REPORTAGE. Savez-vous où va votre sang ? Suivez le fascinant voyage d'une poche de plasma sanguin : du donneur au centre de distribution

Chaque année, des milliers de litres de plasma sanguin venant de toute la région Occitanie sont préparés sur un plateau technique à Toulouse (Haute-Garonne). Un volume important, mais qui ne suffit plus aux besoins des patients. Il faudrait collecter deux fois plus d'ici à quatre ans. Nous vous proposons de suivre le parcours d'une poche de plasma du donneur au plateau de préparation.

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Etienne est le premier donneur de plasma de la journée. Après un entretien pré-don avec un médecin, il s'assoit dans l'un des vingt fauteuils de la maison du don de l'Établissement français du sang de l'hôpital Purpan à Toulouse. Pas de stress pour Etienne, c'est un habitué. Après avoir longtemps donné son sang, il a passé le pas et donne désormais son plasma. "Même si c'est plus long, je me suis rendu compte que j'étais moins fatigué après le don de plasma", explique le quarantenaire.

En effet, le processus du don de plasma diffère quelque peu du don de sang. L'infirmière insère bien une seule aiguille dans le bras du donneur, mais, à la différence du don de sang total, le liquide rouge ne va pas directement dans une poche en plastique. Il est dirigé dans une machine à aphérèse qui va séparer les composants du sang. D'un côté, le plasma, ce liquide jaune composé d'eau et de protéines, et de l'autre les cellules (globules rouges, plaquettes et globules blancs). Ces dernières sont renvoyées au donneur à travers la même aiguille, ainsi le donneur ne risque pas d'être anémié. Pendant une quarantaine de minutes, les allers-retours se succèdent et 850 mL de plasma d'Etienne finissent par être disponibles dans une petite poche jaune.

Seuls 0,6% des 18-66 ans ont donné du plasma en Occitanie

En comptant l'entretien pré-don et la collation à la fin, Etienne ne restera qu'une petite heure et demie à la maison du don de l'EFS. Durant ce petit laps de temps, il peut se targuer d'avoir sauvé des vies. Seul 0,6% de la population éligible (entre 18 et 66 ans), en Occitanie, a donné du plasma au moins une fois en 2022. Pour le Dr Mohamed El-Rakaawi, directeur collecte et production de l'EFS Occitanie, il faut informer la population sur ce don spécifique, mais aussi lever les craintes sur le procédé.

"Aujourd'hui, les procédures sont indolores : nous n'utilisons qu'une seule aiguille pour collecter le sang et restituer les cellules. Et surtout, donner son sang, son plasma ou ses plaquettes est ultra-sécurisé. Il n'y a pas de risques de contamination, car ce sont des circuits clos et des kits à usage unique." 

Dr Mohamed El-Rakaawi, directeur collecte et production de l'EFS Occitanie

Afin d'avoir des collectes les plus sûres possibles, tout le monde n'est pas éligible au don. En revanche, la grande majorité des contre-indications sont temporaires. Il faut attendre quatre mois après avoir fait un piercing ou un tatouage ou encore être monogame depuis au moins quatre mois. Depuis mars 2022, les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes sont autorisés à donner sang, plasma et plaquettes au même titre que les autres donneurs. Un premier questionnaire en ligne est disponible sur le site de l'EFS pour savoir si vous pourriez être éligible aux différents dons.

Après le don d'Etienne, le parcours de sa poche de sang est une véritable épopée. Comme le don de plasma nécessite de grosses machines, on ne peut le réaliser que dans les maisons du don. Il n'y a que neuf sites en Occitanie.

Toutes les poches de sang, de plaquettes et de plasma de la région Occitanie atterrissent au même endroit. Tous les soirs, elles sont transportées sur le plateau de préparation des produits sanguins de l'Établissement français du sang, à un moins d'un kilomètre de la maison du don de Purpan à Toulouse. Ici, environ 850 poches de sang total, 120 poches de plasma et 30 poches de plaquettes transitent chaque jour entre les mains de la quarantaine d'employés.

Le plasma, révélateur de notre alimentation

Toutes n'auront pas le même destin. Dans une grande salle, des techniciens en blouse blanche s'affairent autour des poches rouges et jaunes. Une vingtaine de poches transparentes pendent sur un portant métallique. En observant ce camaïeu de jaune, on peut en apprendre beaucoup sur la personne qui a donné. "Quand on a un plasma laiteux, on sait que la personne a mangé gras avant le don, note Christine Dite, responsable du plateau de préparation. Parfois, le plasma a des teintes vertes, ça signifie que c'est sûrement une donneuse qui est sous pilule contraceptive."

Ce plasma-ci est issu des machines à aphérèse (comme celle d'Etienne). Toutes jaunâtres, les poches sont d'abord filtrées pour enlever les globules blancs restants et sont ensuite surgelées dans de gros frigos à - 48°C. Face à centaines de petites poches qui ressemblent désormais à du jus d'orange congelé, on peine à croire que cela provient de notre sang.

Le plasma peut aussi être récupéré des poches de sang total. Là, les poches, toutes rouges, sont centrifugées dans des genres de gros tambours sophistiqués. Le sang est maintenant séparé en trois : les concentrés de globules rouges, les plaquettes et le plasma. 

En Occitanie, 75 000 litres de plasma pour les médicaments

Les globules rouges, les plaquettes et une petite partie du plasma (celui qui n'a pas été surgelé et deviendra du plasma thérapeutique) feront un aller-simple vers des centres de délivrance. Au cœur même des hôpitaux, ils seront transfusés directement aux malades qui en ont besoin. 

En revanche, le plasma surgelé reste une quinzaine de jours dans le réfrigérateur géant du plateau technique de Purpan. Il sera envoyé au Laboratoire français du Fractionnement et des Biotechnologies (LFB) qui le transformera en médicaments dérivés du plasma. Chaque année, l'EFS Occitanie cède environ 75 000 litres de plasma au LFB. 

Ce volume est amené à augmenter. Pour le moment, 65% des médicaments dérivés du sang consommés en France viennent de l'étranger, et notamment des États-Unis où donner son plasma est un acte rémunéré. Pour réduire la dépendance à ce plasma dit "non éthique", la France veut produire plus. En 2026, le LFB ouvrira une nouvelle usine pour laquelle l'EFS devra fournir quasiment le double de plasma qu'elle ne le fait actuellement.

Convertir de nouveaux donneurs

Autrement dit, il va falloir augmenter la cadence. Or, impossible de collecter plus de sang total, la seule façon est de réaliser plus de dons de plasma par aphérèse. L'EFS tente de recruter des nouveaux donneurs. Et ça commence dès que possible. Du 13 novembre au 9 décembre, l'EFS Occitanie organise une nouvelle fois une Plasmacup pour les étudiants. Les élèves de vingt-sept établissements d'enseignement supérieur de la région s'affronteront dans ce challenge solidaire. L'année dernière, le Plasmacup avait permis de collecter 156 poches de plasma. Le but : collecter des dons, bien sûr, mais aussi convertir ces jeunes gens en donneurs réguliers.

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