Retour "normal et obligatoire" des élèves le 22 juin prochain, parents d’élèves et syndicats d’enseignants dans le flou

Si les syndicats d’enseignants et les parents d’élèves jugent favorable le retour en classe « obligatoire », annoncé dimanche soir par le chef de l’Etat, ils s’interrogent en revanche sur le dispositif d’accueil, inconnu pour le moment.

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Les écoles et les collèges ont tout juste une semaine pour s’organiser. A compter du 22 juin prochain, les établissements devront accueillir tous les élèves, de "manière obligatoire et selon les règles de présence normale" a annoncé ce dimanche le président de la République, Emmanuel Macron. 

Après le casse tête de la mise en place des gestes barrières lors du déconfinement, aujourd’hui les syndicats d’enseignants s’inquiètent et s’interrogent sur la mise en place d’un nouveau protocole dit "allégé" pour accueillir tous les enfants dès la semaine prochaine. Le chef de l’Etat fait des annonces sans préciser comment les écoles et collèges vont accueillir "tous les élèves" et laisse planer de nombreuses zones d’ombres. "L’impression d’une improvisation totale sans aucune directive et visibilité, on annonce des choses et on donnera les conditions après, ce n’est pas concevable" explique Muriel Paletou, présidente de la FCPE de la Haute-Garonne. Tous attendent désormais des directives claires du ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, qui devrait apporter ce mercredi  des précisions sur le nouveau dispositif d’accueil.

Protocole sanitaire allégé ou supprimé?

Christophe Manibal, secrétaire départemental Snes-Fsu Haute-Garonne dit être favorable au terme "d’obligation" exprimé par le président de la République, ce dimanche : c’est une bonne chose, cela est tout à fait normal de donner le message de l'école obligatoire, c’est important que les enfants et plus particulièrement les enfants qui ont décroché entendent ce message. 

En revanche le secrétaire départemental est beaucoup plus mesuré sur le protocole dit "allégé" que le gouvernement va mettre en place :

je suis d’accord sur le principe de l'école obligatoire mais si jamais on décide de reprendre à effectif complet la mise en musique va être très compliquée.

"Avec le dispositif actuel, 4 m2 qui doivent séparer les élèves les uns des autres, on ne pourra pas accueillir tous les élèves au collège, ce sera au mieux l’école à mi-temps pendant 10 jours, 50% d'élèves la première semaine, 50% la deuxième semaine, cela va  être très compliqué!"

Christophe Manibal rajoute :

On attend des précisions du ministre de l’éducation nationale, sur ce protocole dit "allégé". Le président aurait pu indiquer dans son annonce les conditions sanitaires dans lesquelles les enfants vont être accueillis. Là c’est pas possible, c’est le grand flou et forcément cela génère de l’inquiétude, du stress et beaucoup de doutes. Les règles de distanciation physique pour ces 10 jours vont-elles sauter? Et puis il y a aussi le casse-tête de la restauration scolaire, si on accueille les enfants toute la journée, faut-il rouvrir les cantines, et dans quelles conditions sanitaires? 

Côté parents d'élèves, ce sont les mêmes inquiétudes et interrogations qui s'expriment. Pour Muriel Paletou, présidente de la FCPE de la Haute-Garonne : "ce retour obligatoire annoncé par le Président répond aux besoins et aux attentes de tout le monde ; les parents sont exaspérés de l’école à la maison et les tout petits ont besoin de reprendre le chemin de l’école, mais le manque de clarté sur le dispositif d’accueil des enfants génère des inquiétudes et de nombreuses questions".

"Les parents sont à bout ils sont pris entre le marteau et l’enclume, ils sont victimes d’injonctions de toute part. D’un côté ils sont plutôt favorables à reprendre le travail car beaucoup sont dans des situations financières difficiles mais ils demeurent inquiets car ils ne savent pas comment leurs enfants vont être accueillis." 

Alléger le protocole? "Je ne vois pas comment on pourra respecter les mesures de distanciation sociale, d’hygiène… est-ce que cela implique la suppression des masques? Comment un établissement de plus de 800 élèves peut-il vérifier que les élèves se lavent régulièrement les mains? Là c’est la suppression totale des mesures sanitaires qui s'annonce", rajoute Muriel Paletou.

Protocole allégé, les enfants seront-ils en sécurité?

 "On souhaiterait que la décision du "retour normal et obligatoire des élèves" se fasse pour des raisons scientifiques et non pas politiques. Les risques majeurs doivent être écartés, on entend parler de cluster et on est sûr de rien, l’épidémie de coronavirus peut repartir, toucher des élèves et des enseignants", explique Christophe Manibal, secrétaire départemental Snes-Fsu Haute Garonne.

Muriel Paletou, présidente de la FCPE de la Haute-Garonne ajoute :

On ne sait rien, on annonce les choses sans nous expliquer les conditions!

Le déconfinement total a été annoncé par Emmanuel Macron mais les parents entendent parler de formation de clusters et s'inquiètent : "on nous dit que des foyers épidémiques sont susceptibles de se former lorsqu’il y a rassemblement. Le gouvernement parle d’allègement, cela me paraît impossible, on va nous annoncer la suppression des gestes barrières, cela pose question."

Des doutes sur la prochaine rentrée scolaire

Pour Christophe Manibal, le ministre néglige la réalité du terrain, "la vraie problématique c’est la rentrée des classes en septembre, il faudrait prendre le temps de réfléchir et de mettre en place des dispositifs pour aider les élèves et notamment les  décrocheurs et ils sont nombreux,  sinon on va laisser de nombreux élèves sur le bord de la route à tous les niveaux."

Pourquoi ne pas profiter de ces 10 jours pour organiser la rentrée de septembre de manière à rassurer les parents et les enseignants explique Muriel Paletou, présidente de la FCPE de la Haute-Garonne. 

"On pourrait en profiter pour évaluer les niveaux et structurer l’emploi du temps pour la rentrée, mettre en place un accompagnement intelligent pour préparer la rentrée tant sur le plan scolaire que sanitaire, d’autres pays le font déjà, il y a beaucoup de choses à inventer. On pourrait penser à faire des classes multi niveaux et éviter ainsi l’ennui pour les enfants  qui ont avancé et éviter l’écrasement pour ceux qui ont décroché. Malheureusement on a l’impression d’une improvisation totale, aucune visibilité aucune concertation c’est désolant et inquiétant."

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