À la recherche des reliques : enquête sur l'authenticité des restes de Jacques le Majeur à la basilique Saint-Sernin de Toulouse

Depuis sept siècles, la basilique Saint-Sernin se targue d'héberger les restes du corps entier de l'apôtre Jacques le Majeur. Pour vérifier l'authenticité des reliques, un groupe de chercheurs les a analysés. Des premiers résultats sont présentés lors d'un colloque international ces 8, 9 et 10 novembre à Toulouse.

Vraisemblablement non. Les restes conservés dans le reliquaire de la basilique Saint-Sernin ne sont probablement pas ceux du premier des apôtres, Jacques le Majeur. Enfin, pour avoir une réponse définitive, il faudra attendre deux ans que les scientifiques rendent les conclusions de leur enquête.

Plusieurs spécialités mobilisées pour vérifier l'authenticité

Depuis le 14ᵉ siècle, la basilique Saint-Sernin revendique conserver le corps entier de l'un des douze apôtres de Jésus, Jacques le Majeur, aussi appelé Jacques de Zébédée et qui auraient été offerts par Charlemagne. Toutefois, le dossier textuel qui documente les reliques toulousaines comporte des incertitudes et des incohérences. C'est pourquoi une équipe de chercheurs et chercheuses en archéologie, histoire et médecine ont reçu l'autorisation de l'Église d'ouvrir la châsse (un reliquaire qui contient un corps) et le chef-reliquaire (reliquaire qui représente la tête de la personne à laquelle appartiennent les restes) de celui qui est encore aujourd'hui l'emblème de pèlerins de Compostelle.

Pour vérifier l'authenticité des reliques, plusieurs spécialistes se sont attelés à la tâche. "Nous avons fait faire une investigation par une ostéologue, raconte Georges Kazan, archéologue à l'université de Turku (Finlande). Notamment une analyse carbone, mais aussi une analyse peptide pour savoir si les restes osseux étaient d'origine humaine ou non humaine." Grâce à ces études, les chercheurs doivent pouvoir préciser la datation des restes. 

Jacques le Majeur n'est jamais venu à Toulouse

Les premières analyses de ces recherches sont présentées ces 8, 9 et 10 novembre lors du colloque international à Toulouse organisé par l'université Jean Jaurès. Si l'on ne sera vraiment fixés que dans deux ans lors de la parution d'une monographie, l'issue semble plutôt claire. "Il y avait très peu de probabilité pour qu'on retrouve les ossements du premier des apôtres qui est mort en Palestine et qui n'a jamais mis les pieds à Toulouse, précise Michelle Fournié, historienne et professeure émérite de l'université Toulouse 2. C'était improbable, et le clergé le savait, bien sûr."

Pas de quoi remettre en cause la dévotion des fidèles. Pour l'abbé Jean-François Galinier-Pallerola, il n'est toujours pas impossible qu'on découvre que ce soient les restes de Jacques le Majeur. "Il y a des énormes reliquaires qui contiennent centaines de reliques, défend le chancelier du diocèse de Toulouse. Il n’est pas impossible qu’ils contiennent les reliques de Jacques."

Il est vrai que la basilique Saint-Sernin héberge une quantité incroyable de reliques. Elle assure recenser environ 200 fragments d'os, un morceau de la vraie croix, les restes de six apôtres dont notre fameux Jacques le Majeur. Après le Vatican, c'est l'endroit qui recense le plus de reliques chrétiennes. 

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