Avec la sécheresse qui persiste et le déficit régulier de pluviométrie, les céréaliers doivent s'adapter. Depuis quelques années le sorgho a fait son apparition dans les paysages agricoles. Mieux adaptée au climat, est-elle pour autant la culture miracle ? Témoignages d'agriculteurs en Haute-Garonne.
La sécheresse persiste en Haute-Garonne malgré les précipitations tombées depuis le mois de juin. Les cultures souffrent du manque d'eau et les agriculteurs essayent d'autres cultures, comme le sorgho. Mais que vaut vraiment cette céréale ?
Le sorgho, une culture ancienne
Depuis plusieurs années, le scénario se répète. Des sols asséchés en profondeur et des champs complètement secs. Pour les agriculteurs, l'enjeu est de taille : il faut s'adapter au réchauffement climatique. La solution viendra peut-être du sorgho, une céréale moins gourmande en eau.
C'est le choix qu'a fait Mathieu. Cet agriculteur à Saint-Lys aux portes de Toulouse en cultive 21 hectares depuis 4 ans : "Ce n'est pas vraiment une nouveauté", reconnaît Mathieu. "Depuis quelques années on a repris une culture ancienne qui se cultivait déjà il y a une trentaine d’années. Moi j'y crois. On le voit cette année qui n'est pas une année à grande pluviométrie, on a des sorghos qui sont pas mal".
Le sorgho, une céréale méconnue
Le sorgho est originaire d'Afrique du Nord. C'est aujourd'hui la 5ème céréale la plus cultivée au monde. Réputée pour sa résistance à la sécheresse et aux maladies, elle est désormais cultivée dans nos régions plus tempérées. Céréale "miracle" pour l'indépendance alimentaire de l'Afrique, elle reste méconnue du grand public en Europe.
En France, on ne la trouve pas dans les grandes surfaces aux côtés du blé et du maïs. Et pour cause, le sorgho produit en France sert essentiellement à nourrir les animaux d'élevage, en complément ou en remplacement du maïs.
Question d'offre et de demande
Parmi les agriculteurs qui ont tenté la culture de sorgho, l'expérience s'est révélée parfois difficile. C'est le cas de Christel à Montastruc-la-Conseillère. Elle a arrêté de produire la céréale il y a 4 ans. Avec le sorgho son exploitation perdait près de 15000 euros par an : "Pour les maïs, c'est différent", avoue Christel. "Je fais 5 à 600 euros de bénéfice à l'hectare. Donc ça me fait environ 30 000 de revenus par an"
Une question d'offre et de demande selon l'agricultrice : "Le maïs est beaucoup plus demandé. D'ailleurs, on en importe des centaines de milliers de tonnes par an en provenance d'Amérique du Sud. Ça veut bien dire qu'on en a besoin. En revanche, on n'importe pas de sorgho"
Désormais, Christel produit du maïs dry, moins gourmand en eau que le maïs traditionnel. Et son rendement reste plus important que le sorgho.