Plusieurs syndicats d'enseignants (FO, SUD, CGT) appellent à la grève la semaine prochaine, pour continuer de protester contre la réforme des retraites. Alors que les épreuves de spécialité du Bac démarrent lundi, le secrétaire général du SNES-FSU de l'Académie de Toulouse Pierre Priouret indique que le syndicat appelle les professeurs "à débattre et à s’engager dans la grève s’ils le souhaitent".
Pensez-vous que la grève des enseignants va être suivie à Toulouse ?
Il y aura probablement des établissements où les collègues seront en grève, possiblement de manière très significative. Et il y aura aussi des établissements où les collègues ne seront pas en grève, cela fait partie des marges de manœuvre qu’on laisse aux équipes en fonction de la situation locale. Ils en discutent dans les salles des professeurs aujourd’hui, ils prendront la décision en fonction de l’état de la mobilisation dans l’établissement, de la perception qu’ils ont du calendrier proposé par l’intersyndicale interprofessionnelle, puisqu’il y a quand même une grève qui, j’en suis sûr, sera massive dans notre secteur jeudi prochain. Si localement, les enseignants ont la force de se mettre massivement en grève on les soutiendra, mais cela relève de la responsabilité des équipes. C’est compliqué pour un enseignant de se mettre en grève un jour d’examen et de retrouver les élèves après.
Pourquoi avoir choisi ces dates ? Est-ce un moyen de mettre davantage de pression, après le 49.3 ?
Ça ne se pose pas en ces termes-là. Il y a un mouvement syndical et social extrêmement profond dans le pays, considérablement aggravé par la décision du Président de la République de recourir au 49.3. C’est un déni de démocratie, et les collègues le vivent très mal parce qu’ils sont très attachés aux valeurs de la République. C’est Emmanuel Macron qui est responsable de cette situation-là. Aujourd’hui, c’est lui qui porte l’entière responsabilité de ce qui se passera ou ne se passera pas lundi. Le baccalauréat est dans un calendrier qu’on a contesté depuis le début, dont on a dit depuis le début qu’il était pédagogiquement intenable et qu’il n’avait aucun sens. Là, il y a une conjonction de calendriers. Il y a une mobilisation, et il n’est pas question pour nous de dire aux collègues de renoncer à la mobilisation sous prétexte qu’il y a le baccalauréat. Il y a d’autres enjeux, c’est de nature différente, mais on laisse les collègues arbitrer. Il n’y a pas de position unanime sur le sujet.
Comment se passeront les épreuves du bac si les mouvements de grève sont massifs ?
Il faut poser la question au recteur. Il faut comprendre que depuis deux jours, nous n’avons plus la maîtrise du temps ni de la réaction de nos collègues suite aux multiples provocations qu’ils encaissent depuis deux mois. Il faut comprendre que l’intersyndicale demande gentiment à être reçue par le Président de la République, il ne fait pas l’effort de s’asseoir à une table avec elle. Dans la foulée, il annonce un 49.3 car il n’a pas la majorité à l’Assemblée nationale, il n’a pas la majorité dans le pays. Il joue la provocation et la surenchère, c’est lui seul qui sera responsable de ce qu’il se passera lundi. A un moment donné, d’autant plus quand on n’a pas la majorité à l’Assemblée nationale, il faut savoir être raisonnable.
Pourquoi la réforme pénalise-t-elle les enseignants selon vous ?
C’est travailler deux ans de plus. Les fins de carrière sont compliquées dans le métier enseignant. Beaucoup de collègues se mettent déjà à temps partiel, donc se pénalisent eux-mêmes parce que les conditions de travail, arrivé à un certain âge, sont difficiles à supporter. C’est difficile de travailler avec des jeunes lorsqu’on est de plus en plus en décalage avec eux, il n’y a aucun aménagement de fin de carrières enseignantes. Vous restez dans la même situation professionnelle que lorsque vous êtiez jeune enseignant, vous êtes toujours en première ligne. Les collègues sont à bout, fatigués par la charge de travail, plutôt mal payés. L’enseignant, c’est aussi un métier où on est recruté à BAC + 5, donc techniquement on ne peut pas commencer avant 23 ans. 43 annuités, cela fait partir à 66 ans. Pour peu que vous ayez redoublé une fois ou raté le concours, vous partez à 67 ans pour avoir une retraite à taux plein. C’est inimaginable pour nos collègues.