Le groupe Merci a investit le théâtre Sorano jusqu'au 23 mai. Le collectif Toulousain ne s'était pas produit dans un théâtre depuis 20 ans. Pour sa création, "Avant la retraite", la troupe bouleverse l'espace scénique pour raconter l'histoire d'un ancien nazi nostalgique du Reich. Décapant.
Dès l'entrée, le ton est donné : le spectateur fait une première rencontre glaçante avec le cadavre d'Himmler plongé dans un cercueil rempli d'eau.
La scène, elle, est placée au coeur du public. La promiscuité comme acte théâtral, c'est le credo du groupe Merci,
comme pour mieux immerger le spectateur dans le message du texte de Thomas Bernhard.
Un texte forcément politique et forcément dérangeant aussi. L'histoire d'un ancien chef de camp de concentration, fasciné par Heinrich Himmler. Rudolf Höller, reconverti en respectable président de tribunal, s’apprête à prendre sa retraite au terme d’une carrière exemplaire au service du droit et de la justice.
Sous le vernis d’honorabilité bourgeoise, cependant, sommeille encore la bête immonde.
C’est ainsi que chaque année, le 7 octobre, il endosse son plus bel uniforme pour fêter dans le secret de son appartement l’anniversaire du Reichsführer SS Heinrich Himmler, l’organisateur méthodique des camps
d’extermination.
Un rituel nauséabond.
De quoi bousculer les habitués du Sorano, même si cela reste du théâtre, comme le rappelle Sébastien Bournac le directeur du Sorano. Depuis 1996, le groupe Merci cherche à provoquer le débat.
Entre rires et dégoût, leur dernière création ne laissera pas indifférent.
Le reportage de Claire Sardain et Jean-Luc Pigneux