Rugby : Frédéric Michalak dénonce les clubs professionnels qui tournent le dos au rugby amateur

Construire un pont entre le Rugby amateur et le monde professionnel : c'est le voeu de Frédéric Michalak, ancien joueur de renom et actionnaire du club de Blagnac. Dans une lettre ouverte il dénonce l'attitude des clubs professionnels qui refuseraient de co-financer le nouveau championnat national.

C'est un "coup de gueule" qui fait du bruit dans le monde de l'ovalie.
Dans une "lettre ouverte" publiée ce lundi 1er juin, l'ancien rugbyman et international toulousain Frédéric Michalak met en garde les clubs professionnels : selon lui, ils tourneraient le dos au rugby amateur en refusant de participer financièrement à la construction d'une nouvelle division.
Baptisée "championnat national", elle ferait le pont entre la Fédérale 1, sommet du rugby amateur, et la Pro D2.
 

Chers ami(e)s, vous trouverez une lettre ouverte adressée aux clubs pros, @LNRofficiel @FranceRugby qui auront une grande responsabilité pour l'avenir du rugby. Renier le monde amateur, c'est renier ses origines, son ADN, ses fameuses "valeurs" du rugby. Place à l'union SVP ! pic.twitter.com/ROTUvFtJw8

— Fred Michalak (@michalakfred) June 1, 2020

Bernard Laporte, président de la FFR, a sondé plusieurs présidents de clubs de fédérale 1, le deuxième week-end du mois de mai, pour étudier avec eux cette hypothèse.
Une première expérience en ce sens - baptisée "Fédérale 1 élite" - avait été tentée entre 2016 et 2018 mais la tentative avait échoué.
Les exigences de ce championnat à 11 clubs, répartis sur tout l'hexagone, et devant répondre aux exigences fixées pour une montée en Pro D2, avait saigné à blanc certains de ses membres, qui avaient dû déposer le bilan.

La pandémie rebat les cartes

Il avait donc été décidé de revenir à un championnat de fédérale 1 composé de 4 poules géographiques.
L'interruption des compétitions à la mi-mars de cette année pour cause d'épidémie de Covid-19 a rebattu les cartes.
Le 6 mai dernier, les 30 clubs membres de la Ligue Nationale de rugby (LNR) avaient voté contre un projet de Pro D2 à 18 clubs pour permettre aux deux meilleures équipes de Fédérale 1 d'être promues dans cette division.
D'où l'idée de re-créer un "championnat national" pour y réunir tous ceux qui, à la fois sportivement et financièrement, ont les capacités et les structures pour pouvoir prétendre à rejoindre un jour le monde professionnel.

Cette division "nationale Une" serait conçue dans un esprit différent et nouveau : ne pas imposer à la totalité des 12 ou 14 clubs qui la composeront d'être immédiatement "éligibles" à une éventuelle montée en termes de budget minimum, ni de contrats de joueurs professionnels minimum, mais les préparer sur le long terme

explique Benoît Trey, le président du Blagnac Rugby, motivé pour intégrer ce nouveau championnat.
Les dirigeants des clubs concernés sont tous d'accord pour participer à cette compétition, pourvu qu'ils soient aidés pour faire face aux importants coûts supplémentaires qu'elle va leur imposer.
Le "coup de pied dans la fourmilière" donné par un ancien joueur affichant un palmarès aussi prestigieux que celui de Frédéric Michalak, ils ne peuvent que l'apprécier.
Parmi les 12 (ou 14) équipes qui pourraient constituer cette division figurent 4 clubs d'Occitanie : Albi, Blagnac, Narbonne et Tarbes. Mais cela aura un coût, et il faut que les fonds des instances du rugby français (notamment les droits télé), participent à cet effort.
Dans sa lettre ouverte, Frédéric Michalak explique que

le souhait de la LNR étant d'avoir deux clubs stables et prêts économiquement, il semble logique que la LNR et la FFR co-accompagnent financièrement cette nouvelle division intermédiaire

Or il semble qu'au sortir de la crise sanitaire, qui a eu des répercussions économiques et sociales importantes, les membres de la LNR ne soient pas très enclins à ouvrir le porte-monnaie.
Actionnaire majoritaire du club de Blagnac, qui joue les premiers rôles en Fédérale 1 et ambitionne de rejoindre très vite Colomiers en Pro D2, l'ancien arrière du Stade Toulousain affirme dans cette lettre que le monde du rugby professionnel doit "tendre la main à ses origines, à son ADN, (sinon il) bafoue le système qui lui a donné ses meilleurs joueurs, ses supporters, ses partenaires".

Réunion de travail

Une réunion de travail du Comité Directeur de la LNR avec les dirigeants de la FFR est programmée ce mardi 2 juin à 17 H. La "lettre ouverte" de Frédéric Michalak aura-t-elle eu un impact sur la décision de co-aider la création de cette nouvelle division ?
Les présidents des clubs de rugby professionnels lui apporteront une première réponse à la sortie de cette réunion.