autre ours réputé prédateur (Goiat) en est lui aussi équipé.. Ce n'est peut-être qu'une simple coincidence mais je m'interroge", souligne Sandrine Matraire.
Ce collier peut donc être un avantage pour localiser l'animal (en l'occurence pour retrouver son cadavre) mais il peut aussi être dangereux.

Cachou réputé comme un grand prédateur

A l'instar de l'autre mâle Goiat, Cachou n'avait pas que des amis dans les Pyrénées. A son tableau de chasse, plusieurs bêtes dont une pouliche retrouvée en septembre dernier sur le territoire aranais.
 
Cachou est soupçonné, grâce aux relevés GPS, d'avoir tué cinq chevaux en 15 jours.
 
Dans le Val d'Aran (entité autonome de la Generalité de Catalogne) les autorités demandent le retrait de l'animal suite aux pressions des éleveurs. Le syndic -sorte de chef du gouvernement local- du Val d'Aran Francés Boya exige un retrait immédiat. La Généralité de Catalogne se pose la question de l'extirper de son milieu naturel.

Côtés français et espagnol, l'ours subit des procédures d'effarouchement. En France, des balles en caoutchouc ont été tirées sur Goiat près d'un cadavre. Les Catalans sont allés plus loin : ils ont mis des fongicides sur les charognes pour dissuader Cachou. "Nous n'étions pas au courant, confie Sabine Matraire. Je l'ai appris hier dans la presse". Une révélation faite par le journal La Vanguardia. Une technique d'effarouchement olfactif pour protéger les troupeaux et dissuader les ours. Une test visiblement concluant : Cachou n'aurait pas causé d'autres dégats depuis ces épisodes de l'été et de l'automne 2019. Reste à savoir si  ce fongicide aurait un rapport ou pas avec sa mort. A petite dose, il n'est pas dangereux; mais sur plusieurs cadavres que l'ours aurait mangé...la question se pose.

5 ours en 1995 dans les Pyrénées, une quarantaine en 2018, et demain?

L'ours Cachou n'était pas issu de la lignée de Pyros, autre ours mâle présumé mort, mais dont le cadavre n'a jamais été retrouvé. Il était donc d'un patrimoine génétique différent et constituait un espoir pour l’avenir de l’espèce dans les Pyrénées. Sa disparition sans descendance (connue) pose la question de la survie des plantigrades s'il n'y a plus de diversité génétique suffisante.

"Nous avons la plus petite population d'ours d’europe. Lors du dernier décompte (2018), il y en avait 40. C'est mieux par rapport aux 5 de 1995. Mais ce n'est pas suffisant", déclare Alain Reynes. Ce sont les limites des politiques françaises et espagnoles. On en fait moins que ce que préconise les experts à minima. "Les préconisations en 2013 étaient de lâcher 17 ours, 6 à minima. Or, seulement 1 mâle et 2 femelles sont arrivées dans les Pyrénées depuis." Un lâcher intervenu à l'automne 2018, plusieurs mois après la condamnation de l'Etat français par le Tribunal Aministratif de Toulouse pour n’avoir pas suffisamment protégé l’ours des Pyrénées.
Ultime question : la mort de Cachou peut-elle changer la décision du chef de l'Etat annoncée aux éleveurs en janvier dernier ? 

« Il n’y aura pas de réintroductions d’ours dans le massif pyrénéen, je vous le promets. 

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