Syndicalistes, salariés, étudiants ont vivement réagi ce jeudi 16 mars à la décision du gouvernement de déclencher l'article 49.3 de la Constitution pour faire adopter sans vote le projet de réforme des retraites. A Albi (Tarn) et Toulouse (Haute-Garonne) des rassemblements ont eu lieu ce jeudi soir pour protester contre le choix de cette procédure par le gouvernement.
Les réactions n'ont pas tardé ce jeudi après-midi à l'annonce du choix du 49.3 déclenché par le gouvernement pour faire adopter sans vote le projet de réforme des retraites.
Un rassemblement a débuté ce jeudi soir vers 20 heures place du Capitole. Un temps contenus à l'arrière de l'hôtel de ville par les forces de l'ordre, 2 à 3000 manifestants ont finalement pu accéder à la place vers 20h15. Un rassemblement qui a eu lieu dans le calme avant d'être dispersé par la police aux alentours de 21h15, à l'aide gaz lacrymogène.
La foule est évacuée dans la soirée. Un distributeur de billets est dégradé et la façade du Capitole taguée, comme l'on constaté nos confrères de France Bleu.
A Albi où les militants étaient réunis en intersyndicale ont vivement réagi à la méthode choisie.
C'est un dégoût. Ça montre que le gouvernement ne respecte pas la démocratie. C'est une haine que je montre là, par rapport à toutes les personnes qui ont manifesté.
Philippe BecoSecrétaire général union départementale CFDT du Tarn
Même déception chez Éric Bellouni du syndicat FO dans le Tarn.
Comme Emmanuel Macron s'était engagé à respecter le débat démocratique, on pensait qu'il passerait par le vote. C'est une preuve d'échec du gouvernement. Le mouvement va se durcir, c'est pas fini, jusqu'au retrait de cette réforme.
Eric Bellouni - secrétaire général union départementale FO du Tarn
La situation s'est d'ailleurs tendu jeudi dans la soirée. Le feu a été mis à des poubelles au pied des grilles de la préfecture du Tarn, comme le montre cette vidéo.
Un acte que le préfet du Tarn a rapidement dénoncé.
Dans le Lot, plusieurs militants syndicaux avaient manifesté ce jeudi devant les permanences des députés. Jusqu'au moment où l'annonce du recours à l'article 49.3 est tombé.
Le 49.3 est un déni de démocratie. Il va y avoir des motions de censure. Les députés doivent prendre leurs responsabilités et faire tomber ce gouvernement. Le combat va continuer.
Fabien Trayaud - CGT du Lot
A l'annonce de la procédure dite du 49.3, plusieurs appels au rassemblement ont été lancés en Midi-Pyrénées. Un rassemblement a eu lieu en fin de journée à Albi. A part un départ de feu devant le portail de la Préfecture du Tarn, pas d'incidents. Le rassemblement s'est dispersé vers 20 heures.
Appel au rassemblement aussi ce soir à 20 heures au niveau du métro Capitole à Toulouse. Les premiers tracts ont circulé à l'Université Jean Jaurès.
Toujours à Toulouse, avant celui du métro Capitole, un rassemblement réunissait quelques dizaines de personnes devant la préfecture de Haute-Garonne un peu avant 19 heures.
Un autre appel au rassemblement a été lancé par la CGT à 18 heures sur l'esplanade des Fontaines à Montauban (Tarn-et-Garonne) "contre le 49.3". Enfi, rassemblement également prévu à 18h à Decazeville (Aveyron) à l'appel de l'intersyndicale.
A Toulouse, une manifestation (prévue avant l'annonce du 49.3) a démarré à 15 heures quartier Saint-Cyprien. Même si le mouvement a montré des signes d'essoufflement, le cortège toulousain a rassemblé plusieurs milliers de manifestants, ce jeudi après-midi. Les participants ont suivi l'actualité dans le cortège et n'ont pas tardé à réagir.
Le gouvernement et Emmanuel Macron ont eu peur d'affronter la décision du Parlement et ils préfèrent passer en force. On s'y attendait. Il faut continuer à lutter.
Un manifestant ce après-midi dans le cortège à Toulouse
Nombreuses réactions également des élus de Midi-Pyrénées :
Le Président de la République et son gouvernement ont choisi d’imposer par la brutalité du 49.3, une réforme injuste et inefficace. C’est une insulte au monde du travail et au peuple français. Je partage la proposition d’organiser un référendum d’initiative partagé, comme le prévoit notre Constitution. Loin d’opposer une légitimité à une autre, il renforce au contraire notre démocratie.
Carole Delga - présidente PS de la Région Occitanie
A l'Assemblée nationale, François Piquemal, député LFI de Haute-Garonne, souhaite que le "combat continue dans la rue".
A droite, le député LR du Lot Aurélien Pradié s'est dit inquiet après cet après-midi chaotique à l'Assemblée.
Cette situation est extrêmement préoccupante. Les scènes dans l'hémicycle reflètent l'état de fracturation de notre pays. Il y a ceux qui veulent déstabiliser nos institutions, l'extrême-droite et l'extrême-gauche et il y a Emmanuel Macron qui joue avec le feu.
Aurélien Pradié - député LR du Lot
Prochaine étape à suivre de nouveau à l'Assemblée nationale. Comme l'autorise la Constitution, les oppositions ont déjà annoncé des motions de censure pour tenter de faire tomber le gouvernement et donc faire capoter la réforme.